Fignon: "On essaye de détruire le cyclisme"

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CYCLISME - Dans un entretien exclusif accordé à Europe 1, Laurent Fignon revient sur les affaires de dopage qui secouent actuellement le cyclisme.

Dans un entretien exclusif accordé mercredi matin à Europe 1, Laurent Fignon revient sur les suspicions de dopage concernant le dernier Tour de France. Si l'ancien coureur est pour sanctionner les éventuels coupables, il dénonce également un certain acharnement à l'encontre du cyclisme, comparé à d'autres sports comme le football. Dans un livre autobiographique paru en juin dernier, "Nous étions jeunes et insouciants" (Grasset), Laurent Fignon avoue avoir consommé des produits dopants au cours de sa carrière. Coureur phare des années 80, le double vainqueur du Tour de France, 1983 et 1984, est aujourd'hui un observateur avisé de son sport et de ses dérives.Invité à réagir mercredi matin aux micros d'Europe 1 sur l'information révélée par Le Monde.fr selon laquelle une enquête préliminaire avait été ouverte par le Parquet de Paris à la suite de la saisie d'une quantité importante de matériel médical suspect comme des "seringues et des perfusions", sur le dernier Tour de France, l'ancien coureur n'a pas semblé surpris.Fignon : " On essaye de détruire le cyclisme"envoyé par Europe1fr. - L'actualité du moment en vidéo."J'ai plusieurs sentiments, a-t-il confié. On a retrouvé ces éléments suspects dans des poubelles mises à la disposition des équipes pour jeter leur matériel médical. Il ne faut donc pas s'étonner de retrouver du matériel de soin dans des poubelles de soin. C'est fait pour ça. Ça n'était pas des poubelles d'hôtel, comme ça avait pu être le cas en 98, lorsque des journalistes avaient fouillé les poubelles et trouvé des seringues. Là, c'est un système mis en place par les organisateurs, les équipes, l'AFLD (Agence française de lutte contre le dopage). Tout le monde est au courant de ce système".Les révélations de l'AFLD sont "un coup dans l'eau"Soupçonnée dans cette nouvelle affaire, l'équipe Astana était déjà mise en cause la semaine passée. Un rapport de l'AFLD, cité le 5 octobre dernier par Le Monde, révèle en effet que l'équipe d'Alberto Contador, le dernier vainqueur de la Grande Boucle, et de Lance Armstrong, aurait bénéficié de traitements de faveur de la part de l'Union Cycliste Internationale lors des contrôles antidopages effectués sur le dernier Tour de France.Laurent Fignon se montre là encore plutôt méfiant vis-à-vis de ces révélations: "L'AFLD revient toujours au créneau quand il y a la présentation du Tour (organisée mercredi à partir de 12h au Palais des Congrès de Paris), et notamment son président Pierre Bordry. J'ai toujours l'impression avec ce monsieur qu'il veut faire parler de lui. Mais c'est un coup dans l'eau. Il a toujours dénigré le cyclisme"."Armstrong (...), c'est parfois exagéré"Le Parisien de naissance dénonce également un manque d'équité entre le cyclisme et les autres sports: "M. Bordry avait participé à une émission au cours de laquelle il avait avoué son impuissance à faire la même chose dans le football. Il y a deux poids, deux mesures. Il a raison de poursuivre sa mission, mais remarquons qu'il ne peut pas la mener de partout de la même façon. On profite des événements importants comme le Tour de France pour essayer de briser le cyclisme". Pour Laurent Fignon, son sport serait ainsi dans la bonne direction: "Si le cyclisme est complètement propre ? je n'en ai aucune idée, mais j'ai quelque fois des directeurs sportifs et des coureurs au téléphone qui me disent qu'on revient vers des choses plus normales. J'espère juste qu'on puisse prendre les coureurs qui trichent". Dans le collimateur, l'équipe Astana est "extrêmement contrôlée", selon l'ancien rival de Greg Lemond. "Armstrong a suivi énormément de contrôles et c'est parfois exagéré. Je souhaite de tout mon coeur que lui et son équipe soient propres. Mais je ne vous dirais pas que j'en suis sûr".Troisième l'an dernier, le Texan, qui portera en 2010 les couleurs d'une nouvelle équipe – RadioShack, rêve d'un huitième sacre sur la Grande Boucle. De son côté, l'équipe Astana sera toujours emmenée par le vainqueur sortant, Alberto Contador.