La disparition tragique de Ballerini

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Eric DELTOUR , modifié à
CYCLISME - L'ancien coureur italien Franco Ballerini est mort dans un accident de rallye.

CYCLISME - L'ancien coureur italien Franco Ballerini est mort dans un accident de rallye. Le cyclisme italien une fois encore en deuil. A seulement 45 ans, Franco Ballerini, figure de l'autre côté des Alpes de la discipline, mais aussi du sport transalpin en général, a brutalement trouvé la mort ce dimanche non pas sur son vélo, mais à bord d'une voiture de rallye. Une véritable passion pour ce coureur de renom, vainqueur par deux fois de la reine des classiques, Paris-Roubaix (1995, 1998), qui lui a coûté la vie. Ballerini n'a pas survécu à la sortie de route de son bolide au cours de cette course amateur, disputée à Larciano, en Toscane, et à laquelle le Florentin prenait part en tant que co-pilote. Le pilote de la voiture, Alessandro Ciardi, est dans le coma, a précisé l'agence de presse italienne Ansa. Ce dernier, selon les médias transalpins et les premières constations, aurait perdu le contrôle de sa Renault Clio Sport à la sortie d'un virage en dérapant sur une portion d'herbe, avant d'aller heurter le mur d'une maison à une vitesse estimée entre 100 et 120 km/h. La détresse de Paolo Bettini Une issue dramatique pour celui qui passait pour un authentique guerrier sur son vélo. "Il avait risqué mille fois sa vie en course", confirmait ainsi un Paolo Bettini dévasté à sa sortie de l'hôpital, où cet autre monument du cyclisme italien a accouru pour se recueillir auprès de la dépouille de celui qui lui aura permis, en tant que sélectionneur de l'équipe d'Italie, une fonction embrassée avec bonheur dès la fin de sa carrière en 2001, de conquérir un titre olympique (2004) et deux titres de champion du monde (2006, 2007). "Il disputait Paris-Roubaix sans casque, se jetait dans les descentes des Dolomites, et il n'avait jamais eu de problèmes. Le destin l'a pris alors qu'il assouvissait sa passion pour l'automobile. J'ai perdu un grand ami, un frère", lâchait cet autre Toscan, auquel Ballerini avait transmis le virus de la course automobile. Un homme de passion, comme celle qu'il nourrissait pour Paris-Roubaix, sa course, où en plus de ses deux succès, il accumula les places d'honneur (2e en 1993 et 3e en 1994). Ballerini aurait pu se contenter d'un tel palmarès, unique en Italie, enrichi d'un succès sur Paris-Bruxelles en 1990, mais il avait choisi de mettre son sens tactique, sa connaissance et surtout son amour de la course au service de la cause nationale en devenant sélectionneur. Une réussite totale, qui surpassera presque sa carrière de coureur. Au sein d'une Squadra Azzurra, où les rivalités et les egos ont souvent réduit à néant un potentiel de performance sans égal sur la ligne de départ, lui a su fédérer pour remporter un total de quatre titres de champion du monde - Mario Cipollini (2002), Paolo Bettini (2006, 2007) et Alessandro Ballan (2008) – et donc un sacre olympique pour Bettini, à Athènes (2004). Un bilan unique, ou presque, qui fait mesurer un peu plus le grand vide que laisse derrière lui Ballerini. "C'est un coup dur pour tout le cyclisme, a encore réagi une autre gloire italienne, Francesco Moser, sur le site de Tuttosport. Ballerini était un sélectionneur gagnant, un homme qui savait gérer les courses. (...) Sa course, c'était Paris-Roubaix, qu'il avait terminée à treize reprises. C'est vraiment sur les pavés qu'il réussissait à donner le maximum. Mais, pour moi, il était encore meilleur comme sélectionneur. Il parvenait à obtenir le meilleur de tous les coureurs, il savait observer, choisir, préparer les courses et surtout les Championnats du monde que ses hommes ont remportés à quatre reprises". Il faudra au cyclisme italien apprendre à gagner sans ce sélectionneur d'exception et à vivre sans ce passionné tout entier dévoué à la course.