Dopage : O'Grady, aveux d'un symbole

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avec agences , modifié à
CYCLISME - Le coureur australien a avoué avoir eu recours à l'EPO avant le Tour de France 98.
Portrait d'O'Grady (930x620)

Lundi, l'un des coureurs les plus emblématiques du peloton, l'Australien Stuart O'Grady, 40 ans, annonçait la fin de sa carrière après avoir participé cette année pour la 17e fois au Tour de France, égalant ainsi le record de l'Américain George Hincapie (qui, comme lui, l'a terminé à 16 reprises pour un seul abandon, en 2007 pour O'Grady). Deux jours plus tard, dans la foulée de la publication du rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur la lutte contre le dopage, le désormais ancien coureur de l'équipe Orica-GreenEDGE a admis s’être dopé avant le Tour de France 1998. La publication des bordereaux de contrôle ne permettaient pas de conclure formellement à un dopage à l'EPO de la part du coureur australien : il était classé dans les cas suspects. Mercredi, dans un entretien au quotidien The Advertiser, O'Grady a tenu lui-même à lever les doutes sur son cas : oui, il a bien eu recours à l'EPO en 1998.

"J'ai eu juste à franchir la frontière et à l'acheter dans une pharmacie", a-t-il précisé en ajoutant avoir acheté l'EPO deux semaines avant le départ du Tour. "J'ai été extrêmement prudent sur les quantités car j'avais entendu beaucoup d'histoires horribles. (...) Nous sommes des êtres humains qui commettons des erreurs. C'était une décision prise à une époque où je pensais à travers le prisme du Tour." O'Grady a indiqué avoir agi de manière individuelle, sans le concours de quiconque au sein de sa formation de l'époque, l'équipe GAN. "Aucune autre personne n'était impliquée", a-t-il insisté. Lors de ce Tour de France 1998, O'Grady avait remporté la 14e étape, qui reliait Valréas à Grenoble. Il avait également porté le maillot jaune pendant trois jours lors de la première semaine. "Quand l'affaire Festina a éclaté (l'équipe française avait été exclu le jour où O'Grady a lâché son maillot, ndlr), je me suis débarrassé de tout ça et je n'y ai jamais plus touché."

Vainqueur de Paris-Roubaix en 2007

O'Grady à paris-Roubaix (930x620)

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En 18 ans chez les pros, O'Grady s'est constitué un solide palmarès, avec notamment un titre de champion olympique de l'édition américaine, en 2004, mais aussi la classique de Hambourg la même année et Paris-Roubaix, "sa" course, en 2007. L'Australien insiste sur le fait qu'il n'était pas dopé quand il a remporté ses plus beaux succès.  "C'est une très petite partie de ma vie (ce recours à l'EPO)", a-t-il souligné. "J'ai vu des coureurs se faire arrêter, se retrouver en prison, c'est ce dont j'avais besoin pour me faire peur. (...) J'ai eu la chance de gagner des tas de choses. On peut tester mes échantillons de Paris-Roubaix, de mes médailles olympiques, dans les mille prochaines années, on ne trouvera rien."

Le comité olympique australien veut l'exclure

O'Grady a beau avoir fait son repenti, le comité olympique australien (AOC) n'entend pas lui pardonner aussi facilement. Ce dernier a en effet demandé à ce que l'ancien coureur démissionne de l'AOC, dont il est membre. "Les membres de la commission des athlètes sont choisis pour leurs qualités d'intégrité et de direction et par ses aveux, Stuart ne mérite pas d'être membre de ce groupe", a déclaré le président de l'AOC, John Coates, dans un communiqué. L'ancien taulier du peloton a en revanche reçu le soutien de sa dernière équipe, Orica-GreenEDGE, avec laquelle il a connu un ultime Tour de France accompli (victoire lors du contre-la-montre par équipes, victoire d'étape et maillot jaune pour Simon Gerrans, maillot jaune pour Daryl Impey). "Comme la plupart des coureurs de sa génération, il a été exposé aux méfaits du sport et a fait quelques mauvais choix dans cet environnement", considère l'équipe.

Après ces jours mouvementés - il a expliqué avoir vécu le "pire moment" de sa vie quand il a dû avouer son recours à l'EPO à ses parents, lundi -, O'Grady aspire maintenant à une retraite plus sereine. "Je veux clore ce chapitre de ma vie et prendre un nouveau départ. Je sais qu'il y aura des conséquences, mais je ne veux pas me tenir devant les gens et mentir", a confié O'Grady, citant deux de ses amis, son compatriote Matthew White et l'Ecossais David Millar, aujourd'hui repentis.