Audience peu ordinaire au tribunal correctionnel de Cusset dans l'Allier, à côté de Vichy : sa plaidoirie achevée, un avocat s'est retrouvé... en garde à vue ! L'avocat était en fait un imposteur, comme le rapporte La Montagne qui a révélé l'affaire. Déjà avant l’audience, sa manière de se prendre en photo avec ses clients avait pour le moins intrigué.
"Aucun contenu juridique"
Ensuite, dans la salle, alors qu’il défendait deux personnes ayant voulu acheter des lingots d’or sur Le Bon Coin et victimes d’une escroquerie, il a décontenancé tout le monde, à commencer par Laurent Béard, le substitut du procureur. "Des doutes sont vraiment apparus compte tenu du caractère complètement décousu de son intervention, du fait qu'il n'y avait aucun contenu juridique au propos qu'il tenait. Il y a eu un moment de flottement parce qu'on sentait bien qu'un doute était en train de naître", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "Lorsque le procureur a insisté pour avoir des documents, il a fini par reconnaître qu'il avait été suspendu, mais ce qui ressort, c'est qu'il n'est pas avocat du tout, n'a jamais été inscrit sur un barreau".
En effet, intriguée par son attitude, la présidente du tribunal lui a même demandé sa carte d’avocat, qu'il a été incapable de produire. "Cela paraît tellement grossier, et pourtant... Il n'a pas fait illusion une seconde quand il a plaidé, ça nous a un peu changé de notre quotidien !", poursuit Laurent Béard.
Déjà mis en examen
Le faux avocat a donc été placé en garde à vue, interpellé sous les yeux de ses clients qui n’en revenaient pas. L’homme est un professionnel de l’escroquerie, Sébastien Buisson, déjà 11 fois condamné, et actuellement mis en examen pour avoir détourné 260.000 euros de dons humanitaires, au préjudice de l’association Les Nez Rouges, qu’il présidait.
Le suspect a été présenté à une juge d'instruction et mis en examen pour "exercice illégal de la profession d'avocat" et "escroquerie" en récidive. Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Les premiers éléments de l'enquête laissent penser qu'il a pu se faire passer pour un avocat auprès d'autres clients. Des investigations complémentaires vont donc être menées sous la direction de la juge d'instruction en charge de cette information judiciaire.