Menchov s'est fait peur

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après ses deux succès acquis sur la Vuelta espagnole (2005, 2007), Denis Menchov inscrit un nouveau grand tour à son palmarès, en remportant ce dimanche, le classement général du Giro 2009. Pourtant, le coureur de la Rabobank sait qu'il n'est pas passé loin de la correctionnelle à l'occasion d'une chute dans l'ultime étape en contre-le-montre disputée dans des conditions climatiques précaires.

Après ses deux succès acquis sur la Vuelta espagnole (2005, 2007), Denis Menchov inscrit un nouveau grand tour à son palmarès, en remportant ce dimanche, le classement général du Giro 2009. Pourtant, le coureur de la Rabobank sait qu'il n'est pas passé loin de la correctionnelle à l'occasion d'une chute dans l'ultime étape en contre-le-montre disputée dans des conditions climatiques précaires. Un cri comme une libération. Sur la ligne d'arrivée de ce chrono final, érigé en juge de paix de ce Giro du centenaire dans le cadre grandiose de la Ville éternelle, le taciturne Denis Menchov peut enfin exulter et se défaire de cette pression qui depuis dix jours l'assaille de toute part, lui leader inattendu du Tour d'Italie. Pourtant, le coureur russe, qui au départ de cette 92e édition il y a trois semaines, à Venise, faisait figure de prétendant à une place d'honneur (comme celle de 5e décrochée l'an passé), mais certainement pas de favori, comme l'étaient les Basso, Leipheimer et autres Sastre, a su tenir en respect un peloton de cadors italiens rattrapés par ses rivalités. Le leader de la Rabobank n'en demandait pas tant, lui qui au soir de cette 21e et ultime étape, courue dans le décor somptueux de la capitale italienne, aura pourtant cru tout perdre, cette victoire que rien, exceptée une catastrophe, ne devait menacer. Avec un pécule de vingt secondes d'avance sur son inséparable dauphin, l'Italien Danilo Di Luca, au départ des 14,4 kilomètres de ce contre-la-montre, digne par son décor autant que par son suspense, du final entre Greg Lemond et Laurent Fignon sur le Tour de France 1989, Menchov, réputé bien meilleur rouleur que son rival de la LPR, a les cartes en mains. Seulement, la pluie, qui s'est invitée en cette journée du dénouement, allait bouleverser ce final. Revigoré par ce signe venu du ciel, Di Luca s'élançait dans la bataille, prêt à forcer son destin en coupant ça et là plusieurs virages pour grappiller une à une ses vingt secondes de retard, misant sans doute également sur l'appréhension d'un leader, victime d'une chute dans l'étape du Plato Viadene au cours de laquelle le Russe déboursa vingt-cinq secondes.A terre à moins d'un kilomètre de l'arrivéeDi Luca manquait de se rompre les os dans ce début d'étape menée à rythme d'enfer, mais le grand animateur de cette édition - deux victoires d'étape, sept jours en maillot rose, le maillot cyclamen du classement par points -, qui n'aura eu de cesse de bousculer la course croquait d'emblée cinq secondes pleines au bout de 3,3 kilomètres pour enflammer les rues romaines. Menchov, après avoir pris la mesure du parcours, qui entre temps s'était asséché, dégageait toute sa puissance dans l'exercice du contre la montre et reprenait ses distances. L'affaire était entendue...Jusqu'à cette chute du coureur Rabobank dans le dernier kilomètre. Un leader à terre sur le Giro, mais secouru par un mécano suffisamment lucide pour empêcher son coureur de reprendre son vélo et le contraindre à se saisir d'une autre monture... Le temps s'était soudain comme arrêté sur Rome, mais certainement pas le chrono, qui lui continuait de défiler. Mais Menchov avait fait le plus dur en creusant un écart suffisamment conséquent pour surmonter ce coup du sort et, à défaut de s'imposer dans ce chrono soudain dantesque revenu au jeune Lituanien Ignatas Konovalovas, coéquipier de Sastre, devant le Britannique Bradley Wiggins, reléguer Di Luca à 41 secondes au classement général final. Sans doute pas le plus spectaculaire, et certainement pas le plus charismatique des champions actuels, le lauréat 2009 s'est affirmé comme un fin stratège, capable des meilleures alliances, avec Di Luca y compris, pour repousser les Pellizotti, Sastre, Basso ou Leipheimer, classés dans cet ordre à l'arrivée de la 3e à la 6e place. De son côté, Lance Armstrong peut se réjouir de sa première expérience sur un Giro qu'il découvrait et qu'il termine à une honorable douzième place, sans doute satisfait d'avoir su souffrir, mais aussi accumuler des kilomètres en vue de ses retrouvailles avec le Tour...