23 ans de carrière, régularité record, malchance... À Roland-Garros, la dernière danse de Richard Gasquet

Richard Gasquet, 39 ans dont 23 à arpenter les terrains de tennis du monde entier, a choisi Roland-Garros pour conclure une très riche carrière. Sans figurer parmi les plus grands de l'histoire de son sport, il a contribué à placer la France sur la carte du tennis mondial et su gagner les cœurs des fans.
Il est l’un des visages les plus emblématiques du tennis au 21e siècle. Il a décroché ses premiers succès sur le circuit à une époque où Carlos Alcaraz et Arthur Fils n’avaient pas encore vu le jour. Richard Gasquet, 39 ans, va disputer, la semaine prochaine, ses derniers échanges sur la terre battue de Roland-Garros. À l’issue du Grand Chelem parisien, il raccrochera la raquette, refermant ainsi le livre de son immense carrière dont les chiffres peuvent donner le tournis.
Richard Gasquet, c’est d’abord une longévité rarissime dans le sport de haut niveau. Le natif de Béziers aura arpenté le circuit pendant 23 ans, de sa première victoire en 2002 à Monte-Carlo, à l’âge de 15 ans et 10 mois – faisant de lui le plus jeune joueur de l’histoire à remporter un match en Masters 1000 - à cette édition 2025 de Roland-Garros.
Plus de deux décennies au cours desquelles l’Héraultais a disputé plus de 1.000 matchs et intégré le cercle très restreint des joueurs comptabilisant plus de 600 victoires sur le circuit aux côtés de Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray. Il est également le seul joueur avec Roger Federer à avoir bouclé 24 saisons consécutives avec au moins une victoire sur le circuit. Enfin, celui qui a atteint la 7e place mondiale en 2007 aura passé plus de 19 ans, 945 semaines très exactement, dans le top 100. Seuls Federer et Nadal font mieux dans l’histoire.
En 2005, la gloire face au numéro 1 mondial
Alors certes, le Français n’affiche pas le palmarès le plus ronflant de l’histoire de son sport. Aucun tournoi du Grand chelem à son actif, aucun Masters 1000 et un total de 16 titres remportés en simple, tous en ATP 250. Suffisant toutefois pour faire de lui le deuxième tricolore le plus titré de l'histoire derrière Yannick Noah et Jo-Wilfried Tsonga mais devant Gaël Monfils et Gilles Simon. Un bilan plus qu’honorable pour un joueur qui, à l’instar de ses compatriotes de l’époque, a subi le règne quasi sans partage du trio Nadal, Djokovic, Federer qui n’aura laissé que des miettes au reste du circuit.
Un trio que Richard Gasquet a beaucoup croisé aux quatre coins du monde. C’est d’ailleurs face à Roger Federer que le Biterrois réalisera l’un de ses plus grands exploits en carrière, en 2005 au Masters 1000 de Monte-Carlo. Une victoire en trois manches 6-7, 6-2, 7-6 en quart de finale face à un Suisse alors au sommet de son art. Gasquet n’a, depuis, battu qu’une seule fois le champion hélvète, au Masters 1000 de Rome en 2011. Contre Djokovic, Gasquet ne connaîtra qu’une seule fois les joies de la victoire, en 2007, lors du Masters de fin d’année, réunissant les meilleurs joueurs de la saison, mais jamais contre Nadal, son rival d’adolescence, contre lequel il s'imposera plusieurs fois dans les tournois juniors, mais jamais chez les pros. Les deux hommes annonceront d'ailleurs le même jour la fin de leur carrière : le 10 octobre 2024.
"C’est quand même de la malchance de tomber sur cette génération-là. J’aurais aimé tomber avant, entre 2000 et 2005 ou peut-être aujourd’hui où les joueurs sont un peu plus jeunes. […] Mais c’est une chance, aussi, d’avoir pu jouer pendant cette époque qui était incroyable. Énormément de gens suivaient le tennis, j’ai eu beaucoup de soutien", confiait Gasquet début mai sur Europe 1 au micro de Jacques Vendroux.
Wimbledon, US Open et cocaïne
Ce trio vorace n’aura cependant pas réussi à priver le Biterrois de grandes émotions sur le circuit. Comme ce jour de juillet 2007 sur le gazon londonien de Wimbledon où Richard Gasquet, au terme d’une bataille homérique, écarte l’Américain Andy Roddick, alors 3e joueur mondial, en quart de finale pour disputer la première demi-finale en Grand chelem de sa carrière. Un succès en cinq sets, acquis malgré la perte des deux premières manches, qui l’a conduit vers une confrontation de prestige, hélas perdue, face au maître des lieux, Roger Federer. Gasquet connaîtra deux autres demi-finales dans les tournois majeurs : en 2013 à l’US Open, après un exploit en quart contre l’Espagnol David Ferrer, 4e mondial, puis en 2015, de nouveau à Wimbledon. Un parcours marqué par un immense succès en quart de finale contre le Suisse Stan Wawrinka, vainqueur de Roland-Garros quelques semaines auparavant. Mais systématiquement, les rêves du Biterrois prendront fin face à un membre du trio.
Des émotions dont Richard Gasquet aura toutefois été privé pendant deux mois et demi, fin 2009, après un contrôle positif à la cocaïne qui faisait suite à son forfait pour le Masters 1000 de Miami en raison de "douleurs persistantes à l’épaule droite". Le vendredi 27 mars de cette année-là, le tricolore se rend à une soirée en boîte de nuit à Miami Beach, en compagnie de son équipe. Le test antidopage réalisé dans la foulée de l'annonce de son forfait, le lendemain, révèlera la présence d’environ 151 ng/ml de cocaïne dans l’échantillon d’urine du joueur. L’affaire fait l’effet d’une bombe dans le monde de la petite balle jaune et les soupçons autour de l’hygiène de vie du Biterrois vont bon train jusqu’à ce qu’un rapport toxicologique n’innocente Gasquet en validant la thèse d’une contamination involontaire.
Un épisode douloureux qui n’entamera guère son crédit auprès d’un public français qu’il a su conquérir au fil de ses pérégrinations sur le circuit. "J'ai vraiment ressenti l'amour des gens, surtout ceux qui m'ont supporté en Coupe Davis, à Roland-Garros, à Bercy, dans les tournois français", témoigne, toujours sur Europe 1, l’Héraultais pour qui finir à Roland-Garros ressemblait à une évidence : "C'est un lieu qui est symbolique. C'est quand même le plus grand tournoi pour un joueur français, donc je suis heureux de m'arrêter là-bas". Un point final rêvé pour un digne représentant du tennis tricolore. Assurément l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de son pays.