PSG : Ben Arfa et ses entraîneurs, une (longue) histoire tumultueuse

Emery avec Ben Arfa (1280x640) PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP
Hatem Ben Arfa qui tape dans la main d'Unai Emery : une photo qui fait partie des archives. © PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP
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LIGUE 1 - La principale recrue estivale du PSG a une nouvelle fois été écartée du groupe qui doit affronter Dijon, mardi soir.

La question n'est désormais plus de savoir s'il y a une affaire Ben Arfa au PSG mais quelle ampleur elle va prendre. Pour la troisième fois de suite, l'ancien joueur de l'OGC Nice n'a pas été retenu dans le groupe du PSG qui doit affronter Dijon, mardi, dans le cadre de la 5ème journée de Ligue 1. L'entraîneur du PSG, Unai Emery, a avancé une "décision sportive", lundi, en conférence de presse - une "décision sportive", vraiment, quand Jesé ou Jean-Kévin Augustin ont eux le droit de jouer ? -, mais on peut quand même s'étonner de ne pas voir la recrue phare du dernier mercato parisien absente face à un promu, adversaire idéal pour se relancer.

Même si l'on n'en connaît pas les raisons profondes, la rupture entre Emery et Ben Arfa, recruté avant l'arrivée du technicien basque, semble consommée. Dans la carrière du joueur né à Clamart, ce ne serait pas une première. Retour sur cinq épisodes qui prouvent que Ben Arfa a souvent eu du mal avec l'autorité de ses entraîneurs.

À l'OM, il refuse d'entrer en jeu contre le PSG. 26 octobre 2008. Transféré l'été précédent de l'OL à l'OM (avec un bras de fer à la clé, déjà), Ben Arfa doit disputer son premier "classique" au Vélodrome. L'entraîneur de l'époque, Éric Gerets, lui demande d'entrer en jeu à la 80e minute alors que le score est de 2-2. Mais Ben Arfa refuse. Oui, un joueur refuse de disputer un OM-PSG. "C'est la première fois que je vois ça", s'étonne le technicien belge. Le PSG finit par s'imposer 4-2. Le lendemain, "HBA" s'invite à la conférence de presse de Gerets et déclare : "J'ai eu une réaction mal placée parce que je suis un compétiteur, je suis un gagneur". Mais pas un remplaçant, donc.

Ben Arfa s'invite à la conférence de presse de Gerets :


À l'OM, il s'en prend à Didier Deschamps. Novembre 2009. Gerets a quitté l'OM. Il a été remplacé par Didier Deschamps. Mais là aussi, les relations ne tardent pas à se tendre entre "HBA" et "DD". En novembre 2009, comme le révèle Europe 1 à l'époque, le premier lance au second : "Tu me casses les couilles". Deschamps minimise l'incident : "Il a eu une attitude déplacée. Il est venu s'excuser après l'entraînement. Cela s'arrête là (…) L'incident est clos." Certes. Mais à la fin de la saison 2009-10, Ben Arfa fait vertement savoir au président de l'époque, Jean-Claude Dassier, qu'il entend quitter le club, quand bien même son entraîneur souhaite le garder.

"On n'a même pas eu le temps d'ouvrir la bouche que Ben Arfa a posé son bras sur mon bureau et a viré tout ce qu'il y avait dessus : les journaux, les stylos, les crayons. Il m'a dit quelque chose du genre : 'Ce n'est pas convenable ce que vous faites, vous m'aviez promis de me laisser partir. De toute façon, je ne fous plus les pieds à l'entraînement. Je ne rejouerai plus jamais pour l'Olympique de Marseille'." De fait, il ne rejouera plus à l'OM et rejoint Newcastle, en Angleterre.

À Newcastle, il était "impossible à gérer". À Newcastle, où il a passé trois saisons, Ben Arfa a marqué des buts extraordinaires. Mais il a aussi visiblement tapé sur le système de son entraîneur, Alan Pardew. En février 2016, dans un entretien au quotidien Chronicle Live, Pardew justifie le départ de son joueur au mercato hivernal 2014 : "Ben Arfa était devenu impossible à gérer". D'un tempérament plutôt flegmatique, Pardew n'entre pas dans les détails. Mais compte-tenu du passif du garçon, on imagine assez bien.

Chez les Bleus, il se rebelle contre Laurent Blanc. Ces dernières années, la liste des incivilités en équipe de France est tellement longue qu'on en a presque oublié que Ben Arfa a lui aussi fait des siennes sous le maillot bleu. Lors de l'Euro 2012, à l'issue du match perdu face à la Suède au premier tour (2-0), il sort son téléphone dans le vestiaire et déclenche l'ire de son entraîneur, Laurent Blanc. Ni une ni deux : "HBA" se lève et reproche au sélectionneur national de l'avoir sorti trop tôt du terrain (59e minute), arguant qu'il y an avait des "plus nuls" que lui encore sur le terrain. Quelques semaines plus tard, il écope d'un rappel à l'ordre par la Fédération.

À Hull City, il n'était pas "digne de l'équipe". En septembre 2014, Ben Arfa rejoint Hull City et son entraîneur Steve Bruce, légende de Manchester United, pour qui l'amour du maillot signifie quelque chose. Et visiblement, l'ancien partenaire d'Éric Cantona sous le maillot de Man U n'a pas apprécié le comportement de son joueur. Après le départ de "HBA", il se lâche en signalant qu'il n'est pas "digne de l'équipe". Le prêt est résilié, son contrat à Newcastle itou. Rien ne laisse alors présager la saison qu'il va réaliser avec Nice…

Quid de Claude Puel ? La question qui vient à l'esprit est donc la suivante : mais que s'est-il passé à Nice pour que cela se passe bien ? On rappelle le bilan de Ben Arfa, la saison dernière : 18 buts, 7 passes décisives en 39 matches. L'ancien entraîneur des Aiglons, Claude Puel, a livré son explication. "Je n’ai pas revu Hatem, mais il a plus besoin d’un schéma qui lui convienne bien sur le terrain", a d'abord insisté Puel, qui officie désormais à Southampton, dans l'émission Téléfoot, sur TF1. "Et je pense que c’est un joueur de match, pas tout le temps un joueur d’entraînement. S’il n’a pas de temps de jeu, il peut baisser physiquement." Problème, Emery, lui, aime les joueurs de devoir, qui travaillent à l'entraînement. L'affect, très peu pour lui visiblement.

Puel a précisé sa pensée sur Ben Arfa chez nos confrères de RTL : "J’avais une certaine manière de gérer Ben Arfa, est-ce possible à Paris ? Peut-être pas… Je ne vais pas rentrer dans ces considérations. Hatem, c’est le même registre, le même tempérament qu’Ibrahimovic. Il faut faire l’équipe autour de lui, le mettre dans les meilleures conditions. Sinon vous risquez de le perdre." Est-ce qu'on peut faire une équipe autour de Ben Arfa quand on peut également compter sur Edinson Cavani, Angel Di Maria, Javier Pastore ou Marco Verratti ? Oui, la réponse est dans la question…