Faut-il être fou pour faire le Vendée Globe ?

Le départ du Vendée Globe.
Le départ du Vendée Globe. © REUTERS
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VOILE - 19 skippers se sont lancés samedi dans la course autour du monde en solitaire.

"Imaginez qu'on part pendant trois mois de la maison sans jamais aller à la supérette, ni à la station-service, ni nulle part. Il faut manger, boire, dormir, tout ça sur le bateau. C'est un voyage très compliqué", résume dans un doux euphémisme le Suisse Bernard Stamm qui s'est élancé, samedi à bord de Poujoulat pour son troisième Vendée Globe. Trois mois de galère, de vent, d'ennuis techniques, voilà ce qui attend pendant plus de 80 jours ces 20 marins - 19 ont pris le départ samedi à 13h02, Bertrand de Broc ayant été contraint de retarder son départ à la suite d'une avarie. Alors, faut-il être fou pour s'embarquer dans cette aventure ? 

"Il faut penser à tout, rien négliger"

Vendée-globe

A seulement 29 ans, ce samedi est  une grande première pour François Gabart, déjà placé dans les favoris sur son monocoque Macif. La folie, il en semble très loin. Depuis deux ans, il répète les mêmes gestes à la barre d'un 60 pieds Imoca (monocoque de 18,28 m, ceux du Vendée Globe). "Quand on se prépare à un Vendée Globe, on se prépare à partir dans des conditions très difficiles, dans le froid, en hiver", a-t-il expliqué au micro Europe 1. Des moments difficiles qu'il va essayer d'anticiper au maximum : "il faut penser à tout, rien négliger. Il faut se dire que tout peut arriver. Il ne faut pas se focaliser sur une partie du bateau, il ne faut absolument rien laisser de côté".

Bien sûr, il y a la mer et ce combat qui les attend pendant trois mois. "Il faut avoir les tripes pour y aller", lâche Jean-Pierre Dick, qui en est déjà à sa troisième participation. "On va avoir des galères, c'est sûr. Des centaines de milliers de vagues, on ne peut pas modéliser tout ça. Il va y avoir un mano a mano avec l'océan". Des paquets d'eau, des gros coups de vent (et de froid), ils s'y attendent. Mais ce qu'ils redoutent le plus, ce sont les pépins techniques… "Même si tout se passe très bien, il va avoir des petits moments où on va devoir sortir la caisse à outils", poursuit Jean-Pierre Dick.

"Ce qui me fait le plus peur, c'est le problème technique, l'ennui matériel qui fait qu'on ne peut pas aller plus loin. C'est ce qui serait le plus dur", renchérit le jeune François Gabart. Avec des bateaux de plus en plus précis, la technologie a pris une place très importante dans le Vendée Globe. 

De fins météorologues

Autre élément clé, la météo. "C'est un élément majeur", affirme Armel Le Cléac'h qui a terminé deuxième il y a quatre ans pour sa première expérience. "Pendant la course, on va chercher les infos à partir de fichiers qu'on reçoit à bord. On doit le faire nous-mêmes parce qu'on n'a pas droit à une assistance météo pendant la course. C'est ce qui nous permet de faire le meilleur parcours jusqu'aux Sables d'Olonne. On a besoin de ça pour aller au bon endroit. C'est pas le tout d'aller vite, il faut aller au bon endroit".

Entre le gros travail technique effectué sur le bateau, les connaissances météorologiques et leur expérience, ces marins sont tout sauf inconscients. "Il faut surtout ne pas être fou", conclut Tangy de Lamotte qui goûte ce samedi à son premier Vendée Globe. "On ne fait pas cette course pour mettre sa vie en danger".