Matches truqués en L2 : ce qu'on sait de l'enquête

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Noémi Marois et Julien Froment avec AFP , modifié à
COUP DE FILET - Au total, neuf personnes, dont des présidents de clubs et des entraîneurs ont été placés en garde à vue mardi. Le président de la Ligue de football professionnel s'inquiète de ces pratiques.

L'affaire a de quoi ébranler le monde du football professionnel. Neuf personnes, dont des présidents de clubs, ont été placées en garde à vue mardi dans le cadre d'une enquête ouverte. Elles sont suspectées de "corruption active et passive dans le cadre de manifestations sportives" de Ligue 2 de football. En clair, les enquêteurs du Service central des courses et jeux (SCCJ) les soupçonnent d'avoir truqué ou tenté de truquer des rencontres lors de la saison 2013-2014.

#L’ENQUÊTE

Qui a été arrêté ? Au total, une série de perquisitions a été menée mardi matin à Nîmes (L2), Angers (L2), Caen (aujourd'hui en L1) et Dijon (L2). Avec à la clé une dizaine d'interpellations, et neuf gardes à vue, dont celles de l'actuel président du Nîmes Olympique Jean-Marc Conrad, du président de Caen Jean-François Fortin, et de l'entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio, qui sont en garde à vue.

L'ex-international français Xavier Gravelaine, devenu dirigeant de Caen, a lui aussi été entendu, sans toutefois être placé en garde à vue. Idem pour le manager du club normand, Patrice Garande. Michel Moulin, un temps candidat à la reprise du PSG, est également placé en garde à vue, selon L'Equipe. Sept gardes à vue devraient être prolongées mercredi matin et deux autres personnes devraient être relâchées.

Que leur reproche-t-on ? Au cœur de l'enquête : des matchs de Nîmes, qui "aurait exercé des pressions et proposé des arrangements" afin "d'éviter la rétrogradation" la saison dernière, selon des sources proches du dossier. La figure centrale du dossier est l'actionnaire principal du Nîmes Olympique, Serge Kasparian, écroué dans l'affaire du cercle de jeux Cadet, à Paris.

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C'est lors de cette enquête que les enquêteurs du SCCJ ont "eu la conviction" que des matchs de football avaient "été truqués" lors de la dernière saison de Ligue 2. Dans des échanges téléphoniques entre Jean-Marc Conrad, président du Nîmes Olympique et Serge Kasparian, ce dernier aurait laissé entendre qu'il voulait "arranger" des rencontres afin que le club de Nîmes évite la relégation. Ils sont aussi soupçonnés d’avoir orchestré des approches avec les dirigeants et le staff technique des clubs via plusieurs intermédiaires, rapporte Le Parisien

Quels matchs sont suspectés d'avoir été truqués ? Serge Kasparian et Jean-Marc Conrad auraient obtenu la complicité du président du club de foot de Caen pour faire match nul le 13 mai dernier. Un score gagnant-gagnant pour les deux clubs. Nîmes a ainsi évité une relégation en National et Caen a quitté la Ligue 2 pour monter en Ligue 1. Mais les enquêteurs veulent également enquêter sur d'autres matchs joués par Nîmes.

Le Dijon-Nîmes du 25 avril dernier ou encore le Angers-Nîmes du 6 mai, ont également éveillé leurs soupçons, précise de son côté Le Point. Et ce n'est pas tout. Le Canard Enchaîné affirme que les dirigeants nîmois auraient aussi approché le CA Bastia pour que le club corse lève le pied, mais les les négociations auraient échoué. Le Parisien affirme qu'un "émissaire de Serge Kasparian se serait rendu dans les locaux du club de Créteil afin d'y rencontrer son président Armand Lopes." Mais ce dernier aurait affirmé sa volonté de "ne pas vouloir faire de cadeau". Contacté par Europe 1, Armand Lopes a toutefois nié avoir été approché.

#LES RÉACTIONS

La Fédération française de football, partie civile. Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), a déclaré que si les faits sont avérés : "les instances de la LFP prendront les sanctions disciplinaires ou administratives, individuelles ou collectives, qui s'imposent avec la plus grande fermeté". Il a précisé que ces sanctions pouvaient aller jusqu'à la radiation. Qualifiant ces soupçons de matchs truqués de "poison mortel", il a également annoncé que "la LFP et la FFF" se constitueraient partie civile "pour défendre l'honneur du football".

"Le football, ce n'est pas ça". "Ce n'est pas bon pour le football parce que bien évidemment, chacun voudra faire l'amalgame", déplore de son côté Jean-Pierre Louvel, président de l'Union patronale des clubs professionnels de football et du Havre Athletic Club, interrogé par Europe 1. Pour lui, le football, "ce n'est pas ça".

"S'il y a des fautes commises par certains, ils devront effectivement être gravement sanctionnés, que ce soit par la justice et par les instances du football", a-t-il précisé. Il a ajouté que "pour l'instant, nous en sommes très loin et je veux dire à tout le monde 'restons calme'". Il préfère retenir du football tous ces gens "qui se donnent beaucoup de mal pour donner du plaisir au public".