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Laetitia Drevet
Luc Frémiot, jeune retraité de la magistrature en lutte depuis 15 ans contre les violences conjugales, est sceptique quant à l'utilité du Grenelle contre les violences conjugales, qui s'achève lundi. Pour lui, le plus urgent est de faire appliquer la loi qui existe déjà.
REPORTAGE

49.000 personnes ont défilé samedi à Paris contre les violences faites aux femmes, exhortant le gouvernement à agir, et vite. Soit deux jours avant la fin du Grenelle des violences conjugales, qui doit déboucher lundi sur une quarantaine de nouvelles mesures. Luc Frémiot, ancien magistrat luttant depuis 15 ans contre ces violences, émet pourtant des réserves vis-à-vis de ces deux événements. Il s'explique au micro d'Europe 1. 

Luc Frémiot "salue" la manifestation de samedi, "qui semble être une prise de conscience, même si elle est sporadique". "A certaines périodes, comme au moment du procès de Jacqueline Sauvage, l'opinion publique se mobilise. Puis elle s'étiole par la suite", regrette Luc Frémiot, rappelant que d'autres marches du même type ont déjà eu lieu par le passé. 

"Revenir aux fondamentaux"

L'ancien magistrat n'entretient pas d'espoir quant aux éventuelles retombées du Grenelle des violences conjugales. "Au départ je le prenais pour un coup de com'. Mais aujourd’hui, je me pose la question de savoir si ce n'est pas de l’incompétence", accuse-t-il.

L'ancien magistrat remet en cause la kyrielle de nouvelles mesures qui se dessinent à l'issue du Grenelle. "Une grille d’évaluation des violences conjugales à la disposition des enquêteurs ? Un simple test par 'oui' ou 'non' ? Il faut plutôt revenir aux fondamentaux." Et d'ajouter : "Il faut prendre les plaintes, les instruire correctement, et les parquets doivent suivre. Nous avons déjà l'arsenal judiciaire, il faut maintenant l'appliquer."

"On fait comme s'il s'agissait d'une fatalité"

Luc Frémiot réclame même des "mesures coercitives" qui sanctionneraient fonctionnaires de police, gendarmes et parquets qui traiteraient mal ou à la légère les plaintes de victimes de violences conjugales. "On fait comme s'il s'agissait d'une fatalité. Il faut absolument qu'on traite le problème des violences conjugales à la racine."