Moncoutié: "Me faire plaisir"

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Propos recueillis par Thomas SINIECKI, à Paris, et François QUIVORON , modifié à
A bientôt 36 ans, David Moncoutié reste l'un des meilleurs coureurs français. Le week-end dernier, le grimpeur de la Cofidis a remporté le Tour Méditerranéen pour la première fois de sa carrière. Une performance qui lui ouvre de belles perspectives cette saison, avec en point de mire le Tour de France, qui pourrait être sa dernière course professionnelle.

A bientôt 36 ans, David Moncoutié reste l'un des meilleurs coureurs français. Le week-end dernier, le grimpeur de la Cofidis a remporté le Tour Méditerranéen pour la première fois de sa carrière. Une performance qui lui ouvre de belles perspectives cette saison, avec en point de mire le Tour de France, qui pourrait être sa dernière course professionnelle. Deuxième en 2001 et 2008, vous gagnez enfin le Tour Méditerranéen. Heureux de cette victoire ? Oui, c'est bien pour le moral, c'est bien pour l'équipe aussi. Après ce n'est que le début de saison, il ne faut pas s'enflammer. Mais je suis content. C'est la troisième fois que je gagne au sommet du Mont-Faron (il s'était imposé en 2003 et 2009, ndlr). Je savais que si je gagnais l'étape, je remportais aussi le classement général. J'ai fait coup double. J'étais en bonne position pour gagner, donc j'y suis allé. Et je connais bien cette ascension. J'ai dû la monter dix fois en compétition, et six ou sept fois, j'ai terminé dans les dix premiers. Le Tour du Haut-Var, qui a lieu ce week-end, peut-il vous convenir ? Je ne sais pas, je ne pense pas. Les organisateurs ont effectué quelques changements dans le parcours, c'est moins montagneux et la dernière étape n'arrive pas en côte. Je serai protégé pendant la course, mais je pense que d'autres coureurs de l'équipe sont mieux armés. C'est une course importante pour Cofidis. Que pensez-vous de l'affaire Contador et de la décision de la Fédération espagnole de le blanchir ? C'est un peu la pagaille cette histoire, c'est un peu le flou. Après, je ne connais pas tous les éléments, donc c'est difficile de se prononcer. Il faudra attendre la décision de l'UCI, il faut rester prudent. Mais c'est sûr que tout cela jette encore le discrédit sur le cyclisme. S'il est innocent, il a le droit de courir. Mais si on apprend qu'il était réellement positif et qu'il prend le départ du Tour de France l'été prochain, là c'est différent. C'est vraiment le flou cette affaire. "Sur le Tour, le maillot de grimpeur me fait rêver" Revenons un peu en arrière. Quel bilan tirez-vous de cette année 2010 ? Un bilan plutôt positif, avec trois victoires dont une de prestige dans la Vuelta, où j'ai aussi remporté un troisième maillot de meilleur grimpeur d'affilée. C'était une bonne saison. Qu'avez-vous pensé du feuilleton Voeckler à l'intersaison, auriez-vous aimé l'accueillir au sein de l'équipe ? C'est vrai qu'il a beaucoup de charisme et qu'il aurait pu nous apporter beaucoup. Mais on savait que si la structure Bbox continuait, il y resterait, ce qui s'est avéré. Globalement, on a quand même une bonne équipe avec des jeunes qui arrivent à maturité. On a le potentiel pour faire une grande saison. Eric Boyer parle de "quatrième jeunesse" vous concernant. Comment vous sentez-vous ? Si je devais caractériser ma carrière, on va dire qu'il y a eu deux jeunesses: ma première partie de carrière, puis deux chutes qui m'ont interrompu pendant deux ans, qui ont amené à cette nouvelle jeunesse. Ce n'est pas pour ça que je ferai encore deux, trois ans... Mais j'ai toujours l'envie, la motivation de m'entraîner, de gagner des courses, ce qui est important dans ce métier. Avec en point d'orgue une participation au Tour de France ? Oui, c'est un souhait. J'ai appelé Eric Boyer l'an dernier, au mois de juillet pendant le Tour, pour lui dire que j'avais envie de faire une année supplémentaire avec le Tour. L'objectif est de faire un beau Tour, voire de finir là-dessus si ce devait être mon dernier... Quelles seront vos ambitions sur le Tour ? Gagner une étape, ce qui n'est pas évident. J'en ai déjà gagné deux, ça ferait trois comme à la Vuelta et ce serait beau. Après, il y a toujours ce maillot de grimpeur qui me fait rêver, bien sûr. Mais je sais que ce n'est pas facile et que beaucoup de paramètres peuvent entrer en ligne de compte, mais pourquoi pas... "Apporter mon expérience, guider les jeunes" Reprendre les routes du Tour peut-il vous amener à envisager une nouvelle préparation psychologique, sans pression, un peu comme vous l'aviez fait sur la Vuelta ? Oui, je le prendrai sans pression, même si ce n'est pas évident car le public attend beaucoup des coureurs français et les sponsors espèrent énormément aussi, sur une course aussi importante que le Tour. Mais si ce doit être la dernière ou une des dernières courses de ma carrière, ce n'est que du bonus. Je vais essayer de profiter au maximum du public, me faire plaisir. S'il y a des résultats, tant mieux. Et s'il n y a pas de victoire, c'est le sport. Plus généralement, quels sont vos objectifs pour cette saison ? Je veux donc faire un beau Tour, mais sinon toutes les victoires sont bonnes à prendre. Le Dauphiné est une course qui me tient aussi à coeur. Je ne l'ai pas fait l'an dernier et c'est là que j'y ai remporté ma première victoire chez les pros, c'est une compétition qui m'a toujours réussi. Après, je voudrais gagner n'importe quelle course ou faire gagner des coureurs Cofidis, pour atteindre les objectifs fixés. L'effectif a été décimé à l'intersaison, vous êtes le plus expérimenté chez Cofidis, et de loin. Comment vous sentez-vous au milieu de tous ces jeunes ? Je vois que les années passent. Ça fait 15 ans maintenant que je suis chez Cofidis, j'ai 36 ans cette année, donc j'ai vu venir beaucoup de coureurs. J'étais à leur place au début et je vais essayer de leur apporter mon expérience, de les guider pour qu'ils réussissent une bonne carrière.