Paes: "On a envie que Paris fonctionne"

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Martin ROY , modifié à
A l'aube d'un déplacement de tous les dangers à Nantes, samedi, à l'occasion de la 19e levée de Ligue A, Mauricio Paes, l'entraîneur du Paris Volley, analyse les forces en présence de son adversaire du soir, avant de faire un bilan de mi-saison. S'il est convaincu d'avoir à sa disposition des jeunes pousses de qualité, il sait qu'un "équilibre émotionnel" sera nécessaire pour arriver à exister dans ce Championnat de France.

A l'aube d'un déplacement de tous les dangers à Nantes, samedi, à l'occasion de la 19e levée de Ligue A, Mauricio Paes, l'entraîneur du Paris Volley, analyse les forces en présence de son adversaire du soir, avant de faire un bilan de mi-saison. S'il est convaincu d'avoir à sa disposition des jeunes pousses de qualité, il sait qu'un "équilibre émotionnel" sera nécessaire pour arriver à exister dans ce Championnat de France. Mauricio, ce match face à Nantes qui se profile samedi est une confrontation directe face à un sérieux concurrent pour les play-offs. Oui, c'est sûr. Je les ai vu jouer mardi soir (victoire à Beauvais 3-1, ndlr). Ils jouent très bien chez eux. C'est une équipe difficile à manoeuvrer. Pensez-vous que le Nantes6Rezé Métropole soit capable de rivaliser avec de grosses pointures ? Ils sont promus mais ils ont quand même des joueurs de qualité, dont quelques-uns qui étaient à Tours par exemple. Ils possèdent aussi l'un des trois meilleurs passeurs de la Ligue A et un pointu qui fait un énorme travail pour l'équipe. C'est un groupe de qualité. Pensez-vous qu'une ou plusieurs contre-performances lors des rendez-vous à venir pourraient s'avérer préjudiciable dans la course aux play-offs ? Oui, car ça ne va pas se jouer à grand-chose entre certains clubs. Ce match face à Nantes est très important, les joueurs sont au courant. Face à Cannes, on n'a pas été assez solide mentalement à certains moments du match. Les deux ou trois passages à vide qu'on a eus nous ont coûté les troisième et cinquième sets. Les joueurs ont fait de très bonnes choses mais à des moments clés du match ils ont commis la faute à ne pas faire. Que faudra-t-il faire pour ne pas laisser l'opportunité aux Nantais de prendre le jeu à leur compte ? Bien servir. Avec le passeur qu'ils ont, si on n'est pas intraitable au service, ça va être très compliqué. "Je crois qu'on a un groupe qui peut faire de très belles choses" Vous restez sur cinq revers consécutifs à l'extérieur. Comment expliquez-vous cette fébrilité hors de vos bases ? C'est une très bonne question. On a essayé de tout analyser mais pour le moment, je n'ai pas vraiment de réponse. On a essayé différents moyens de transport, différentes façons de faire. Il s'agit peut-être d'une question de repères avec certains jeunes qui se mettent trop de pression à l'extérieur. C'est vrai que le bilan est assez catastrophique en déplacement. Qu'est6ce qui manque à votre équipe pour arriver à titiller le haut de tableau cette saison ? Cet équilibre émotionnel qui nous fait défaut aux moments importants. On appréhende trop la fin des sets et on finit par ne pas avoir cette lucidité, cette tranquillité, cette qualité qu'il faut pour finir les points. Pensez-vous avoir les moyens de jouer les trouble-fêtes dans ces play-offs ? Déjà, il faut arriver aux play-offs. Je crois qu'on a un groupe qui peut faire de très belles choses. Comme je l'ai dit, il nous manque un équilibre émotionnel. Il faut qu'on arrive à gérer ce stress plus sereinement. Est-ce une possibilité de prétendre à une récompense européenne à la fin de la saison ? Aujourd'hui, je ne pense même pas à ça. Je ne pense qu'à gagner les prochains matches. On verra à quelle place on terminera. Si on est huitième et qu'on joue contre Tours, ce sera évidemment plus compliqué en play-offs. On a les moyens de titiller les cinquième et sixième places mais il ne suffit pas de la dire, il faut le prouver sur le terrain. Comment expliquez-vous cette traversée du désert depuis votre titre de Champion de France glané en 2009 ? Aujourd'hui, la politique du club est complétement différente. Cette année, sur certains matches, on a pu voir jouer le six majeur qui jouait il y a trois ans en Nationale 1. On a fait un pari sur notre centre de formation, on a fait signer pas mal de joueurs en contrat pro. Ça prend du temps. Sur deux ou trois ans, ce groupe-là pourra être beaucoup plus performant. Il faut juste arriver à gérer les moments de stress et à être percutants à la maison et à l'extérieur. La maturité, on ne l'a pas encore. "Si les gens ne sont pas capables de voir qu'ils ont fait une énorme erreur dans le tirage, ça montre bien toute la compétence de nos dirigeants" Jiri Novak avouait récemment que les jeunes avaient progressé mais que cela n'était pas suffisant. Est-ce aussi votre avis ? Oui parce qu'ils progressent techniquement et tactiquement. Il faut comprendre, par exemple, que ça ne fait que six mois que Todor Skrimov est en pro, que l'an passé, il a très peu joué avec nous. Avant, il était en N3. De son côté, Moise Kalhemue était en N1, il n'a pas joué non plus avec nous l'an passé. Romain Bonon évoluait dans une équipe qui avait moins d'ambitions en championnat. Cette évolution viendra avec le temps. Que ce soit les médias ou les joueurs, on a envie que Paris fonctionne. Par ailleurs, on imagine que la décision de la FFVB de vous laisser rejouer cette rencontre face à Nice, à laquelle vous n'aviez pu participer en décembre en raison des fortes chutes de neige qui s'étaient abattues sur le pays, vous ravit. Franchement, pour cette histoire, je ne doutais pas que le jugement allait nous être favorable. La situation était exceptionnelle. Je ne voyais pas pourquoi ces gens-là ne voulaient pas comprendre qu'il fallait rejouer le match. Pour nous, c'est quand même de très bon augure. Le Paris Volley aura fort à faire sur le parquet du leader tourangeau en Coupe de France. Cette compétition est-elle un objectif en soi ? La Coupe de France est toujours un objectif. C'est vrai qu'on ne tombe pas contre le plus facile (rires) mais c'est aussi ce qui fait le charme de cette compétition. Ça fait partie du jeu. On est un peu déçu parce que ni les médias, ni la Ligue nationale de volley, ni la Fédération française n'a fait une remarque sur le fait que le tirage ait été mal fait. Il n'y a pas eu de triche mais il y a eu une erreur, en direct à la télévision, en plus. Mais si les gens ne sont pas capables de voir qu'ils ont fait une énorme erreur dans le tirage... Ça montre bien toute la compétence de nos dirigeants. Selon-vous, l'équipe de France de volley-ball a-t-elle les moyens de revenir sur le devant de la scène dans les prochains rendez-vous ? Le problème, ce n'est pas forcément l'équipe de France. Il y a beaucoup de joueurs de qualité en France. Personnellement, c'est le volley-ball français qui m'intéresse et ce ne sont pas ces querelles qui ne font rien avancer. La France ne pourra pas avoir une présence à niveau européen ou mondial si tout le monde ne travaille pas dans le même sens. Pensez-vous que cette sélection a néanmoins un potentiel à exploiter ? Bien sûr. Il y a un très bon pointu, des réceptionneurs-attaquants très performants également et c'est une des meilleures écoles de libéros au monde. A la passe, il y a ce qu'il faut aussi. Il y a vraiment de quoi faire.