Comment ramener un Expert sur terre ?

  • Copié
Benoît CONTA , modifié à
Moins d'une semaine après la fin (heureuse) du Mondial, la plupart des champions du monde sont déjà sur le pont pour la reprise du championnat de France. Dès vendredi, la 12e journée reprendra ses droits avec notamment Montpellier-Istres. Avant ce retour à la réalité du quotidien, rencontre avec différents entraîneurs qui doivent gérer le retour de leur Expert.

Moins d'une semaine après la fin (heureuse) du Mondial, la plupart des champions du monde sont déjà sur le pont pour la reprise du championnat de France. Dès vendredi, la 12e journée reprendra ses droits avec notamment Montpellier-Istres. Avant ce retour à la réalité du quotidien, rencontre avec différents entraîneurs qui doivent gérer le retour de leur Expert. Ils ont quitté Malmö lundi matin. Pour la plupart, la nuit avait été très courte, et plutôt arrosée. Les champions du monde français ont ensuite entamé un marathon à travers Paris, enchaînant plateaux télés, rencontres avec les fans, et représentations chez les sponsors. Mais rapidement, le quotidien de joueur de handball a vite repris le dessus. Il fallait bien revenir aux affaires de clubs, et cette Division 1 qui reprend dès vendredi avec sa 12e journée. Charge alors aux entraîneurs de ramener leurs Experts à la réalité, pour bénéficier de leurs talents le plus rapidement possible. Il faudra aussi gérer ce (nouveau pour certains) statut à assumer. Rencontre avec trois des entraîneurs concernés. Patrick Cazal, entraîneur adjoint de Sébastien Bosquet à Dunkerque, et champion du monde en 1995 et 2001 "Déjà, il faut dire qu'ils nous ont procuré beaucoup de joie et d'émotions. Maintenant leur retour n'est pas facile à gérer parce qu'ils n'ont pas le temps de décompresser, pas le temps de profiter de leur médaille. Pour Sébastien, on a fait le choix de ne pas l'emmener pour notre match de Coupe de France (victoire à Torcy, ndlr), mercredi, car il ne peut pas être dans les dispositions mentales et physiques pour disputer ce genre de match. On risque la blessure car ils sont encore sur leur petit nuage. Il faut leur laisser un peu de temps de repos, les laisser avec la famille parce que cela fait longtemps qu'ils sont loin. Il faut quand même les remobiliser dès le week-end prochain avec le championnat. Pour les concerner psychologiquement, il faut insister et leur rappeler que s'ils veulent revivre ce genre de moments à l'avenir, ça passe par le travail en club car les places sont chères. Mais je crois que ces garçons, après leur avoir laissé le temps de récupérer, sont aussi conscients de devoir valoriser leur médaille, sans passer pour un "pinpin" sur le terrain. Après quand on est champion du monde, c'est un statut à assumer. Tout athlète qui respecte son sport voudra lui aussi lui montrer qu'il en a «une paire comme lui». La différence se fera car le champion du monde aura techniquement et tactiquement une lecture qui sera supérieure." Stéphane Imbratta, entraîneur d'Arnaud Bingo au Tremblay-en-France "On l'a vite ramené à la réalité puisqu'on a joué en Coupe mardi. Il fallait qu'il revienne vite. Hier, il a fait un peu de récup'. Après son statut c'est particulier, parce qu'il n'a pas beaucoup joué, il fallait vite lui redonner du rythme. Il faut donc le ramener à son quotidien. Le ramener à sa routine, et digérer ces émotions, ces sollicitations. Il était important qu'il retrouve vite ses coéquipiers, son club. Il ne sera pas forcément une cible, car déjà avant, il était un joueur important pour nous. Aujourd'hui, son statut est différent car tout le monde a conscience qu'il n'a pas eu de grosses responsabilités durant ce Mondial. Il est encore jeune et doit apprendre." Laurent Puigségur, entraîneur de Franck Junillon à Nîmes, et champion du monde en 2001 "J'ai laissé Franck au repos mardi, et il a repris dès mercredi l'entraînement. Après, Franck n'a pas beaucoup joué sur ce championnat du monde donc il a besoin de se remettre dans le rythme au niveau handball. Il va repartir normalement. Franck est déjà deux fois champion du monde, il connaît déjà cette situation. Il connaît les dérives qui peuvent suivre. Moi je les connais aussi, donc je pense que l'on est armé pour pallier à tous les petits désagréments que l'on peut avoir comme les allers-retours chez les sponsors et les partenaires, les sollicitations à des moments qui ne sont pas opportuns, etc. Ça on va le gérer tranquillement. Après il a de l'expérience et de la maturité donc il commence à savoir gérer ce genre de situation. Pour le motiver, je n'ai aucun problème. La seule chose qu'il désire c'est de voir le club rester en Division 1 donc il n'y a pas de soucis là-dessus. Ses coéquipiers l'ont accueilli avec grand plaisir. J'espère que ça va donner de la confiance à tout le monde. Et s'il devient une cible chez les adversaires ce n'est pas plus mal. S'il y a deux mecs qui viennent sur lui, ça veut dire qu'un autre sera tout seul donc pourquoi pas. Après il ne faut pas que ça soit virulent ou agressif. Mais s'ils se centrent sur lui, il y aura de l'espace pour les autres donc ça sera forcément positif."