Supporters du Besiktas (1280x640) Julien FROMENT/Europe 1 1:18
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avec Jean-Luc Boujon et Julien Froment, à Lyon , modifié à
Le quart de finale aller entre l'OL et le club turc, qui a lieu jeudi soir (21h05), a été classé à très haut risque.

S'il a évité un géant européen en héritant du Besiktas Istanbul en quarts de finale de la Ligue Europa, l'Olympique lyonnais va en revanche affronter un club qui peut compter sur un immense soutien populaire, sur les rives du Bosphore comme en déplacement. Le parcage visiteurs du Parc OL n'a ainsi pas tardé à afficher complet pour le match aller, qui aura lieu jeudi soir (21h05). "On sait que 2.800 supporters turcs ont acheté leurs billets en Turquie via leur club, mais plusieurs milliers d'autres les ont achetés sur la billetterie de l'OL", explique le "stadium manager" du Parc OL, Xavier Pierrot. Ce ne sont donc pas 2.800 supporters des Aigles noirs qui sont attendus, mais peut-être près de dix fois plus… Des fans devaient arriver par avion depuis Londres ou Berlin et par bus de Suisse ou d'Allemagne. En temps normal, la situation serait déjà donc bien ardue à gérer pour les autorités mais plusieurs éléments viennent encore compliquer les choses avant ce quart de finale vital pour l'OL, seulement 4ème en Ligue 1.

Semaine de référendum. Il y a d'abord l'attaque dont a été victime le bus des joueurs du Borussia Dortmund, mardi soir, juste avant le quart de finale que le BVB devait disputer contre l'AS Monaco. Cette attaque à l'explosif contre un bus de joueurs, une triste première en Europe, a poussé mercredi l'UEFA à demander une réévaluation des mesures de sécurité "partout où c'est nécessaire". Dans le "partout", Lyon est assurément compris.

Il y a ensuite le contexte politique. Dimanche prochain, les Turcs doivent en effet se prononcer par référendum sur une éventuelle révision de leur Constitution qui permettrait de renforcer les pouvoirs du chef de l'État, Recep Tayyip Erdogan. Besiktas, club issu d'un quartier populaire, est majoritairement suivi par des supporters proches de l'ultra gauche, opposés à la politique d'Erdogan. Le groupe de supporters le plus emblématique du Besiktas, Carsi, reprend d'ailleurs à son compte le sigle des anarchistes dans son logo.

Les supporters du Besiktas mettent l'ambiance près de la place Bellecour :

Il y a la situation géographique du match ensuite. Le Parc OL est en effet situé à Décines, berceau de la première vague d'immigration arménienne en France. Les relations diplomatiques entre l'Arménie et la Turquie restent tendues, notamment autour de la question de la reconnaissance du génocide arménien. Enfin, le club de Besiktas a été confronté au terrorisme quand, le 10 décembre dernier, un attentat revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan, près de son stade, le Vodafone Arena, a fait 44 morts, dont 36 policiers, et près de 150 blessés.

Cet ensemble d'éléments a conduit au classement de ce match à très haut risque (niveau 4 sur 4) et à une surveillance accrue dans Lyon. "On va avoir 750 policiers et gendarmes qui seront déployés sur le terrain, à la fois au niveau du stade mais aussi au niveau de toute l'agglomération lyonnaise, un dispositif qui va permettre de prévenir les provocations", explique au micro d'Europe 1 Étienne Stoskopf, préfet délégué pour la défense et la sécurité. Parmi les forces de sécurité, des turcophones ont été mobilisés.

Arrêté préfectoral. Autour du stade, la sécurité sera évidemment un enjeu majeur. "On aura des pré-contrôles de billets en bas des rampes et une palpation renforcée", précise Xavier Pierrot. "C'est pour ça qu'on demande à notre public de venir plus tôt (à partir de 18 heures ndlr) et de ne pas venir avec des sacs parce que ceux-ci ne seront pas admis dans le stade." Compte-tenu du contexte, la préfecture a également publié la semaine dernière un arrêté interdisant l'accès du stade à toute personne "exhibant des maillots, écharpes, drapeaux, étendards ou banderoles autres que ceux qui porteront les couleurs de la France, de la Turquie ou d'un des deux clubs".

"On ne veut pas que cette rencontre devienne une arène politique", souligne-t-on à la préfecture du Rhône. Cela concerne à la fois le référendum de dimanche, mais également le passé avec l'Arménie. Sur ce point, le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, se veut rassurant : "À l'origine, Besiktas a été fondé par des Arméniens et, en collaborant notamment avec les services de police et les différents départements de sécurité, on met tout en oeuvre pour qu'aucun incident ne vienne perturber cette soirée."

Dans le stade, il s'agira ensuite d'éviter le moindre incident entre les supporters les plus bouillants de l'OL et ceux du Besiktas qui seront en dehors du parcage. "Le match est aujourd'hui complet et nous ferons en sorte d'éviter au maximum le contact" et les risques d'affrontement en favorisant le placement des spectateurs turcs "près de la zone visiteurs du stade", configuré jeudi pour 54.000 places, contre 59.000 en capacité maximale, tient à ajouter Xavier Pierrot. La hantise de l'OL est de revivre les graves incidents qui avaient émaillé le match entre le PSG et Galatasaray, en mars 2001, quand des supporters des deux camps s'étaient affrontés en plein milieu des tribunes du Parc des Princes, mais aussi ceux qui avaient eu lieu lors d'OM-Fenerbahçe, en novembre 2012.