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Sandrine Prioul (à Nantes), édité par Solène Leroux , modifié à
Les chiffres des tentatives de suicide chez les jeunes se sont encore dégradés. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir des idées noires et à se mettre en danger. Des états dépressifs déclenchés par la crise du Covid-19 et qui fait des victimes de plus en plus jeunes. À Nantes, un centre de prévention du suicide accueille les 15-20 ans.
REPORTAGE

On l'a découvert à la sortie du premier confinement. Les conséquences sur la santé mentale des Français ont été désastreuses, tout particulièrement chez les plus jeunes. Deux ans plus tard, les chiffres des tentatives de suicide chez les jeunes se sont encore dégradés. Solitude, sinistrose, manque de perspective… Ils sont de plus en plus nombreux à avoir des idées noires et à se mettre en danger. Des états dépressifs déclenchés par la crise du Covid-19 et qui fait des victimes de plus en plus jeunes. À Nantes, un centre de prévention du suicide des jeunes accueille et accompagne les 15-20 ans pour une prise en charge psychiatrique et psychologique.

Ils suivent des cures d'une dizaine de jours. "Les jeunes sont en difficulté. On a même parlé d'épidémie de solitude", alerte le docteur Rachel Bocher, dans son unité de prévention du suicide des jeunes. "La pandémie a mis le projecteur sur la santé mentale des jeunes, qui a été totalement oubliée, niée ou minimisée. En disant des jeunes : 'Toute façon, ça passera toujours.'"

Un travail psy plus profond en période de crise

Cette cheffe du service de psychiatrie veut maintenant des moyens pour son équipe où notamment la psychiatre Lucie Gaïdra doit restreindre l'âge limite de la prise en charge à 20 ans au lieu de 25, faute de places.

"Ce serait nécessaire qu'on ait plus de places. C'est ça qui est vraiment compliqué, c'est qu'on voit qu'il y a beaucoup de demandes et que nous, on a beau faire tout ce qu'on peut, on ne peut pas forcément répondre toujours dans ce moment de la crise", déplore-t-elle au micro d'Europe 1. "Or, c'est dans un moment de la crise qu'on travaille le mieux parce qu'il y a des choses qui s'ouvrent", assure la psychiatre.

Un jeune de 15 à 20 ans hospitalisé chaque jour

Ces praticiens, tout comme le psychologue Guillaume Pineau, s'alertent qu'en France, seul un quart des jeunes en détresse soit pris en charge. Selon lui, "entendre que ça ne va pas bien et qu'il y a des choses qui sont possibles" peut soulager les jeunes. "Il faut rappeler avant tout que dans la crise suicidaire, l'une des grandes difficultés, c'est le sentiment de solitude", précise-t-il. "La mise en place des soins qu'on est en train d'organiser, c'est aussi briser ce sentiment de solitude et ce sentiment aussi d'invisibilité."

Au CHU de Nantes, un jeune de 15 à 20 ans est hospitalisé chaque jour.