Un policier ivre jugé pour avoir tué un livreur : "Je sais qu'il regrette mais c'est trop tard"

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Pierre de Cossette, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
En mai 2015, un livreur de boulangeries perdait la vie en plein Paris à 4h du matin, après avoir été percuté par une voiture à bord de laquelle se trouvaient deux policiers qui sortaient d'une fête. Le chauffeur, qui était alcoolisé, est jugé jeudi.

Il y a trois ans, un livreur de boulangeries mourait à Paris en pleine nuit, percuté par une voiture à 4h du matin. A bord, deux policiers de la PJ de Seine-Saint-Denis, qui sortaient d'une fête de l'office des stups. Le véhicule, qui roulait trop vite, avait grillé deux feux rouges. Le chauffeur conduisait avec un taux d'alcoolémie de 2 grammes. Il est jugé jeudi après-midi pour homicide involontaire aggravé.

"Mon mari est parti, il ne va pas revenir." A quelques heures de se retrouver face au policier qui a tué son mari, le femme de la victime a du mal à pardonner. Cela fait trois ans que Lila tente de masquer sa peine face à ses trois enfants, privés à jamais de leur père. Depuis ce matin de mai 2015, elle tente de retrouver une vie normale.

"Je sais qu'il va dire qu'il regrette ce qu'il a fait mais c'est trop tard. Mon mari est parti, il ne va pas revenir. J'ai du mal à comprendre que ce soit des policiers qui ont fait ça alors qu'ils sont là pour nous protéger", confie-t-elle au micro d'Europe 1.

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"On n'est pas dans la vengeance." Le brigadier chef, à la carrière irréprochable jusque-là, a été révoqué de la police depuis. Lui-même père de famille, a passé deux mois en détention provisoire. Voilà pourquoi la sœur du livreur, si elle réclame justice, ne veut pas en rajouter : "Ce qu'on s'est dit, c'est qu'il avait une famille, une fille, une femme et que elles, elles n'avaient rien demandé. Elles n'ont pas demandé à ce que le marie boive à n'en plus finir et qu'il tue quelqu'un en rentrant de sa soirée. Cette petite fille, elle n'a pas demandé à aller voir son père tous les samedis au parloir."

"On n'est pas dans la vengeance. Maintenant, s'il n'y a pas de sanction et que les autres policiers continuent à aller à des soirées où il y a de l'alcool qui coule à flots, il y aura peut-être encore un mort. Il faut éviter ça", ajoute-t-elle. Plus qu'une peine de prison, la famille du livreur espère de ce procès que la justice établira une responsabilité financière chez le policier.