INDRANIL MUKHERJEE / AFP 2:23
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Thibaud Le Meneec
De plus en plus de parents sont confrontés à l'addiction infantile aux écrans. Wahiba a expliqué sur Europe 1, vendredi, comment sa petite fille a tardé à grandir et développer son langage, avant d'être quasiment sevrée.
LE TOUR DE LA QUESTION

Wahiba est mère d'Assia, qui a eu 2 ans en novembre. Malgré son très jeune âge, cette petite fille souffrait d'une addiction aux écrans qui se traduisait par un déficit de la parole, un défaut de sociabilité et des troubles alimentaires. Dans Le Tour de la question sur Europe 1, vendredi, Wahiba a décrit cette pathologie et la solution trouvée pour permettre à sa fille de connaître une croissance "plus normale".

"Elle a deux grandes sœurs qui regardaient souvent la télé en mangeant, après l'école, un peu tout le temps. Au départ, je n'avais pas du tout fait le rapprochement avec la télé. Plus elle grandissait, plus je voyais qu'elle avait un comportement qui n'était  pas vraiment normal : elle ne parlait pas, elle avait presque deux ans et ne disait aucun mot à part papa et maman. À part moi et son père, elle ne tolérait personne d'autre, même pas la famille proche. Elle était très agressive, très renfermée et très introvertie. Si on la regardait dans les yeux, elle se mettait à hurler, se frappait le visage et se jetait par terre. On ne pouvait pas l'embrasser ni lui faire de câlins."

Elle avait aussi des troubles alimentaires, elle ne mangeait pas. Devant un écran, elle était calme. Elle ne mangeait que quand il y avait la télé, malheureusement. Pour qu'elle puisse finir ses assiettes, on était obligés de tenir un téléphone ou la tablette devant elle. 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

À 22 mois, quand j'ai vu qu'elle avait un comportement anormal pour une enfant de son âge, j'en ai parlé à ma pédiatre qui m'a posé plein de questions. À partir de là, on a fait le lien avec la surexposition aux écrans. Elle m'a conseillé de tout arrêter pendant quelques semaines. J'ai tout arrêté, même pour les adultes.

Au bout d'une semaine sans télé, j'ai vu des progrès, elle a commencé à interagir avec les personnes autour d'elle, à parler. Aujourd'hui encore, la télé c'est le week-end, un dessin animé et c'est tout. Maintenant, elle sourit et elle est sociable."

Quelques conseils pour lutter contre l'addiction infantile aux écrans

Dans le studio, les spécialistes de cette question des écrans chez les enfants ont livré quelques conseils pour les parents qui seraient confrontés à ce problème, qui se développe à mesure que le nombre d'écrans augmente dans les foyers français : en premier lieu, il est conseillé de ne pas soumettre les enfants de moins 2 ans aux écrans, explique Sylvie Dieu Osika, pédiatre et praticienne attachée à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy.

Ensuite, il est important de "mettre un début et une fin à la consultation des écrans", rappelle Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance, une association de protection de l'enfance sur internet et spécialiste du cyber-harcèlement. Elle conseille également de ne pas créer de comptes sur des sites ou des applications pour les enfants trop jeunes afin de "ne pas trop favoriser la fascination pour leurs propres images", prévient la spécialiste

Au moment de regarder les écrans, il faut encadrer et faire le lien avec la réalité, car "un enfant ne peut apprendre qu'en 3D", explique-t-elle. Les laisser consulter télévision et téléphones seuls est fortement déconseillé. Enfin, en cas d'addiction déclarée, le sevrage doit être complet, préconise Sylvie Dieu Osika.