La Volvo veut séduire la France

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Peu médiatisée en France en raison de la concurrence du Vendée Globe et de l'absence d'équipage français, l'édition 2008-09 de la Volvo Ocean Race est sur le point de s'achever avec le triomphe annoncé d'Ericsson 4, bateau dessiné comme le précédent vainqueur, par le Franco-Argentin Juan Kouyoumdjian. D'ores et déjà, les organisateurs de la course autour du monde en équipage planchent sur la future édition, espérant séduire les Français, d'où la présence remarquée sur certaines escales de Desjoyeaux, Cammas, Jourdain, Josse...

Peu médiatisée en France en raison de la concurrence du Vendée Globe et de l'absence d'équipage français, l'édition 2008-09 de la Volvo Ocean Race est sur le point de s'achever avec le triomphe annoncé d'Ericsson 4, bateau dessiné comme le précédent vainqueur, par le Franco-Argentin Juan Kouyoumdjian. D'ores et déjà, les organisateurs de la course autour du monde en équipage planchent sur la future édition, espérant séduire les Français, d'où la présence remarquée sur certaines escales de Desjoyeaux, Cammas, Jourdain, Josse...Ils n'étaient que deux Français, Sidney Gavignet (Puma) et Laurent Pagès (Telefonica Blue), sur quatre-vingt huit marins au départ le 4 octobre 2008 de la Volvo Ocean Race 2008-09, une participation plus que réduite lorsque l'on sait que cette course autour du monde en équipage, anciennement appelée Whitbread, aura permis, depuis ses débuts en 1973, à nombre des stars actuelles de la voile actuelle, de Michel Desjoyeaux à Olivier de Kersauson, en passant par Jean Le Cam, Philippe Poupon, Roland Jourdain ou Marc Guillemot, de faire leurs armes autour du monde, la plupart sous le commandement de la figure tutélaire d'Eric Tabarly. Le concepteur des Pen Duick aura ainsi participé aux six premières éditions de la Whibread, de 1973 à 1994, embarquant à son bord une pléiade de mousses enthousiastes à l'idée d'aller courir les océans à ses côtés. Après son dernier tour du monde, lors de l'édition 1993-94, le relais n'a plus été assuré, puisqu'il n'y a pas eu de bateau battant pavillon français depuis, soit un vide de quatre éditions paradoxal dans la mesure où la France a fait de la course au large sa chasse gardée.Mais à la différence des Anglo-Saxons, plus tournés vers les courses en équipage, les marins français ont privilégié les aventures en solitaire, d'où l'importance croissante prise d'abord par la Route du Rhum, ensuite par le Vendée Globe qui a très vite supplanté son «grand frère», le Boc Challenge (aujourd'hui Velux 5 Oceans, tour du monde par étapes). Du coup, la Whitbread, rebaptisée Volvo Ocean Race en 2001-02, est passée à l'arrière-plan des préoccupations tricolores en dépit d'apparitions sporadiques de marins venus de l'Hexagone, dont celles il y a trois ans de Sidney Gavignet, vainqueur en 2004-05 sur ABN-Amro Two, et de Sébastien Josse, promu skipper d'ABN-Amro One. Une expérience sans lendemain immédiat pour le Niçois, reparti dans la foulée sur un projet Vendée Globe avec BT, mais qui, dans trois ans, pourrait trouver son prolongement, les organisateurs de ce tour du monde en équipage s'étant faits forts, en vue de l'édition 2011-12, de ramener à eux un équipage tricolore sur une épreuve dont le plateau est réduit depuis deux éditions à sept ou huit bateaux, contre plus d'une vingtaine au faîte de son histoire, dans les années 80.Réduction des coûts...Il faut dire que le coût d'une telle course n'a plus grand chose à voir avec ce qu'il était à ses débuts, entre stars de la voile à payer (Torben Grael, Paul Cayard, Kean Read, Mike Sanderson, Grant Dalton, Dennis Conner, John Kostecki au cours des dix dernières années), équipage d'une quinzaine d'hommes, en comptant large, à entretenir, bateaux de plus en plus perfectionnés, sans oublier les gros frais de logistique à chaque escale. Autant d'écueils qui ont conduit Knut Frostad, ancien skipper et aujourd'hui PDG de la course, à en redessiner les contours afin de limiter les coûts et attirer le plus grand nombre sur l'édition 2011-12. Fort du renouvellement du partenariat avec le sponsor-titre, le Norvégien a travaillé d'arrache-pied pour, à chaque étape de cette Volvo, annoncer les grandes lignes de la future édition, de façon à permettre aux candidats au départ de se préparer suffisamment en amont. "Comme pour tout projet de course à la voile, plus tôt nous commençons à