Delesne affiche ses prétentions

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
C'est samedi à 14h38 que Bertrand Delesne (Entreprendre durablement) a franchi en tête la ligne d'arrivée de la première étape de la Transat 650 entre La Rochelle et Funchal (Madère). Ralenti à l'approche de l'archipel portugais dans un anticyclone, le skipper de 32 ans a réussi à résister aux retours d'Henri-Paul Schipan et Thomas Ruyant pour s'imposer après 6 jours de mer. En séries, le Portugais Francisco Lobato a survolé les débats...

C'est samedi à 14h38 que Bertrand Delesne (Entreprendre durablement) a franchi en tête la ligne d'arrivée de la première étape de la Transat 650 entre La Rochelle et Funchal (Madère). Ralenti à l'approche de l'archipel portugais dans un anticyclone, le skipper de 32 ans a réussi à résister aux retours d'Henri-Paul Schipan et Thomas Ruyant pour s'imposer après 6 jours de mer. En séries, le Portugais Francisco Lobato a survolé les débats..."Je vais me donner au maximum. Faire du mieux possible. Je n'ai qu'une crainte: la casse ou la malchance car, quand vous voyez le plateau, vous comprenez que nous sommes plusieurs à pouvoir jouer les premiers rôles." Ainsi parlait avant le départ de cette 16e édition de la Transat 650 Bertrand Delesne sur sa fiche de présentation consultable sur le site Internet de l'épreuve. Et l'intéressé d'ajouter: "Celui qui affirme «Je vais gagner» est un prétentieux." Prétentieux, ce skipper de 32 ans ne voulait pas le paraître aux yeux de ses pairs, il ne cachait pas en revanche ses ambitions au moment de s'élancer pour sa deuxième «Mini», conscient de posséder entre les mains l'outil pour bien faire, à savoir un plan Manuard mis à l'eau en début d'année et qui a très vite fait ses preuves avec notamment à son jeune palmarès deux places de deuxième sur la Mini Med puis le Mini Pavois ainsi qu'une victoire d'étape sur la Transgascogne.Il peut d'ores et déjà ajouter une ligne de plus, encore plus prestigieuse, puisque Entreprendre durablement a remporté ce samedi à 14h38 la première étape de la Transat 650 Charente-Maritime-Bahia, coupant la ligne mouillée devant Funchal après 6 jours 0 heure 21 minutes et 21 secondes de mer, à la moyenne de 7,62 noeuds. Une belle récompense pour un marin qui, s'il aura un moment compté 25 milles de retard sur Henri-Paul Schipman, attendu à la deuxième place, sera tout le temps resté dans le peloton de tête, confirmant à la fois son potentiel et celui de son bateau, dont il disait avant le départ, impressionné par ses performances: "Il va 4 à 5 noeuds plus vite qu'un mini de série. J'ai mis huit mois pour le construire. Le double des autres, mais j'en suis content. Il est bien né."Lobato, la démonstration en sériesBien né et surtout répondant aux attentes d'un marin qui, deux ans plus tôt, alors qu'il naviguait sur un bateau de série en bois, avait rapidement fait le constat que pour viser haut sur cette Mini, il devait passer au stade supérieur d'un point de vue architectural: "J'étais parti pour traverser et terminer du mieux possible. Mais quand j'ai vu Sam Manuard (l'architecte de son bateau, ndlr) me doubler, après un arrêt aux Canaries, je crois, je me suis dit: «Tu reviendras avec un truc pareil». Il allait, facile, trois noeuds plus vite que moi." La suite s'est donc déroulée comme dans un rêve avec une mise en chantier, des résultats très rapides et ce succès sur la première étape au terme d'un final sans doute stressant, puisque les derniers milles dans la pétole auront jusqu'au bout fait peser la menace du retour des poursuivants de Bertrand Delesne, Henri-Paul Schipman et Thomas Ruyant. "Qu'ils furent pénibles ces 80 derniers milles. Sincèrement je préfère 40 noeuds de vent comme nous l'avons eu. Là, tu prends deux ris, tu mets le pilote et tu te reposes", commentait à l'arrivée sur le site de la Mini l'heureux vainqueur, qui, pendant ces 1100 milles, aura encore appris à maîtriser un bateau dont la vitesse n'a d'égal que la fougue: "Tu es vraiment obligé de gérer. Le bateau est tellement léger que tu pars très vite. Parfois, je me suis demandé comment j'allais faire pour affaler. Je me suis fait des frayeurs. Une fois, j'ai décollé. Je me suis retrouvé à deux mètres au dessus de la mer. Ca te calme pour la suite. Aussi, je n'ai pas été au-delà de 60% des possibilités de mon proto." Peut-être devra-t-il monter en régime sur la seconde étape à destination de Salvador de Bahia, lui qui fait désormais partie, avec Henri-Paul Schipman et Thomas Ruyant, des favoris à la succession d'Yves Le Blévec, vainqueur de cette Mini en 2007, même s'il reste devant eux une traversée de l'Atlantique qui a, par le passé, souvent joué des vilains tours aux favoris, comme Yves Le Blévec en 2005 (démâtage à l'approche du Brésil), Isabelle Joschke en 2007 (avarie de bout-dehors). Ce qui fait d'ailleurs conclure à Bertrand Delesne: "Rien n'est fait".Du côté des bateaux de séries, à noter la démonstration de Francisco Lobato qui, à la barre d'un bateau présumé moins rapide que les protos, a effectué un vrai cavalier seul, au point de terminer deuxième toutes catégories confondues, à 16h48, à un peu plus de deux heures de Bertrand Delesne, et avec environ 70 milles d'avance sur le deuxième Mini de série, celui de Charlie Dalin. Autant dire qu'il est le favori tout désigné pour la victoire en finale et que même les protos ont intérêt à le surveiller comme le lait sur le feu entre Funchal et Salvador...