Desjoyeaux-Beyou, ça promet !

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Près de quatre mois après sa deuxième victoire sur le Vendée Globe, Michel Desjoyeaux est au départ dimanche du Record SNSM, course en équipage au cours de laquelle il accueille pour la première fois à bord celui qui l'accompagnera sur la Jacques-Vabre en novembre, Jérémie Beyou. Contraint à l'abandon sur le Vendée Globe, ce dernier, qui a perdu son sponsor Delta Dore, compte sur sa collaboration avec le «Professeur» pour acquérir de l'expérience et retrouver un partenaire pour le prochain Vendée.

Près de quatre mois après sa deuxième victoire sur le Vendée Globe, Michel Desjoyeaux est au départ dimanche du Record SNSM, course en équipage au cours de laquelle il accueille pour la première fois à bord celui qui l'accompagnera sur la Jacques-Vabre en novembre, Jérémie Beyou. Contraint à l'abandon sur le Vendée Globe, ce dernier, qui a perdu son sponsor Delta Dore, compte sur sa collaboration avec le «Professeur» pour acquérir de l'expérience et retrouver un partenaire pour le prochain Vendée. Lundi 15 juin, coup de fil dans le métro: "Bonjour, c'est Michel Desjoyeaux. On quitte le quai demain à Concarneau 21h, on t'attend à La Coquille à 20h pour dîner avant." Quand le double vainqueur du Vendée Globe vous invite à bord de son monocoque Foncia pour un convoyage d'une centaine de milles entre Concarneau et Saint-Nazaire, d'où il prend dimanche le départ du Record SNSM, il n'y a pas à barguiner: vous filez dare-dare acheter un billet de train pour Quimper et, vous voilà le mardi, avec un quart d'heure de retard, ce que l'intéressé n'oublie pas de vous faire remarquer à votre arrivée, attablé devant un filet de lieu et sous un beau soleil en compagnie de l'équipage de Foncia, avec lequel vous appareillez une demi-heure plus tard, dans une brise mollissante, cap vers le sud des Glénans.Un équipage qui, pour l'occasion, accueille un petit nouveau, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Jérémie Beyou, ex-skipper de Delta Dore et vainqueur de la Solitaire du Figaro 2005 devant... Michel Desjoyeaux ! Contraint à l'abandon après deux semaines de course sur le dernier Vendée Globe, l'intéressé, qui a perdu en route son fidèle partenaire, Delta Dore, fait son retour sur un 60 pieds, celui du double vainqueur du tour du monde en solitaire qu'il a sollicité à son retour triomphal: "Comme je cherche à repartir sur un Vendée Globe et sur la construction d'un nouveau bateau, j'ai voulu me poser les questions en amont: quel type de bateau construire ? Quel type de process de conception suivre ? Quelle organisation d'équipe à avoir ? Et il me semblait que la personne la plus à même de me répondre, c'est Mich car il y a est allé deux fois, et deux fois brillamment. A la base, c'est une démarche technique de ma part et il lui a semblé plus intelligent dans cette optique que je navigue avec lui, je prends ça avec plaisir !"La démarche a en effet séduit le «Professeur» qui, au sein de son écurie de course Mer Agitée, a accueilli par le passé Vincent Riou et Sébastien Josse, leur mettant le pied à l'étrier du Vendée Globe lors de l'édition 2004-05 (avec une victoire pour le premier, une cinquième place pour le second), avant qu'ils ne volent l'un et l'autre de leurs propres ailes. "Jérémie s'est rapproché de Mer Agitée pour l'aider à se préparer techniquement en vue du prochain Vendée, confirme-t-il. Moi, j'avais réfléchi à plusieurs personnes, et cette démarche-là me convient bien." D'autant que Jérémie Beyou a rapidement fait preuve de sa motivation en sacrifiant un alléchant programme de records sur Banque Populaire V, le géant de 40 mètres de Pascal Bidégorry qui va s'attaquer en hiver au Jules-Verne: "Quand j'ai proposé à Jérémie, il m'a dit qu'il allait du coup être débarqué de l'équipage de Banque Pop (pour incompatibilité des programmes, ndlr), je lui ai alors dit: «Ecoute Jérémie, je suis désolé, tu fais comme tu veux, c'est toi qui décide, je ne peux pas décider à ta place.» Il m'a répondu: «Je veux être au départ du Vendée Globe 2012, donc je viens.» Il n'a