Euro 2016 : Sarkozy "mouille le maillot"

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Nicolas ROUYER (avec la rédaction d'Europe 1) , modifié à
EURO 2016 - Le chef de l'Etat défend la candidature de la France ce midi, à Genève.

EURO 2016 - Le chef de l'Etat défend la candidature de la France ce midi, à Genève.Le traumatisme est encore à vif. Le 6 juillet 2005, la France se fait souffler les Jeux Olympiques de 2012 par Londres pour quatre voix lors du dernier tour. Pour éviter de revivre une telle expérience lors de la désignation du pays organisateur de l'Euro 2016, ce vendredi, le président de la République Nicolas Sarkozy a décidé de faire le déplacement à Genève, devant les pontes de l'UEFA. Pour Karim Nedjari, directeur des rédactions sports de Canal+ et co-auteur de "Sarkozy, côté vestiaires" (Plon), ce "dossier de l'Euro 2016 est un dossier politique prioritaire pour Nicolas Sarkozy". "Il veut sa grande compétition sous un de ses quinquennats - ce qui prouve qu'il veut se présenter à nouveau en 2012 -, il s'est totalement impliqué dedans, a expliqué Karim Nedjari jeudi dans Europe 1 Foot. Dès le mois de janvier, il a réuni plusieurs conseillers à l'Élysée ainsi que Michel Platini pour voir quel type de lobbying il fallait faire." Écoutez Karim Nedjari dans Europe 1 Foot, au micro de Jean-Charles Banoun : C'est aussi en fan de football que Nicolas Sarkozy va prendre la parole, vendredi. "Sa passion pour le foot n'est pas feinte. Depuis des années, on le voit au Parc des Princes suivre le PSG. Et je vous assure que pour être populaire, il y a d'autres manières que de suivre le PSG." En se rendant sur place, Nicolas Sarkozy n'ignore pas qu'il prend un risque. "Si jamais la France ne l'a pas, Sarkozy s'étant impliqué énormément, on va le fustiger et dire pourquoi il s'occupe de football alors qu'il y a tellement de problèmes en France. Mais il y a un vrai projet derrière tout cela qui va au-delà du football, c'est la construction d'une dizaine de stades en France." En décembre dernier, le chef de l'Etat avait reçu les maires des villes présélectionnées par la Fédération française de football (FFF) et confirmé que l'Etat débloquerait 150 millions d'euros pour leurs stades. La Turquie, principal adversaire de la France dans cette campagne, bénéficie de plusieurs stades rénovés et modernes, dont le Stade olympique Atatürk.Rama Yade, l'atout diplomatiqueNicolas Sarkozy n'est pas le seul à jouer gros lors de cette désignation. Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Sports, aura également la pression. "En mars, elle pouvait sauter, mais elle est restée en place pour s'occuper de ce dossier. Comme elle vient du corps diplomatique, elle s'est investie et a dit : "je peux faire ça" et Nicolas Sarkozy va aussi la juger là-dessus." Des efforts que la ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot a soulignés sur Europe 1, vendredi. "Je ne veux pas nous porter la poisse parce que rien n'est gagné mais vraiment on a tous mouillé le maillot pour obtenir cela. Le Président de la République s'est totalement impliqué dans cette affaire et on a beaucoup travaillé ainsi qu'avec la secrétaire d'Etat." Ecoutez Roselyne Bachelot au micro de Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1 :À quelques heures de la désignation, la France et la Turquie sont co-favorites et l'Italie loin derrière. "Il y a 15 jours, on avait sorti les bouteilles de champagne à la fédération, rappelle Karim Nedjari, l'Italie s'était retirée, la Turquie était écartée pour des raisons politiques, le pays ne faisant pas partie de la communauté européenne. Mais, ces dernières semaines, sur le thème du "le football a toujours été en avance sur son époque", c'est du 50-50 entre la France et la Turquie. (...) Nicolas Sarkozy y va, car il pense que politiquement, il peut faire pencher la balance du bon côté. Mais attention, ses opposants politiques ne le rateront pas en cas d'échec car perdre l'Euro face à personne, mis à part la Turquie qui a un dossier solide. Car personne n'en veut de cet Euro et surtout pas les Italiens." Pour conjurer le sort, Zinédine Zidane sera à Genève, pour être le "Sebastian Coe" français et faire la différence comme l'avait fait l'ancien athlète pour Londres il y a cinq ans. Histoire de panser un peu la blessure.À lire : "Sarkozy côté vestiaires", par Bruno Jeudy et Karim Nedjari. Editeur : Plon. 19,50 euros.