Alonso diable vauvert

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Yannick SAGORIN , modifié à
Il est revenu de l'enfer, Fernando Alonso. Tout de rouge vêtu, le Taureau des Asturies est de retour sur le devant de la scène, sous la bannière d'un cheval cabré de nouveau fringant. En l'espace de deux Grands Prix victorieux, l'Espagnol s'est attiré la faveur des pronostics dans la course au titre mondial, alors que Mark Webber domine toujours la hiérarchie. De quoi inquiéter la concurrence.

Il est revenu de l'enfer, Fernando Alonso. Tout de rouge vêtu, le Taureau des Asturies est de retour sur le devant de la scène, sous la bannière d'un cheval cabré de nouveau fringant. En l'espace de deux Grands Prix victorieux, l'Espagnol s'est attiré la faveur des pronostics dans la course au titre mondial, alors que Mark Webber domine toujours la hiérarchie. De quoi inquiéter la concurrence. Il y a un mois et demi, alors qu'il affirmait avec un aplomb désarmant qu'il avait 50% de chances de conquérir cette saison son troisième titre de champion du monde, le doute, au mieux, était permis. Trois Grands Prix plus tard, et malgré un abandon fâcheux à Spa, la confiance alors affichée par Fernando Alonso paraît bien moins arrogante. Vainqueur coup sur coup à Monza et à Singapour, l'Espagnol s'est hissé au deuxième rang du classement, dans la roue d'un Mark Webber distant de 11 longueurs. Autant dire pas grand-chose lorsque le lauréat d'une course rafle 25 points, soit sept de plus que son premier dauphin. "Les gens voyaient Ferrari faire un très mauvais championnat 2010, nous reprochant beaucoup d'erreurs. Et maintenant après deux courses je suis deuxième du championnat, à 11 points de Mark. Tout peut arriver dans ces quatre dernières courses. L'un d'entre nous peut très bien gagner deux ou trois Grands Prix d'affilée et être en excellente position, ou alors subir un ou deux abandons et se retrouver mathématiquement hors du coup pour le titre", analysait l'intéressé, dimanche, après son triomphe sur le Marina Bay, teintant alors son discours d'une humilité subite: "Les chances de titre sont à peu près les mêmes pour tout le monde." Dans les faits, alors que 25 unités seulement séparent le leader du championnat et le cinquième pilote de la hiérarchie actuelle, Jenson Button, difficile de contredire le fer de lance du team Ferrari. Et pourtant au vu de la dynamique du moment, Fernando Alonso et la Scuderia semblent bien avoir pris l'ascendant sur leurs rivaux. "La voiture me convient de plus en plus, mais j'ai besoin encore d'en tirer le maximum. Depuis Spa, on est de plus en plus confiants, donc nous n'avons pas de craintes particulières pour les derniers Grands Prix, même si nous savons qu'il y aura certains week-ends où ce sera plus compliqué", concède l'ancien double champion du monde. "Je suis au meilleur de ma forme et de ma motivation" En état de grâce ces temps-ci, propulsé sur la plus haute marche à trois reprises sur les cinq derniers Grands Prix en date alors qu'il restait sur une mauvaise passe de neuf courses avant Hockenheim - une période difficile tout juste nuancée par deux podiums après sa victoire initiale à Bahreïn - Fernando Alonso sait mieux que personne que le vent tourne vite en F1. Sacré en 2005 et 2006 avec Renault, puis privé du triplé pour un point en 2007, tandis que sa rivalité avec Lewis Hamilton chez McLaren fit les affaires de Kimi Räikkönen, le Taureau des Asturies a depuis mangé son pain noir. Se contentant de deux succès seulement en 2008 et 2009, pour le compte de l'écurie au losange, dont un signé à Singapour avec les remous que l'on sait par la suite... Revenu du diable vauvert, donc, et enfin soutenu dans ses ambitions par une F10 apparue fiable et véloce en Italie comme à Singapour, sur deux circuits aux profils et aux exigences pourtant diamétralement opposés, Fernando Alonso semble aujourd'hui paré à prendre sa revanche. "Vous savez, avoir à gérer une saison de dix mois n'arrive pas forcément dans tous les sports. Donc vous ne pouvez pas être à 100% sur toute l'année. Il y a toujours des hauts et des bas et on peut dire qu'à ce moment du championnat, je suis au meilleur de ma forme et de ma motivation. C'est bien que cela arrive maintenant." Et le pilote rouge d'annoncer la couleur, comme un avertissement à la concurrence: "Il m'arrive parfois de fatiguer en septembre, entre les courses, les voyages... Cette année, c'est différent. J'ai la sensation que le championnat vient à peine de démarrer, donc je suis très heureux de voir le Japon se profiler." En cas de nouvelle performance dans dix jours à Suzuka, il ne sera sans doute plus question d'équilibre des chances...