pas mis longtemps à réfléchir !"Voilà l'affaire conclue et c'est donc sous nos yeux que cette collaboration débute, les deux intéressés, s'ils se sont très souvent croisés par le passé, n'ayant jamais navigué ensemble. De quoi ressentir une légère appréhension pour cette première, comme l'élève devant son professeur ? "Non, mais tu évites de la ramener, ce n'est pas ton bateau, les choix, tu ne les a pas faits, et les réflexes que tu as avec ton bateau ne sont pas les mêmes, répond Beyou. Il vaut mieux écouter comme si tu étais un béotien et que tu ne connaissais rien, et demander comment on fait à Mich ou à son équipe. Ça évite de faire trop de conneries et de passer pour la star qui débarque." Et effectivement, pendant la grosse douzaine d'heures de ce convoyage dans une petite brise nocturne, l'intéressé ne se prive pas, en plus de prendre à la barre le pouls d'un bateau "plus raide et plus léger" que son ancien Delta Dore, d'échanger ou de manoeuvrer avec celui qui sera son co-skipper sur la Jacques-Vabre, mais également avec Marc Liardet, le souriant «boat captain» de Foncia, et Dimitri Voisin, responsable de l'électronique et de l'informatique. Mais également de prendre l'initiative de la navigation et des manoeuvres quand le «Professeur», visiblement fatigué, s'accorde quelques plages de repos dans l'une des quatre bannettes du bord.Rivaux sur la Solitaire du Figaro"Jérémie a l'habitude de ces bateaux, la preuve au bout d'une journée de mer, il sait déjà où sont les bouts, commentera au petit matin ce dernier. C'est quelqu'un qui a l'habitude de naviguer seul, de gérer toute la machine, pas juste le cockpit et les voiles, mais aussi l'électronique, l'informatique... Aller chercher des fichiers, communiquer, il connaît tout ça, je trouvais que ça correspondait bien avec ce que j'avais envie de faire. Je pars avec quelqu'un qui est un solitaire aussi dans la démarche." En clair, avec Jérémie Beyou à ses côtés, le skipper de Foncia peut dormir sur ses deux oreilles, certain que le bateau sera bien mené. Lorsqu'on lui demande ce qu'il compte apporter à son prestigieux partenaire, l'ancien skipper de Delta Dore, un rien gêné, confirme d'ailleurs: "Un bateau comme ça, je suis capable de le mener tout seul, a fortiori en double, ça devrait aller, peut-être que lui va pouvoir se reposer sur moi sur la marche du bateau et se concentrer sur autre chose, il voulait quelqu'un d'autonome." Quelqu'un d'autonome, mais également très motivé à l'idée de continuer à enrichir le palmarès de «Mich Desj», d'autant que c'est également dans son intérêt: "Je suis ultra-motivé pour faire la Jacques-Vabre et naviguer avec Mich, découvrir son fonctionnement. Certains disent qu'il a tout gagné donc qu'il n'a pas la gniaque, je pense que ce n'est pas vrai, j'ai l'impression que plus il gagne, plus il a faim ! Et moi qui n'ai pas gagné depuis un bout de temps, je pense que c'est en gagnant des courses que j'arriverai à faire le prochain Vendée Globe."C'est donc avec une certaine pression que l'intéressé aborde cette collaboration, lui qui, parallèlement aux navigations, entend profiter à tous les niveaux du savoir-faire de l'écurie Mer Agitée. "Techniquement, ils sont les mieux armés. Et dans l'optique d'un projet de Vendée, tu as plus de visibilité et de chance de croiser des gens et des partenaires avec Mich que tout seul dans ton coin. Ça ne veut pas dire qu'il m'a trouvé un sponsor pour le Vendée, mais il y a une sorte d'accompagnement, de promotion." Et si cela se poursuivait par une sorte de passage de témoin, à l'image de celle entre Desjoyeaux et Riou sur PRB ? Jérémie Beyou n'ose esquisser de réponse, de peur de mettre la charrue avant les boeufs, mais aussi parce que Michel Desjoyeaux, peu loquace sur ses intentions (il devrait disputer la Route du Rhum 2010 sur Foncia), n'a toujours pas annoncé s'il remettait ça en 2012. Jérémie Beyou espère lui bien être de la partie et profiter aux maximum de l'expertise d'un skipper qui, l'espace cet été de la 40e Solitaire du Figaro, redeviendra un rival, avec l'objectif de cette fois donner la leçon au «Professeur»...