Dopage : la mise au point de Wiggins

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TOUR - Le maillot jaune Bradley Wiggins s'explique longuement sur son rapport au dopage.

"Je ne pourrai jamais me doper parce que cela me coûterait tout." C'est sous ce titre que le maillot jaune actuel du Tour de France, le Britannique Bradley Wiggins, publie une tribune sur le site Internet du quotidien anglais The Guardian. Depuis sa prise de pouvoir sur la Planche des Belles Filles, le leader de l'équipe Sky fait l'objet de nombreuses suspicions de la part du public et de certains suiveurs. Dimanche dernier, interrogé sur le parallèle entre son équipe et celle de Lance Armstrong à l'époque de l'US Postal, Wiggins avait dégoupillé : "honnêtement, ce sont des putains de branleurs. Il faut ne rien avoir d'autre à faire. Je ne supporte pas les gens comme ça" Cinq jours plus tard, à froid, et par écrit, "Wiggo" revient longuement sur les soupçons de dopage qui entourent ses performances et celles de son équipe.

Il explique ne pas sortir de nulle part

Wiggins chez Cofidis en 2006

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"Je comprends pourquoi on me pose ce genre de questions étant donné le passé récent de ce sport mais ça me dérange toujours." Wiggins renvoie d'abord ses détracteurs à ses précédentes déclarations sur le dopage, notamment au moment de son premier Tour de France (conclue à la 123e position, photo), en 2006, alors qu'éclatait le scandale Puerto, ses propos sur Floyd Landis, vainqueur déchu cette année-là, ou sa condamnation de son coéquipier chez Cofidis, Cristian Moreni, contrôlé positif à la testostérone en 2007.

Et s'il parle moins de dopage maintenant, c'est que cela n'est plus une problématique pour lui. "Je ne dis pas que le sport n'est plus touché, mais ce n'est plus un sujet de préoccupation pour moi, ce n'est plus présent tout le temps dans mon esprit, parce que je ne suis plus battu par des gens qui continuent et qui sont ensuite testés positifs." Les gens s'étonnent de ses performances en contre-la-montre ? Lui rappelle ses états de service, comme sa septième place aux Mondiaux en 2005 ou sa cinquième place au chrono d'Albi sur le Tour 2007. Les suiveurs se posent des questions sur sa capacité à grimper ? Il explique avoir gagné une étape de montagne sur le Tour de l'Avenir 2005. C'était avant d'arrêter l'alcool et de perdre 10 kilos.

"Si je me dopais, je serais en position de tout perdre"

Wiggins en 2008

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Mais l'essentiel de sa tribune concerne les raisons pour lesquelles il refuse le dopage. "Elles sont devenues plus importantes encore aujourd'hui. Cela renvoie à ma famille, à la vie que j'ai construite pour moi et comment je me sentirais si je devais vivre avec la possibilité d'être pris", confie Wiggins, qui avoue ne pas se sentir à l'aise dans les habits de leader. "Si je me dopais, je serais en position de tout perdre. C'est une longue liste. Ma réputation, mon travail, mon mariage, ma famille, ma maison. Tout ce que j'ai réalisé, mes médailles olympiques (il est double champion olympique de poursuite en titre, photo), mes titres mondiaux, ma décoration de commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. (...) Si je me dopais, je mettrais aussi en péril Sky, qui sponsorise le sport au Royaume-Uni, Dave Brailsford (manager de l'équipe) et tout ce qu'il a fait, et Tim Kerrisson, mon entraîneur."

Wiggins explique également son rejet du dopage pour des raisons culturelles. "La Grande-Bretagne est un pays où le dopage n'est pas moralement acceptable", déclare-t-il. "Je me moque de ce que les gens disent, l'attitude vis-à-vis du dopage au Royaume-Uni est différente que celle que l'on peut voir en Italie ou peut-être en France, où un coureur comme Richard Virenque peut se doper, être attrapé, être suspendu, revenir et être un héros national." Une chose est sûre, s'il venait à devenir le premier Britannique à remporter le Tour de France et ce, à quelques jours de l'ouverture des Jeux olympiques à Londres, Wiggins deviendrait lui aussi un héros national.