"Ne pas toujours penser à ce cancer"

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D. A. (avec la rédaction d'Europe 1) , modifié à
EXCLU - "Je crois pouvoir faire ce Tour de France correctement", a confié Laurent Fignon.

EXCLU - "Je crois pouvoir faire ce Tour de France correctement", a confié Laurent Fignon. En juin 2009, Laurent Fignon rendait public qu'il souffrait d'un cancer. Depuis, si l'ancien champion cycliste français mène un long combat contre la maladie, il entend bien "essayer de vivre normalement" et cette année encore, guidé par son amour du vélo, il mettra de nouveau son talent de consultant au service d'Europe 1 et de France Télévisions sur la Grande Boucle 2010 qui s'élancera, samedi, de Rotterdam aux Pays-Bas. Invité de Marc-Olivier Fogiel vendredi, Laurent Fignon a témoigné de son état de forme. "Ce matin, cela va plutôt bien. J'ai un peu la voix enrouée à cause d'une tumeur qui appuie sur un nerf donc j'ai une corde vocale qui ne marche pas très bien, de temps en temps ça déraille mais pour le reste il y a des hauts et des bas depuis un an, a confié le double vainqueur de la Grande Boucle 1983 et 1984, mon cancer en lui-même n'évolue pas trop. Il est plus ou moins contrôlé mis à part une tumeur qui s'est un peu désolidarisée des autres et qu'on n'arrive pas très bien à stabiliser. Pour le reste cela va, de temps en temps il y des dégâts collatéraux du cancer comme une thrombose* [dont il a été opéré le week-end dernier, ndlr]". Ecoutez un extrait de l'interview exclusive de Laurent Fignon accordée à Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1 : "La forme est fluctuante" Des complications "embêtantes" qui se répercutent sur son état moral. "C'est comme la forme de temps en temps, elle est fluctuante. En règle générale, je l'aie. J'essaie de vivre - je ne vais pas dire le plus normalement possible parce que ce n'est pas toujours possible - mais malgré tout j'essaie, a témoigné Laurent Fignon, quand une mauvaise nouvelle comme une thrombose arrive, le moral est dans les chaussettes et quand je vois que je récupère bien, il remonte en même temps". Et le regard des autres joue évidemment un rôle important. "J'essaie de leur dire : "Regardez nous comme des personnes normales, avec un maladie mais des personnes normales", car c'est le cas", a-t-il précisé. "J'ai un traitement français" Essayer de vivre normalement, voilà le leitmotiv de Laurent Fignon : "je crois qu'il est important quand on a cette maladie – suivant l'état de forme – d'essayer d'être une personne normale, de vivre normalement, de ne pas toujours penser à ce cancer qui vous ronge plus ou moins". Une maladie qui l'a emmené jusqu'aux Etats-Unis en quête d'éventuels nouveaux traitements sur conseil de Lance Armstrong, confronté lui aussi à un cancer des testicules en 1996. "Armstrong m'a demandé si cela m'intéressait de prendre un avis aux Etats-Unis. Pendant un certain temps, j'ai dit non et puis comme on ne trouvait pas trop de solution ici, j'ai dit oui", a rapporté la vainqueur du Giro 1989. Un voyage qui ne lui aura pas apporté beaucoup plus de réponses. "J'ai vu des spécialistes qui ont confirmé ce que j'avais. Ils n'ont rien trouvé de nouveau et m'ont dit : "les traitements que vous faîtes, on les ferais nous aussi". J'ai donc continué en France. Je n'ai pas de traitement spécifique américain, j'ai un traitement français. Quand il n'y en aura plus, si je les épuise tous, je verrai ce que je ferai", a expliqué Laurent Fignon satisfait de bénéficier du système de santé français. "En France, on est pris 100% en charge, aux Etats-Unis, cela m'a coûté 20 000 dollars et, si je devais me faire soigner aux Etats-Unis – car ils m'ont fait un devis -, entre 70 000 et 150 000 dollars. Quand on se plaint de la sécurité sociale, allons voir ailleurs quand même avant", a-t-il souligné. "Pour le Tour, j'ai un programme normal" Malgré des traitements lourds et la fatigue générée par la maladie, Laurent Fignon entend pleinement assumé son rôle de consultant pour France Télévisions et Europe 1. "J'ai un programme normal mais on adaptera au fur et à mesure. Comme l'an dernier, j'ai la possibilité durant les étapes de demander un petit break, aller dormir un quart d'heure voire une heure si j'en ai besoin, explique l'ancien champion français, si vraiment je suis très mal, je peux sauter une étape pour France Télévisions. Je pars pour le Tour de France, après on verra". "En ce qui concerne Europe 1, il n'y a aucun soucis car il n'y a pas d'émissions dans la journée, pas de direct, a-t-il poursuivi, tous les soirs, on va enregistrer les petits billets. Après la Coupe du monde [qui s'achève le 11 juillet prochain, ndlr], on aura une émission un peu plus longue à laquelle je participerai depuis mon hôtel. [...] Je me suis bien reposé pour faire ce Tour de France. J'ai ma voix qui est un peu gênante de temps en temps mais pour le reste, je crois être en bonne forme et pouvoir faire ce Tour de France correctement". La 97e édition du Tour de France est à suivre sur Europe 1 et europe1.fr du 3 au 25 juillet 2010. Retrouvez l'intégralité de l'interview exclusive de Laurent Fignon accordée à Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1 en cliquant ici. *Formation de caillot(s) dans un vaisseau sanguin.