Violences faites aux femmes : comment le tchat en ligne peut libérer la parole

Pour libérer la parole des femmes victimes de violences, les membres de l'association "En avant toutes" ont ainsi choisi de passer par Internet.
Pour libérer la parole des femmes victimes de violences, les membres de l'association "En avant toutes" ont ainsi choisi de passer par Internet. © BAY ISMOYO / AFP
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Par Jean-Baptiste Soldaïni, édité par C.O.
Certaines femmes se sentent davantage en confiance sur Internet, elles retrouvent une intimité qu'elles n'ont pas dans les appels téléphoniques.

Près de 70.000 appels sont passés chaque année sur le 3919, le numéro d'urgence destiné aux femmes victimes de violences. Mais les femmes de moins de 20 ans prises en charge par cette plateforme d'appel sont sous-représentées. Pour libérer leur parole, les membres de l'association En avant toutes ont ainsi choisi de passer par Internet et leur service de tchat pour recueillir leurs témoignages.

"On peut prendre plus son temps". Par écrit, certaines femmes se sentent en confiance. Elles retrouvent une intimité qu'elles n'ont pas dans les appels téléphoniques. "On peut avoir un peu honte de la voix qui tremble, des pleurs qui peuvent arriver. Et derrière l'ordinateur, on peut prendre un peu plus son temps", explique Louise de l'association En avant toutes. "Et puis, on voit partout le mot violence conjugale, ce qui veut dire qu'on est marié. Or les jeunes femmes qui viennent sur le tchat ne sont jamais mariées". Elles pensent donc parfois ne pas être victimes de violences conjugales et ne le réalisent qu'au fil de la discussion.

"Faire ressortir les émotions". La parole se libère aussi plus aisément que face à un policier au moment du dépôt de plainte. "Devant un policier, on nous demande d'établir des faits mais pas de décrire des émotions", témoigne Johanne, victime des coups de son petit ami. "Avec le tchat, ce qui ressort beaucoup, ce sont justement les émotions. C'est sûrement dû au fait de ne pas avoir de personne en face. Dans le comportement, on voit qu'il n'y a pas de jugement", assure-t-elle.

Se confier à un proche. Le but des bénévoles de l'association est de pousser les femmes victimes de violences à se confier à un proche. Et si ce n'est pas possible, elles peuvent en dernier recours alerter les autorités par une lettre au procureur de la République.