Comme on se retrouve

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Régis AUMONT , modifié à
Vingt-huit mois qu'ils ne s'étaient pas défiés en finale d'un tournoi du Grand Chelem, trois ans à Roland-Garros. Dimanche, Rafael Nadal et Roger Federer vont écrire une nouvelle page de leur extraordinaire rivalité qui nourrit la légende du tennis depuis de longues saisons. L'Espagnol aura l'occasion d'entrer dans l'histoire des Internationaux de France en égalant le record de titres de Bjorn Borg. Federer, lui, rêve de battre enfin son meilleur ennemi sur la terre battue parisienne.

Vingt-huit mois qu'ils ne s'étaient pas défiés en finale d'un tournoi du Grand Chelem, trois ans à Roland-Garros. Dimanche, Rafael Nadal et Roger Federer vont écrire une nouvelle page de leur extraordinaire rivalité qui nourrit la légende du tennis depuis de longues saisons. L'Espagnol aura l'occasion d'entrer dans l'histoire des Internationaux de France en égalant le record de titres de Bjorn Borg. Federer, lui, rêve de battre enfin son meilleur ennemi sur la terre battue parisienne. Ça commençait à faire long. Depuis l'Open d'Australie 2009, Rafael Nadal et Roger Federer ne s'étaient plus croisés en finale d'un tournoi du Grand Chelem. Novak Djokovic, Andy Murray, Robin Söderling et même Tomas Berdych, en s'invitant une ou plusieurs fois sur la dernière marche d'un Majeur dans l'intervalle, avaient joué à merveille leur rôle d'empêcheur de tourner en rond. Mais qu'on le veuille ou non, les grandes finales Federer-Nadal demeurent aujourd'hui encore les plus savoureuses à leur énoncé. Attention, Djokovic, le meilleur joueur actuel, n'aurait pas fait tâche sur l'affiche, loin de là, mais la victoire de Federer sur le Serbe vendredi, à l'issue d'un match d'anthologie, a rappelé que le Suisse, bien que n°3 mondial aujourd'hui, a encore sa place à ce niveau. Du coup, pour la quatrième fois de l'histoire, les Internationaux de France proposent une finale Nadal-Federer. Les trois premières, de 2006 à 2008, étaient tombées dans l'escarcelle de l'Espagnol. Le Majorquin qui, déjà tombeur de son aîné en 2005 au stade des demies, n'a jamais perdu face au Suisse à Roland-Garros, et pour cause, seul Söderling a réussi cet exploit voilà maintenant deux ans. Va-t-on, dimanche, vers une nouvelle démonstration du numéro 1 mondial, qui le restera à l'issue du tournoi ? Ou l'Helvète, vainqueur à Paris l'année du seul faux-pas de son grand rival, saura-t-il cette fois trouver la solution pour éviter une 17e défaite en carrière face à Nadal ? Federer doit attaquer Ce Nadal-Federer 25e du nom, le huitième en finale d'un Majeur, abrite en tout cas plus d'incertitudes cette fois. Pour deux raisons. La première, parce que l'Espagnol, s'il a prouvé contre Söderling puis Murray qu'il était toujours le patron de Roland, joue moins bien sur cette quinzaine que lors de ses triomphes précédents. La seconde, parce que le Suisse n'a peut-être jamais aussi bien joué sur terre battue. Arrivé dans le dernier carré sans perdre un seul set, le Bâlois a réussi une prestation énorme face à Djokovic. Un succès dont l'une des vertus sera de renforcer sa confiance. Il l'a dit à l'issue de sa demi-finale, l'Helvète croit vraiment en ses chances de vaincre enfin Nadal ici (était-ce toujours le cas lors de ses précédents finales face à lui ici ?). Les clés de cette finale, qui risque d'être perturbée par les orages annoncés, résideront essentiellement dans la capacité de Federer à raccourcir les échanges. Son service, excellent contre le «Djoker», mais aussi la qualité de ses retours pèseront lourds dans la balance. Plus offensif sur terre que ces dernières saisons, avec notamment moins de revers slicés de neutralisation, le détenteur de titres du Grand Chelem devra garder cette agressivité pour faire dérailler le quintuple vainqueur, en quête lui du record de Bjorn Borg (6 titres à Paris). L'Espagnol sait très bien comment jouer Federer sur cette surface, et même ailleurs (il mène tout de même 16 à 8 dans leurs confrontations). En réussissant notamment à jouer long et haut côté revers grâce à son exceptionnel lift pour empêcher l'Helvète d'entrer dans le court. S'il parvient à pousser son adversaire dans des filières longues, alors le gaucher de Manacor aura toutes les chances d'inscrire une sixième fois son nom au palmarès de l'épreuve. Cette finale aura, sans doute, du mal à rivaliser avec le niveau de jeu proposé lors de la fantastique demie Federer-Djokovic. Quoique sait-on jamais... Mais, sur le plan émotionnel, cette nouvelle opposition entre les deux génies du jeu - la 3e déjà en 2011 après les victoires de l'Espagnol à Miami et à Madrid - promet, là-aussi, d'atteindre des sommets. Trois ans après leur dernier duel sur le court Philippe-Chatrier, Nadal et Federer ont encore rendez-vous avec l'histoire.