Au bal des prétendants

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PAUL ROUGET , modifié à
Novak Djokovic et Andy Murray s'affrontent dimanche en finale de l'Open d'Australie, un affrontement inédit en Grand Chelem entre deux joueurs plus proches que l'on ne pourrait le penser. Deux prétendants qui comptent profiter de l'absence de Rafael Nadal et de Roger Federer en finale pour remporter un Majeur après lequel l'Ecossais court toujours, au contraire du Serbe, favori logique de ce duel très attendu.

Novak Djokovic et Andy Murray s'affrontent dimanche en finale de l'Open d'Australie, un affrontement inédit en Grand Chelem entre deux joueurs plus proches que l'on ne pourrait le penser. Deux prétendants qui comptent profiter de l'absence de Rafael Nadal et de Roger Federer en finale pour remporter un Majeur après lequel l'Ecossais court toujours, au contraire du Serbe, favori logique de ce duel très attendu. Ce n'est pas forcément l'affiche que l'on attendait pour cette finale du premier Grand Chelem de l'année, mais elle n'est en pas moins diablement alléchante. Incarnant depuis plusieurs années l'avenir du tennis mondial, Novak Djokovic et Andy Murray, un temps surnommés les "New Kids on the Block", semblent peut-être enfin prêts, à quelques mois de leur 24e anniversaire, à assumer toutes les promesses entrevues et à venir bientôt déloger un duo Nadal-Federer qu'ils ont souvent titillé dans le passé, s'emparant même tour à tour de la place de numéro deux mondial, mais sans jamais parvenir à s'y installer durablement. Une conquête du trône qui passe bien évidemment par des victoires en Grand Chelem, un objectif que l'Ecossais tentera (enfin !) d'atteindre pour son troisième essai à ce niveau et sa deuxième finale consécutive à Melbourne, contrairement au Serbe qui compte lui déjà un Majeur au compteur, une performance accomplie il y a trois ans, lors de la dernière finale de Grand Chelem, avant celle de dimanche, disputée sans le numéro un mondial ou son dauphin, et déjà en Australie (Victoire de Djokovic, n°3, face à Tsonga, alors 38e joueur mondial, 4-6, 6-4, 6-3, 7-6, ndlr). Et si les deux hommes s'apprêtent à réparer une anomalie en ferraillant pour la toute première fois en Grand Chelem, ils ont beaucoup plus en commun qu'on pourrait, a priori, l'imaginer. A tel point que ces deux joueurs pourraient même être qualifiés de faux jumeaux du circuit, au moins au niveau du parcours et en forçant quelque peu le trait, Djokovic ayant éclos avant Murray. Les actuels troisième et cinquième au classement ATP n'ont que deux centimètres (1.90 m pour le Britannique, 1.88 m pour le Serbe) et sept jours d'écart (Murray est né le 15 mai 1987 et Dkojovic une semaine plus tard) et ont tous deux vécu, même si elle n'est en aucun cas comparable, une expérience traumatisante lors de leur enfance. Si le Belgradois a été élevé dans un pays en guerre, le natif de Glasgow a lui échappé au massacre de Dunblane en 1996, lorsqu'un forcené avait mis fin à ses jours après avoir tué 16 de ses camarades d'école. Des expériences et un parcours qui les ont rapprochés dès leur première rencontre, un quart de finale aux Petits As de Tarbes facilement remporté par Murray en 2001 (6-0, 6-1). La météo en arbitre ? Dimanche, ce dernier ne s'attend toutefois pas à un tel score face à Djokovic, qu'il décrit comme "un bon ami" et contre qui il reste sur trois victoires de rang, dont deux succès en finale à Cincinnati (2008) et Miami (2009). "Il a beaucoup changé depuis, j'en suis sûr, sourit Murray. Et je pense que cela va être un peu plus difficile que ça..." Un changement que ne dément pas l'intéressé, impressionnant face à Federer en demi-finale (7-6, 7-5, 6-4), à l'heure de commenter son évolution depuis son succès de 2008. "Je suis plus expérimenté et plus fort, reconnaît le dernier vainqueur de la Coupe Davis. Et puis j'ai dû faire face à des situations que je n'avais jamais connues, comme la pression de défendre un Grand Chelem. J'ai eu des hauts et des bas mais aujourd'hui je suis plus stable, mentalement et physiquement." Une évolution associée à une belle forme actuelle qui font de Novak Djokovic le favori logique de cette finale inédite. Andy Murray, tombeur d'un seul membre du Top 10 en Australie, Ferrer dans le dernier carré et au prix d'un long combat (4-6, 7-6, 6-1, 7-6), est quoi qu'il en soit prêt à endosser le costume d'outsider, espérant secrètement un coup de pouce de la météo face à un adversaire déjà victime de coups de chaleur par le passé. "Si c'est un problème pour lui, alors c'est forcément un avantage pour moi", avoue celui qui sera à "110 %" dimanche. Et ce ne sera certainement pas de trop...