Un ex-policier jugé pour avoir provoqué un accident mortel en roulant ivre

Le policier jugé rentrait dans une voiture banalisée de la traditionnelle soirée annuelle d'un office central de la PJ dans une boîte de nuit. (image d'illustration)
Le policier jugé rentrait dans une voiture banalisée de la traditionnelle soirée annuelle d'un office central de la PJ dans une boîte de nuit. (image d'illustration) © DGPN/SICOP
  • Copié
avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Un ancien policier jugé pour avoir provoqué un accident mortel après une soirée alcoolisée à Paris en 2015 a exprimé jeudi sa "honte" devant le tribunal. 

Un ancien policier de 43 ans comparaissait jeudi à Paris pour avoir provoqué un accident mortel dans la capitale en 2015 alors qu'il rentrait ivre et à vive allure d'une soirée organisée par un service de la police judiciaire. Cet ex-brigadier chef à la PJ de Seine-Saint-Denis aux excellents états de service, depuis révoqué, est jugé pour homicide involontaire aggravé devant le tribunal correctionnel, a appris Europe 1.

Un livreur tué dans la collision. Le 28 mai 2015 à l'aube, le policier, qui n'était pas en service, rentrait dans une voiture banalisée de la traditionnelle soirée annuelle d'un office central de la PJ dans une boîte de nuit du quartier des Champs-Élysées. Roulant à vive allure, il avait grillé au moins six feux rouges puis percuté une camionnette conduite par un livreur de 40 ans, boulevard de Sébastopol. Éjecté de son véhicule sous la violence du choc, Yazid B., père de trois enfants, était mort sur le coup.

Le policier présentait une alcoolémie de 2,13 grammes d'alcool par litre de sang, soit plus de quatre fois le taux autorisé (0,5 gramme) et près de trois fois celui à partir duquel conduire en état d'ébriété devient un délit (0,8 gramme). Poursuivi pour homicide involontaire aggravé par la violation de règles du code de la route et son état alcoolique, il avait été placé en détention avant d'être libéré sous contrôle judiciaire. Dans les rangs du public jeudi, la famille de Yazid B. est venue en nombre pour soutenir sa veuve. 

"Je suis hanté, j'ai honte". "Je suis hanté par ce qui s'est passé", a déclaré le policier, costume sombre, à la barre. "J'ai honte de moi, honte pour la Police nationale aussi, je pense très fort à la famille", a-t-il ajouté, "je veux leur dire pardon même si je sais que c'est impardonnable". "Je ne comprends toujours pas aujourd'hui comment j'ai pu me comporter ainsi", a-t-il affirmé, expliquant n'avoir "aucun souvenir du choc". Un collègue du prévenu, qui était sur le siège passager, avait été entendu comme témoin. Il présentait un taux d'alcoolémie d'1,64 gramme dans le sang. 

La procureure a requis jeudi à l'encontre de l'ancien policier trois ans de prison, dont deux avec sursis, et une interdiction de conduire pendant dix ans. L'avocate de la famille de la victime compte pour sa part se battre sur les dommages et intérêts, ce qui annonce une âpre bataille judiciaire, car le livreur ne portait pas de ceinture de sécurité au soir de son décès. Le jugement sera rendu le 22 novembre.