nous préparer, plus nous augmentons nos chances de réussite. Notre objectif principal est d'élever le nombre de bateaux participants à la prochaine édition. Nous savons qu'une flotte plus importante est nécessaire pour que la course atteigne son potentiel maximum", expliquait-il à Rio.D'ores et déjà, des mesures ont été annoncées pour limiter soit les coûts de fonctionnement (réductions du nombre d'équipiers de 11 à 10 et du nombre de voiles), soit les frais liés aux recherches architecturales (nombreuses règles de jauge modifiées), le but étant que les actuels VOR70 soient aussi performants que ceux qui seront construits dans les années à venir lors de la prochaine édition. La durée des escales sera par ailleurs réduite d'une semaine, le nombre des étapes abaissé de deux ou trois, ce qui ferait gagner un mois de course, tandis que l'organisation de course a signé un accord avec Alicante qui sera encore la ville de départ en 2011 et donc la base des équipes, ceci afin de leur permettre de s'installer dans un lieu unique, comme ce qui a été fait pour la Coupe de l'America à Valence. L'Espagne s'est du coup engagée à aligner deux équipages au moins sur chaque Volvo (c'est le cas cette fois-ci avec Telefonica Blue et Black), confirmant son rôle de place de plus en plus forte de la voile internationale, la Péninsule ibérique ayant récemment accueilli la Coupe de l'America et la Barcelona World Race. D'ici la fin du premier trimestre 2010, le parcours sera également dévoilé par Knut Frostad qui espère bien annoncer parmi les villes-étapes un port français, ce qui confirmerait de façon quasi-certaine un retour en force tricolore sur la Volvo. Josse: "Il y aura au moins un team français sur la prochaine Volvo"Car l'un des grands objectifs du PDG de la Volvo est de ramener la France sur une épreuve qu'elle n'a remportée qu'une fois (1985-86 par Lionel Péan sur L'Esprit d'Equipe), d'où l'offensive de charme déployée à l'égard des meilleurs skippers tricolores qui ont été successivement conviés à Boston puis à Galway afin de naviguer lors des régates in-shore et de participer aux tables rondes sur l'avenir de la course. Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Jean-Luc Nélias, Luc Gellusseau, Franck Cammas, Sébastien Josse sont ainsi tous venus tâter le terrain, certains n'ayant d'ailleurs pas attendu ces invitations pour évoquer ouvertement leur intérêt pour la Volvo, c'était notamment le cas de Michel Desjoyeaux, Sébastien Josse ou Loïck Peyron au retour de leur Vendée Globe. Un intérêt depuis réitéré: "Bien sûr que cela m'intéresse, a confirmé Sébastien Josse à Galway. Dans une équipe française ou pas. C'est quelque chose qui me tient à coeur car je sais que c'est dans mes compétences. J'en ai déjà fait une qui s'est plus tôt pas mal passée." Et lorsqu'on lui demande s'il y a des chances de voir un équipage tricolore sur la prochaine édition, l'ancien skipper d'ABN-Amro One ne pratique pas la langue de bois: "Je pense qu'il y a une telle motivation et un tel intérêt de l'organisation pour avoir un bateau tricolore qu'il y en aura forcément un. Je sais qu'en France, il y a des gens qui s'y intéressent et qui font même plus que s'y intéresser. Donc, c'est sûr, il y aura au moins un team français sur la prochaine Volvo."De son côté, Roland Jourdain, qui reconnaît se poser la question de son retour sur une course qui l'a formé au large, explique: "La course en solitaire était devenue très française et nous avons réussi à attirer d'autres nationalités comme Golding, Mc Arthur, Caffari. Des Espagnols également. Cela serait bien que l'inverse se passe également, c'est-à-dire que des Français reviennent vers l'équipage. Pour moi, je pense qu'il ne faut pas que les routes continuent à être parallèles. Il faut se remixer. La voile, c'est cela. C'est se confronter, rencontrer des gens et des cultures différentes." Ce que certains font déjà, comme Franck Cammas, sur le circuit Extreme 40, le skipper de Groupama se voyant bien prolonger l'aventure autour du monde: "Cela serait sympa que la France amène aun équipage dans ce milieu international. On n'a peut-être pas encore la bonne culture, mais nous avons notre propre culture qui peut très bien avoir des points très positifs. Moi qui aime beaucoup la régate, la course au large et la course en équipage, la Volvo est une course idéale." Autant de déclarations d'intention qui attendent maintenant des prolongements concrets...