Montella, un louveteau dans la bergerie?

  • Copié
Olivier CORTINOVIS , modifié à
Successeur au pied levé de Claudio Ranieri, démissionnaire après une défaite de trop contre le Genoa (3-4), Vincenzo Montella, à 36 printemps bien tassés, prendra place mercredi sur le banc de l'AS Roma contre Bologne, lors d'un match en retard de la 22e journée de Serie A. Un test grandeur nature pour l'ancien attaquant giallorosso, plébiscité par les dirigeants de la Louve mais à l'expérience toute somme nulle pour diriger une équipe à l'agonie.

Successeur au pied levé de Claudio Ranieri, démissionnaire après une défaite de trop contre le Genoa (3-4), Vincenzo Montella, à 36 printemps bien tassés, prendra place mercredi sur le banc de l'AS Roma contre Bologne, lors d'un match en retard de la 22e journée de Serie A. Un test grandeur nature pour l'ancien attaquant giallorosso, plébiscité par les dirigeants de la Louve mais à l'expérience toute somme nulle pour diriger une équipe à l'agonie. Dur bizutage ! A peine officialisé dans ses nouvelles fonctions d'entraîneur, Vincenzo Montella a mis les pieds dans la triste réalité romaine en se coltinant, en apéritif, l'épineux dossier Adriano. L'Imperatore, attendu dans la capitale italienne lundi, a en effet préféré prolonger son séjour au Brésil, histoire de participer aux dernières festivités du carnaval de Rio. Un cas vraiment très spécial sur lequel l'ancienne idole de l'Olimpico ne devrait pas s'épancher tant le chantier, laissé tel quel par Claudio Ranieri, comporte encore quelques mines à retardement. Huitième de Serie A à seize points du leader milanais, mais surtout à neuf longueurs d'une place qualificative pour la Ligue des champions, l'AS Roma paie au prix fort son irrégularité chronique, marquée ces dernières semaines par quatre défaites consécutives et quatorze buts concédés. Mais, plus que la situation sportive déjà assez préoccupante, c'est l'ambiance détestable régnant autour du centre d'entraînement de Trigoria qui symbolise le mal-être d'une Louve aux abois. Endetté jusqu'au cou, le club de la présidente héritière Rosella Sensi devrait être prochainement vendu à un consortium dirigé par Thomas DiBenedetto, homme d'affaire italo-américain, propriétaire des Boston Red Sox. Cette transmission de flambeau, assez honteuse pour un ténor vouant un culte sans nom aux traditions, irrite un vestiaire au bord de l'implosion. Au point de créer une distension entre les cadres, menés par le guide Francesco Totti, et leur entraîneur déchu Claudio Ranieri. Quant aux tifosi, ils se complaisent dans l'art de mettre de l'huile sur le feu, remplaçant leurs chants d'encouragement par des punchlines outrancières et leurs kops par des catapultes à oeuf. Une toute autre mayonnaise. Aucune expérience mais beaucoup d'humour Afin de créer un électrochoc, Ranieri, en grand seigneur, s'est donc sabordé pour l'amour du maillot giallorosso -"j'ai toujours voulu le bien de la Roma, je m'en vais pour lui venir en aide"- donnant ainsi l'occasion à un autre fidèle de la Ville Eternelle de justifier sa liaison passionnelle. Montella, auteur en dix ans de 118 buts en 215 matches sous les couleurs rouge et jaune, n'a pas traîné en longueur, son prédécesseur n'ayant pas encore vidé son bureau, pour exaucer un vieux rêve de gosse : celui de prendre la tête de l'équipe première jusqu'à la fin de la saison. Et plus si affinités. Car le Napolitain, qui souhaite imposer son style de management tourné vers la concurrence, ne se "sent pas de passage" dans la capitale italienne. En tout cas, ce pari tenté par les dirigeants romains semble bien audacieux puisque l'"aeroplanino", qui a le mérite d'avoir remporté le dernier Scudetto en date avec le capitaine Totti, est vierge de toute expérience en tant qu'entraîneur, hormis une saison et demie dans les équipes de jeunes. Mais ce manque de vécu n'inquiète pas plus que ça l'ancien coach des moins de 15 ans, plutôt caustique pour sa première conférence de presse quand cette question tant redoutée fut mise sur la table : "Je crois que j'ai fait plus de banc en Serie A que bien des entraîneurs" a-t-il répondu, allusion à son statut de joueur souvent remplacé, du temps où son pied gauche faisait des malheurs dans le Calcio. En catapultant le jeune soldat Montella au front (36 ans), loué pour "son enthousiasme et son investissement", l'AS Roma espère ainsi calmer l'ardeur de ses tifosi tout en redressant une équipe qui n'a plus que ses yeux pour pleurer. Seule la Coupe d'Italie peut en effet servir de cicatrisant à un club dont l'aventure en Ligue des champions pourrait meurtrir les chairs en cas d'élimination en huitièmes de finale face au Shakhtar Donetsk (2-3 à l'aller). Et même avec ce trophée, l'ancien canonnier italien pourrait quitter l'arène romaine...comme il est arrivé : par la porte de secours. Car les dirigeants de la Louve espèrent l'arrivée d'un technicien aux reins plus solides lors du prochain mercato. Un vieux de la vieille qui pourrait se nommer Carlo Ancelotti, en bisbille à Chelsea et fin connaisseur de l'histoire giallorossa. Mais à Rome, l'expérience ne suffit pas. Le chevronné Ranieri en sait quelque chose et le novice Montella ne devrait pas tarder à l'apprendre. Et peut-être à ses dépens.