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Anaïs Huet
Alors qu'ils n'avaient jamais subi d'actes antisémites en 17 ans de vie à La Garenne-Colombes, Olivier et sa famille ont été ciblés à deux reprises cette semaine par des attaques sur leur confession juive.

Depuis 17 ans qu'Olivier et sa famille vivent à La Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, ils n'avaient jamais subi d'attaques antisémites. Jusqu'à lundi soir où, effarés, ils ont découvert une croix gammée peinte sur la porte de leur appartement. Puis c'est avec effroi que mercredi, ils ont ouvert une lettre anonyme adressée à leur fille de 16 ans, dans laquelle l'auteur proférait des insultes d'une violence inouïe, assorties de menaces de mort.

"Ma fille est très choquée, mon fils a peur". Chez Wendy Bouchard sur Europe 1 jeudi matin, Olivier a rapporté ces faits particulièrement choquants. "C'est ma fille qui a ouvert ce courrier, dans lequel on pouvait notamment lire 'Notre France n'est pas la tienne. 1939 n'est pas fini, Hitler n'est pas mort, il vit dans nos cœurs et toi, t'es juste destinée à être comme tes put* d'ancêtres : gazée'", rapporte-t-il.

"Je suis effondré. Ma fille est très choquée, mon fils a peur. On n'a pas dormi de la nuit, car on ne se sent plus en sécurité. On devient suspicieux, on en vient à se demander si ce ne sont pas des voisins par exemple", confie Olivier, qui a décidé de poster le courrier sur sa page Facebook pour alerter sa communauté. Par deux fois cette semaine, il est donc allé porter plainte. "Je ne veux pas que ça reste impuni. Je ne veux pas me taire", défend-il.

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Un antisémitisme du quotidien. Dans le studio d'Europe 1, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Francis Kalifat, assure recevoir tous les jours des dizaines de témoignages comme celui d'Olivier. "C'est ça la réalité de l'antisémitisme que nous vivons en France, et qui rend aujourd'hui la vie insupportable aux Français juifs", dénonce-t-il. "Je pense très fortement que le sentiment d'impunité dans lequel s'exerce cet antisémitisme du quotidien a facilité cette libération de la parole. Chacun a le sentiment qu'il ne risque pas grand-chose. Pour bloquer cette libération de la parole, il faut sanctionner avec une main forte", exige-t-il.

Des mesures annoncées. Francis Kalifat se réjouit du discours prononcé mercredi par Emmanuel Macron. Le président de la République a notamment annoncé un élargissement de la définition de l'antisémitisme à l'antisionisme, la dissolution de trois associations d'extrême droite, et une proposition de loi "dès le mois de mai" qui vise à renforcer la pression sur les plateformes numériques dans le cadre d'un renforcement de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Pour le président du Crif, "cela ne va pas contribuer à lutter contre l'antisémitisme dans ses racines, mais ça permettra à Olivier et sa fille, un jour, de ne plus recevoir ce type de menaces."