Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiennent lundi 27 et mardi 28 septembre 1:51
  • Copié
Elise Denjean, édité par Solène Delinger , modifié à
Fortement affecté par la crise sanitaire, le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie tient des Assises lundi et mardi. Les professionnels attendent des annonces concrètes d'Emmanuel Macron pour améliorer la prise en charge de leurs patients, de plus en plus jeunes.
INFO EUROPE 1

Emmanuel Macron les avait promises il y a plus d'un an : les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiennent enfin ce lundi et mardi. En détresse depuis le début de la crise sanitaire, les professionnels du secteur attendent des annonces concrètes de la part du chef de l'Etat pour remédier à la saturation du système de soins et la mauvaise prise en charge de leurs patients. Un contexte difficile alors que, selon le sondage de la dépression révélé par Europe 1, 30% des moins de 24 ans ont eu des pensées suicidaires ces derniers mois.

La pandémie a joué sur le moral des Français

Les psychiatres et les pédopsychiatres ont de bonnes raisons de se sentir dépassés. L'état de santé d'un malade sur deux s'est en effet dégradé à cause de la crise sanitaire, selon le dernier sondage sur la dépression de l'Unafam, Union nationale des familles de personnes malades, et de la Fondation Pierre Deniker.

La pandémie a clairement joué sur le moral des Français et fragilisé celles et ceux qui souffraient déjà de dépression. C'est notamment le cas d'Hélène, 36 ans, dépressive chronique depuis l'adolescence. Elle avait sorti la tête de l'eau... jusqu'à l'arrivée du premier confinement. "Le Covid et la pandémie ont fait ressortir beaucoup de choses car j'étais en tête à tête avec moi-même donc je n'ai pas eu d'autre choix que de faire face finalement", confie-t-elle au micro d'Europe 1. "C'est là que j'ai enfin pris conscience de la souffrance et de la douleur que je pouvais ressentir et qu'il fallait que je la soigne."

Seul un malade sur trois pris en charge par un professionnel

C'est un des enjeux majeurs des Assises de la santé mentale : la prise en charge des malades. Selon le sondage de la dépression, seul un sur trois est pris en charge par un professionnel de santé. Pourquoi ? Car le système de soins est saturé et qu'il y a un manque de soignants, notamment chez les pédopsychiatres.

"C'est quelque chose à prendre très au sérieux. Je rappelle que la dépression est la maladie qui a l'impact en termes d'incapacité le plus élevé dans le monde, largement au-dessus d'autres maladies comme les maladies cardio-vasculaires", explique le docteur Pierre de Maricourt, psychiatre et chef de service à l'hôpital Saint-Anne à Paris, au micro d'Europe 1. "C'est vraiment une maladie qui touche le fonctionnement au quotidien et qui, chez les jeunes, peut pénaliser leur développement, leur scolarité et donc la suite de leur vie. C'est un enjeu majeur."

"Faire sortir les troubles psychiatriques des murs de l'hôpital"

Contactés par l'AFP, les professionnels ont fait savoir qu'ils espéraient, sans grande conviction, l'annonce par Emmanuel Macron d'un plan d'urgence pour venir au secours d'une "psychiatrie publique sinistrée". A défaut d'obtenir gain de cause, ils souhaitent que les Assises de la psychiatrie aident à lever le tabou autour de la santé mentale. "C’est important de faire sortir les troubles psychiatriques des murs de l’hôpital", s'est réjouie Marie-Jeanne Richard, présidente de l'Unafam, auprès de l'AFP.  Encore aujourd'hui, près de la moitié des personnes atteintes de dépression n'en parlent pas à leur entourage.