Treize personnes interpellées pendant une troisième nuit de violences à Sevran et Aulnay

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Au total, 11 containers poubelle et quatre véhicules ont été incendiés, et des barricades de fortune érigées, a appris l'AFP de source policière. © XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP
Treize personnes dont cinq mineurs ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi à Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, pour des incendies, dégradations et violences, expression d'une colère née après la mort d'un habitant tué par un tir policier samedi. 

Treize personnes dont cinq mineurs ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi à Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, pour des incendies, dégradations et violences, expression d'une colère née après la mort d'un habitant tué par un tir policier samedi. Plus calme que les deux nuits précédentes, la soirée a toutefois été marquée par plusieurs incendies sur les trois communes.

11 poubelles et quatre véhicules incendiés

Au total, 11 containers poubelle et quatre véhicules ont été incendiés, et des barricades de fortune érigées, a appris l'AFP de source policière. Vers 1h30 à Sevran, une ancienne salle de sport désaffectée de 100m2 a été détruite par les flammes. Aucune personne n'a été blessée, selon la même source. Durant ces heurts, 13 personnes, dont 5 mineurs, ont été arrêtées, soupçonnées de dégradations par incendie et tirs de projectiles sur les forces de l'ordre.

Dix gardes en vue se poursuivaient mardi soir, et trois personnes ont été présentées à un juge pour répondre de "rébellion" ou de "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique avec arme par destination", a indiqué le parquet de Bobigny. Les deux jours précédents, 16 personnes avaient été placées en garde à vue. Trois d'entre elles ont été écrouées en attendant leur procès.

A moins de deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat d'extrême droite Éric Zemmour s'est rendu mardi au commissariat de Sevran et devant le local incendié. "Nous éradiquerons la racaille comme il fallait terroriser les terroristes", a-t-il déclaré à la presse. "En se précipitant à Sevran, Éric Zemmour se comporte en charognard. Les forces de l'ordre comme les habitant.e.s ont besoin de justice et d'apaisement", a réagi sur Twitter le président socialiste de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

Le tir à l'origine du décès

Ces dégradations et violences font suite à la mort samedi de Jean-Paul dit "JP", un habitant du quartier des Beaudottes à Sevran, père de quatre enfants. Vers 12h30 samedi, un équipage de la brigade anti-criminalité (BAC) d'Aulnay-sous-Bois est requis pour pister une fourgonnette signalée volée. Il tente de procéder au contrôle du chauffeur, arrêté à un feu rouge sur une rue de cette ville.

"Un policier s'est porté à la hauteur de la vitre du conducteur et, dans des circonstances qui restent à déterminer précisément, a fait usage de son arme - un seul coup de feu - au moment où la camionnette redémarrait brusquement", a retracé dimanche Éric Mathais, le procureur de Bobigny. Grièvement blessé à l'omoplate gauche, selon une source policière, le chauffeur de la fourgonnette est mort en fin d'après-midi à l'hôpital. L'autopsie a confirmé que le tir était à l'origine du décès, a indiqué Éric Mathais.

"C'est un meurtre, c'est une injustice", ont dénoncé des habitants rencontrés par l'AFP lundi. Selon leurs récits, "JP" était un chauffeur livreur indépendant qui travaillait pour un prestataire d'une plateforme de livraison de colis. Il avait subtilisé la camionnette en raison d'un litige financier entre eux. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de l'enquête. Le policier, âgé de 32 ans et hospitalisé "en état de choc", "doit être entendu dans les jours à venir" dès que son état le permettra, a indiqué le parquet.