Marseille : Orange va fermer son site dans le quartier sensible de Saint-Mauront après des «tensions»
L'opérateur Orange va fermer ce vendredi son site de Marseille, situé dans le quartier sensible de Saint-Mauront, après une "montée des tensions", indique la direction régionale du groupe. Environ 1.000 personnes travaillent dans ces locaux de la cité phocéenne. L'entreprise attend "un retour à une situation apaisée dans le quartier".
Orange va fermer ce vendredi son site de Marseille, situé dans le quartier sensible de Saint-Mauront, jusqu'à la mi-décembre en raison d'une "montée des tensions" dans les alentours, indique la direction régionale du groupe à l'AFP. Environ 1.000 personnes travaillent dans ces locaux de la cité phocéenne.
L'opérateur décrit des "événements répétés sur la voie publique proches de la sortie de métro National" depuis le début de la semaine, et dit attendre "un retour à une situation apaisée dans le quartier".
Les salariés, comme Julien Diaz, viennent travailler la boule au ventre : "On se demande si on va réussir à rentrer chez nous le soir. Il y a des règlements de compte, des trafics de contrebande. Au mieux, ce sont des rixes ou des cris, au pire, ce sont des armes à feu. Quand je rentre sur ce site et que je vois sur les grilles des indications pour acheter de la drogue, ce n'est pas acceptable."
"Le narcotrafic met les salariés en état de siège"
Les salariés ont dû être confinés mardi à cause d'une "bagarre entre dealers" dans la rue. "Ça a toujours été insécure, mais là, ça prend des proportions extrêmement particulières", a concédé Nadège Poët, représentante de la CFE-CGC Orange. "On a eu des tirs, quelqu'un s'est fait assassiné juste à côté de nous il y a quelques jours, au bar en face de nous. Il y avait des douilles dans le parking", a-t-elle relaté.
"On ne va pas travailler pour prendre une balle perdue (...) On a l'impression d'assister à une guerre de territoire", a-t-elle ajouté. La CFDT du groupe de télécoms a également évoqué, dans un communiqué, des précédents dans ce quartier, notamment une fusillade le 23 octobre dernier. "Le narcotrafic met les salariés en état de siège", s'est-elle inquiétée.
La préfète de police déléguée des Bouches-du-Rhône, Corinne Simon, a tempéré auprès de l'AFP en rejetant l'hypothèse de "bandes rivales". "Ce n'est absolument pas ça", a-t-elle assuré, tout en reconnaissant que le quartier est "compliqué" et en disant comprendre l'émotion des salariés. Le 17 a été appelé une seule fois, a-t-elle précisé, et la police s'est rendue sur les lieux, sans trouver quelque indice que ce soit.
"La population est en insécurité"
La présidente de la métropole Martine Vassal tente une médiation avec Orange. "On est dans une situation qui dégénère et il faut arrêter l'hémorragie. J'ai eu la direction locale, la direction nationale. Les salariés ont peur donc, nous, on est à disposition donc s'il faut améliorer certaines choses, on le fera", a-t-elle assuré.
Une grosse entreprise comme Orange contrainte de fermer temporairement ses locaux, c'est une reculade, déplore Bruno Bartocetti du syndicat de police Un1té. "La population est en insécurité, même les entreprises, même les salariés. On voit la puissance de ces narcotrafiquants, de ces réseaux, qui nous font fléchir", a-t-il jugé.
La CGT demande à la direction de "sécuriser durablement" le site
Orange précise que les salariés pourront télétravailler ou se rendre dans d'autres locaux du groupe pendant la fermeture du site de Saint-Mauront. La CGT a demandé à la direction de "sécuriser durablement" ce site "emblématique" de l'opérateur. "Y renoncer, plutôt que le sécuriser, serait un mauvais signal envoyé aux salariés et aux habitants des quartiers populaires", conclut la CGT.
Cette fermeture de l'entreprise sur fond de "tensions" intervient moins d'une semaine après une marche blanche en hommage à Mehdi Kessaci, frère d'un militant anti-narcotrafic et assassiné le 13 novembre, qui a rassemblé plus de 6.000 personnes à Marseille.
Une réunion est prévue la semaine prochaine en préfecture pour renforcer la sécurité autour du site.