La 12e journée au banc d'essai

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SYLVAIN LABBE , modifié à
La Rochelle, qui renverse les Champions de France clermontois, quand Agen et un Valentin Courrent irrésistible s'offrent dans le même temps le Racing-Métro 92 et ses stars: c'était avant la trêve internationale la révolte des promus ce jeudi, sur les terrains du Top 14. Le RCT de Mourad Boudjellal, vainqueur à Aimé-Giral, a aussi pris sa part à cette journée de toutes les surprises.

La Rochelle, qui renverse les Champions de France clermontois, quand Agen et un Valentin Courrent irrésistible s'offrent dans le même temps le Racing-Métro 92 et ses stars: c'était avant la trêve internationale la révolte des promus ce jeudi, sur les terrains du Top 14. Le RCT de Mourad Boudjellal, vainqueur à Aimé-Giral, a aussi pris sa part à cette journée de toutes les surprises. DANS LE VESTIAIRE DU... : Stade Rochelais Atlantique Les internationaux, qui font d'ordinaire le bonheur des ténors du championnat, avaient-ils déjà la tête aux test-matches de novembre ? Il est permis de le croire au regard de cette étonnante 12e journée du Top 14, riche en surprises en tout genre et surtout en exploits majuscules de la part des sans-grades. A commencer par cette victoire (22-14) du promu rochelais, qui parvient à réduire les Champions de France clermontois et leur ribambelle d'internationaux à un humiliant zéro pointé dans un Stade Marcel-Deflandre en fusion. "Ce soir, c'est un exploit car c'est le champion de France, commentait sur RMC depuis un stade chaviré de bonheur le troisième ligne Thomas Soucaze. Il y a 14 joueurs en face qui vont disputer la tournée d'automne. On avait vraiment une motivation et l'envie de gagner ce match. On avait plus envie qu'eux ce soir...." Un constat partagé sur le site de La Montagne forcément sur un ton beaucoup plus amer par un Vern Cotter, qui pour la première fois cette saison accusait le coup après la rencontre: "Ce soir, mon équipe n'avait pas la passion. Les Rochelais, si" Roux: "Pour nous, c'était la Coupe de France et « le match Carquefou contre l'OM »" Comment expliquer en effet de voir les Rochelais, menacés d'être privés de vacances par leur entraîneur Serge Milhas en cas de résultat négatif, dominer à ce point les Clermontois en mêlée fermée, là où l'ASM, bien décidée à capitaliser sur sa victoire bonifiée sur le Stade Français, alignait tous ses cadres, ou presque, au coup d'envoi, dont les Domingo, Bonnaire Parra et autre Rougerie ? Mais rien n'y fera, à l'image d'un Parra justement, en difficulté face aux perches, les Rochelais étaient bien les plus forts. "Aujourd'hui on a tout donné, lâchait le marqueur d'essai rochelais, le trois-quarts centre et ancien Clermontois Vincent Roux. C'était la consigne. Il est vrai qu'on a moins joué à la main en raison des conditions atmosphériques. Pour nous, c'était la Coupe de France et « le match Carquefou contre l'OM »". Mieux que ça encore tant cette performance impose le respect... Ce supplément d'âme encore qu'illustre cet essai marqué au retour des vestiaires. La seule pénalité ratée, qui atterrit sur le poteau, d'un Benjamin Dambielle, auteur d'un 6 sur 7 au pied, dont le dernier coup de pied gagnant, qui privera Clermont du bonus défensif à la dernière minute... La suite, c'est la vague des Maritimes qui submerge Rougerie et ses coéquipiers. "Cet essai, ça vient du coach, qui semaine après semaine nous fait des remontrances parce qu'on ne monte pas sur les pénalités, explique encore Roux, cette fois Il m'avait chargé en plus cette semaine d'organiser la ligne et de monter... Le plus dur, c'est surtout pour « Dambi », qu'il tape sur le poteau (rires). Je bénéfice du rebond, je vois la balle, j'accélère et je n'ai plus rien à faire si ce n'est de me jeter dans l'en-but." A