Les Espagnols au secours d'Armstrong

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DOPAGE - Plusieurs coureurs espagnols ont apporté un soutien plus ou moins fort au Texan.

Pour évoquer la décision de l'Union cycliste internationale (UCI) de priver Lance Armstrong de l'intégralité de son palmarès postérieur à l'été 1998, le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, avait évoqué lundi une "crise mondiale". Crise mondiale, peut-être, mais il y a un endroit du monde où cette crise ne semble pas aussi vive qu'ailleurs : l'Espagne, "le pays qui n'a pas encore tout compris" selon le manager de la FDJ-BigMat, Marc Madiot. Ces derniers jours, plusieurs coureurs espagnols majeurs n'ont pas ménagé leur peine pour défendre plus ou moins ouvertement l'honneur de l'ancien champion américain.

Contador : "il a beaucoup fait pour le cyclisme"

Contador avec Armstrong (930x1240)

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"Honneur", c'est le mot qu'a d'ailleurs employé Alberto Contador, mercredi, en marge de la présentation de la 100e édition du Tour de France, au Palais des Congrès, à Paris. "Il (Armstrong) a beaucoup fait pour le cyclisme. Grâce à lui, des gens très influents aux Etats-Unis ont enfourché un vélo. Grâce à lui, les gens là-bas savent ce qu'est le Tour de France et il y a de grandes équipes américaines et de grandes courses. Lance a aidé à faire tout ça et cela mérite tout mon respect."

Lors de son retour dans les pelotons en 2009, Armstrong avait connu une cohabitation plutôt houleuse au sein de l'équipe Astana avec Contador (ici sur le podium, avec Armstrong, 3e, à ses côtés, photo). Trois ans plus tard, le "Pistolero" a rangé les armes. "Lance est le coureur qui m'a fait aimer le cyclisme, c'est le coureur qui m'a le plus marqué. Et il y a cette histoire. Pour moi, c'est compliqué. Il est victime d'une attaque en règle, je ne sais pas à quel point c'est mérité", a déclaré le vainqueur de la dernière Vuelta, lui-même déchu de son succès sur le Tour de France 2010 après un contrôle positif.

Sur la chaîne de télévision RTVE, le champion olympique de Pékin, le Basque Samuel Sanchez, s'est montré encore plus clair. "Je suis en faveur de celui qui est sanctionné car cela peut arriver à n'importe qui", a-t-il déclaré dans des propos repris sur le site L'Equipe.fr. "Un ancien coéquipier de 2002-2003 sort du bois, il dit que tu t'es dopé et tu es victime d'un procès médiatique. Les médias mettent l'opinion publique contre le sportif et tu es sanctionné. (...) Les accusations contre Armstrong devraient s'appuyer sur des preuves. Ce n'est pas une façon de faire les choses, on ne peut pas sanctionner seulement à cause de témoignages." Le témoignage d'anciens coéquipiers, parfois eux-mêmes convaincus de dopage, l'absence de preuves matérielles ou d'un contrôle positif acté, le discours est bien rodé.

Indurain : "il a toujours respecté les règlements"

Et Alejandro Valverde, vainqueur d'étape sur le dernier Tour, le reprend lui aussi à son compte. "Pourquoi ces coureurs n'ont-ils pas témoigné contre Armstrong quand ils couraient encore ? Ils parlent maintenant qu'ils sont à la retraite ? Pourquoi ? Pour mettre des bâtons dans les roues à d'autres ? Je ne partage pas ce qui est en train de se passer", insiste-t-il dans un entretien au quotidien espagnol Marca. Mais le leader de l'équipe Movistar, qui fut suspendu deux ans pour dopage pour son implication dans l'affaire Puerto, va plus loin encore. "Ces Tours, ils les a gagnés avec ses jambes, avec son corps. Que personne ne s'imagine qu'il n'a pas souffert pour les remporter. Pour moi, ils lui appartiennent."

Ancien vainqueur du Tour de France, Oscar Pereiro s'en prend lui plus directement à l'UCI. "Si les accusations des anciens compagnons de Lance se révèlent exactes, comme quoi on les appelait pour les prévenir des contrôles, et bien, l'UCI aussi est mêlée. Que toute l'UCI démissionne", a-t-il argumenté. "La sanction de l'UCI est cohérente d'un côté, mais triste de l'autre parce qu'elle démontre que son système ne fonctionne pas. Ça me rend très triste pour ce sport qui m'a tout donné."

Indurain avec Armstrong (930x620)

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Les coureurs actuels ne sont pas les seuls soutiens de "LA". Le plus illustre des anciens coureurs espagnols, le quintuple vainqueur du Tour Miguel Indurain, redevenu co-recordman des victoires sur la Grande Boucle avec cinq succès (avec Jacques Anquetil mais aussi Bernard Hinault et Eddy Merckx, ici en 2003), déclare tout net croire en "l'innocence" d'Armstrong. "Il a toujours respecté tous les règlements", a déclaré à la Radio Marca le vainqueur des Tours 1991 à 1995. "Je suis un peu surpris. Je trouve un peu étrange que cela repose uniquement sur des témoignages." Armstrong, qui n'a toujours pas réagi depuis l'annonce de l'UCI si ce n'est en modifiant sa petite biographie sur Twitter, n'a pas besoin de parler. D'autres se chargent déjà de le défendre.