Le village de Chambon-sur-Lignon a reçu un legs de près de 2 millions d'euros de la part d'un juif autrichien qui s'y était réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale. 1:30
  • Copié
Jean-Luc Boujon, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les habitants du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, ont caché plus de 2.500 juifs. Aujourd'hui, l'un d'entre eux, l'Autrichien Erich Schwam, a décidé de leur léguer toute sa fortune, soit près de 2 millions d'euros. Un geste de reconnaissance "extrêmement émouvant", affirme à Europe 1 une adjointe à la mairie.
REPORTAGE

On peut sans doute parler d'un don du ciel. La mairie du Chambon-sur-Lignon, ce village de Haute-Loire mondialement connu pour avoir caché plus de 2.500 Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, vient de recevoir un legs d'un montant de presque 2 millions d'euros. Le donateur ? Un homme, décédé en décembre 2020 à l'âge de 90 ans, juif autrichien et qui, lui aussi, avait trouvé refuge dans le village auvergnat avec sa famille dans les années 1940, après avoir fui son pays annexé par l'Allemagne nazie. Un cadeau inespéré pour la mairie qui cherche à savoir quelle a été la vie de son mystérieux bienfaiteur.

"En remerciement de l'aide que m'ont apporté les habitants"

Il y a un mois, la mairie du Chambon a appris par un notaire qu'un homme, Erich Schwam, décédé quelques jours plus tôt, lui lègue toute sa fortune, à savoir 2 millions d'euros. "Une somme énorme mais très peu d'explications", raconte Denise Vallat, adjointe à la mairie, au micro d'Europe 1. "Dans son testament, il ne s'étend pas beaucoup en disant : 'en remerciement de l'aide que m'ont apportée les habitants du Chambon dans le domaine éducatif', donc c'était très très vague".

Commence alors pour Denise Vallat une véritable enquête. Erich Schwam, juif autrichien, est arrivé au Chambon en 1943, avec son père et sa mère, fuyant leur pays annexé par l'Allemagne. Hébergé dans plusieurs familles, il restera six ans au village. "Il a d'abord fréquenté l'école primaire, et ensuite il est entré a l'école nouvelle cévenole, où il prépare son bac et le passe en 1949. C'est toute son adolescence qu'il va passer ici."

Quelques années plus tard, il est naturalisé français et s'installe près de Lyon pour vivre, se marier et travailler. Mais il n'a visiblement jamais oublié l'hospitalité des gens du village du Chambon. "Savoir qu'une personne a eu suffisamment de reconnaissance envers un village pour avoir un geste pareil, c'est extrêmement émouvant", achève Denise Vallat. Conformément aux souhaits d'Erich Schwam, une partie du legs servira à rénover l'école maternelle, un peu ancienne, du village.