quelques mètres de là, Jean-Marc Lhermet, s'il évoque "une énorme désillusion", avance aussi au sujet de ce revers pour le moins inattendu, et c'est inédit, "la preuve du manque de stabilité mentale du groupe" Les mots de Julien Pierre claquent tout autant: "Les Rochelais ont joué à 23 et nous un à un. Aujourd'hui, il nous manque beaucoup trop de choses, il va falloir qu'on se parle". Le président clermontois, René Fontès, n'hésitera pas à parler de honte pour le club tenant du Brennus. Sans doute celle-là même qu'un Chabal, tout aussi vexé, évoquera sur sa messagerie Twitter dès la fin du match du Racing à Agen par un cinglant "J'ai honte"... LE JOUEUR : Valentin COURRENT (Agen) Grand artisan de la victoire à sensation (21-20) du SU Agen sur le Racing-Métro 92 et ses stars jeudi, à Armandie, l'ouvreur et buteur du club lot-et-garonnais, Valentin Courrent, auteur de l'intégralité des points de sa formation (7 sur 8), dont l'ultime pénalité de la gagne à la dernière minute de jeu, est revenu dans Jour de Rugby sur ce moment de solitude particulier du buteur. "Il faut faire le vide, essayer de faire abstraction des 10 000 spectateurs, des copains qui viennent te taper dans la main alors qu'elle n'est pas encore tapée et se concentrer sur le geste qu'on réalise tous les jours à l'entraînement pour bien traverser le ballon et ne pas se mettre plus de pression que cela...", décrit l'Agenais, qui a reçu aussi l'encouragement avant sa tentative d'un certain Nicolas Durand: "Il m'a souhaité bonne chance comme on se connaît bien depuis très longtemps. Ça ne m'étonne pas de sa part, c'est l'amitié..." LA PHRASE : "Quand je suis arrivé à Canet, je me suis demandé si j'avais des usurpateurs en face de moi..." (De Mourad BOUDJELLAL, président du RC Toulon, sur RMC après la victoire du RCT à Aimé-Giral) Muré dans un silence pour le moins inhabituel chez lui depuis la déroute (44-5) du RCT à Toulouse, Mourad Boudjellal avait réservé la primeur de ses impressions à ses joueurs, qu'il avait rejoints dès mercredi matin en stage à Canet-en-Roussillon, à la veille d'un périlleux déplacement à Perpignan. Le président toulonnais se préparait à opérer le casting musclé de son staff et de ses joueurs, la suite, genèse de la victoire (20-29) des Varois jeudi, à Aimé-Giral, soit le deuxième revers des Catalans dans leur citadelle cette saison - une première depuis la saison 2006-2007 et les deux succès de Montauban et du BO -, c'est l'expression d'un club qui grandit et sait se prendre en charge. Sans plus attendre le coup de gueule présidentiel... "Le groupe avait déjà beaucoup avancé tout seul, souligne encore Boudjellal. Je crois qu'ils se sont dit les choses qu'ils voulaient se dire. J'ai reçu quelques joueurs, certains pour leur affirmer ma confiance, d'autres pour leur dire que je les avais vus à la télé et que j'attendais de les voir en vrai. Et ce soir (jeudi), il y en a certains que j'ai vus en vrai." Comme, signe important chez lui, on a pu deviner le retour du Pilou Pilou entonné par le patron dans l'intimité du vestiaire toulonnais... LA STATISTIQUE : 1 Comme la seule et unique victoire qu'a su signer l'ASM Clermont-Auvergne lors de ses désormais cinq derniers déplacements sur le terrain des promus. Il faut remonter au 19 septembre 2009 et à la victoire (40-8) des Auvergnats à Albi pour trouver la trace de ce succès aussi rare que surprenant. Depuis cette date, Aurélien Rougerie et ses coéquipiers ont chuté à quatre reprises chez des promus, dont la dernière en date ce jeudi à La Rochelle (22-14). Plus troublant, pour ne pas dire inquiétant, apparaît le bilan des Champions de France après sept déplacements cette saison avec un total famélique de 7 malheureux points décrochés. La saison passée, à pareille époque, l'ASM avait déjà empoché... 15 points loin de ses bases.