Plus de quatre mois après son accident sur le Vendée Globe, Yann Eliès a réussi un retour en fanfare, s'imposant dimanche matin sur la Solo Ports de France à Concarneau, épreuve de 400 milles courue en solitaire sur Figaro. Le Briochin a devancé Antoine Koch et Charles Caudrelier, tandis qu'Armel Le Cléac'h prend la cinquième place. Une manière pour le skipper de Generali de prendre rendez-vous en vue de la Solitaire du Figaro en août."Si les conditions le permettent, je jouerai la gagne". Joint mardi dernier à l'avant-veille de prendre le départ de sa première course depuis son accident survenu dans l'océan Indien sur le Vendée Globe, Yann Eliès espérait une météo clémente sur la Solo Ports de France, histoire de reprendre ses marques en douceur avec la navigation en solitaire. Le skipper de Generali ne cachait pas partir avec de l'ambition, décidé à se battre avec des rivaux loin d'être des «peintres» sur le support, puisque le plateau de cette boucle de 400 milles autour de Concarneau réunissait deux vainqueurs de la Solitaire du Figaro, eux aussi de retour dans la classe (Armel Le Cléac'h et Charles Caudrelier), mais également des solitaires faisant partie des meilleurs spécialistes du monotype Bénéteau, comme Fred Duthil, Gildas Mahé, Corentin Douguet, Thomas Rouxel, Nicolas Bérenger ou Nicolas Lunven.A l'arrivée, après 2 jours 18 heures et 33 minutes d'une course globalement courue dans le petit temps, c'est bien Yann Eliès qui a coupé la ligne le premier, tôt dimanche matin (7h34), devant Antoine Koch, Charles Caudrelier, Gildas Mahé et Armel Le Cléac'h. Autant dire que le skipper de Generali, joint dans l'après-midi, se réjouissait de renouer avec la compétition sur la plus haute marche du podium: "Déjà, me retrouver le c... dans le bateau, c'était une première victoire pour moi, seulement quatre mois après mon accident, après ça faisait vachement du bien de remonter sur un Figaro après une coupure de deux ans, alors en plus s'imposer, c'est super, j'ai pris beaucoup de plaisir à naviguer."Le fabuleux week-end des Côtes d'ArmorUn plaisir d'autant plus grand que jusqu'au bout, la course aura été serrée: "On a fait des allers-retours entre Saint-Nazaire, Sein, Belle-Ile et Groix, c'était super intéressant, il n'y a pas eu temps de mort avec beaucoup de changements de météo et de leader, on n'a pas eu le temps de s'ennuyer." Et si finalement, Generali a pointé son étrave le premier sur la ligne d'arrivée mouillée devant Concarneau, c'est au prix d'une ultime option nocturne payante: "Ça s'est joué à Belle-Ile, j'ai mieux négocié un passage à niveau qui m'a donné une confortable avance que j'ai réussi ensuite à garder". Bref, Yann Eliès a prouvé à tous qu'il restait un redoutable régatier, lui qui a rencontré les conditions idéales pour renouer avec la compétition, sans se faire mal. "La première nuit après Sein, on a eu 25-30 noeuds et de la mer, je n'étais pas à la rue, et après, les conditions étaient plus calmes, j'ai toujours été serein." Serein et heureux, une fois la ligne franchie, de retrouver ses bonnes vieilles habitudes avec ses copains Figaristes: "On a refait le match autour d'une bonne soupe de poissons et d'un café, c'était un bon moment de partage."Voilà en tout cas Yann Eliès officiellement qualifié pour la Solitaire du Figaro dont il s'annonce, à condition de retrouver l'intégralité de ses moyens physiques, l'un des prétendants à la victoire, son objectif déclaré. D'ici là, le Briochin sera fort occupé entre une nouvelle course sur Figaro, la Transmanche, la sortie de son livre "Survivant des mers du Sud" fin mai, et un passage sur trois coques puisqu'il devrait faire partie de l'équipage du géant Banque Populaire V pour la tentative de record de la traversée de l'Atlantique Nord entre New York et le Cap Lizard prévue en juin. Bref, le Briochin est bel et bien de retour, lui qui a contribué au fabuleux week-end de son département, les Côtes d'Armor, déjà consacré samedi soir par l'En Avant Guingamp, vainqueur de la finale de la Coupe de France. "J'ai appris ça samedi soir en mer, j'avais d'ailleurs prédit ce score. J'ai une petite pensée pour Noël Le Graët (président de Guingamp) qui a fait ce club, et dont le petit-fils est à l'école avec mon fils". Le 22 en force !