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Stéphane Burgatt / Crédit photo : FADEL SENNA / AFP , modifié à
À Marseille, la prison des Baumettes est loin d’être étanche. Le problème est reconnu et pointé du doigt. Lors de la mission sénatoriale qui s’est penchée récemment sur le trafic de drogue qui gangrène la cité phocéenne, les magistrats ont fait remonter leurs vives inquiétudes.

Selon les enquêteurs, même derrière les barreaux, les dealers peuvent continuer à donner des ordres et téléphoner illégalement vers l'extérieur. Aux Baumettes, à Marseille, les premiers témoins de cette porosité sont les voisins. Depuis les villas situées en face des murs et miradors de la prison, Éliane Gastaut, animatrice du réseau "Les voisins des Baumettes", observe régulièrement le même manège. "J’habite une rue parallèle à la prison qui est assez isolée. Je vois les femmes des détenus mettre des choses sous leurs jupes. C’est sûr qu’il y a des choses qui entrent par là. Les visiteurs ne sont pas fouillés, c'est interdit", déplore-t-elle.

Des livraisons nocturnes

La nuit tombée, les abords sont le terrain de parloirs sauvages. Eliane a pris des photos, par exemple, d’hommes montant sur le toit des voitures pour échanger avec des prisonniers. D’autres n’hésiteraient pas à passer des commandes à des complices à l'extérieur. Exemple le mois dernier devant le bâtiment des femmes : "En s’adressant à un complice depuis leur cellule, des femmes criaient assez fort pour que tout le monde entende ‘tu vas au bar tabac d’à côté, tu dis que tu viens de la part d’untel et tu viens nous l’apporter’. Je ne sais pas ce qu’il lui a apporté. C’était quelqu’un à scooter. Il est passé par le terrain vague qui surplombe le bâtiment des femmes", raconte Eliane Gastaut. Selon elle, le livreur, hilare, aurait alors klaxonné pour vanter l’efficacité du "drive des Baumettes".

Certains téléphones échappent aux détecteurs

Dans l’enceinte, même constat. Dans les cellules, les téléphones portables circulent facilement parmi les prisonniers. "Ce n’est pas d’hier et ce n’est pas qu’à Marseille. Les téléphones portables vous savez très bien que ça rentre. Si on savait comment, on pourrait l’arrêter, mais nous sommes en sous-effectif sévère. Il faut savoir qu’il y a aussi beaucoup de téléphones qui ne sont pas repérés aux portiques de sécurité. Il y a des brouilleurs téléphoniques oui, mais nous ça nous empêche de travailler, nous n’avons pas de réseau. Les prisonniers, eux, y arrivent mais je ne sais pas comment", regrette Cathy Forzi, secrétaire locale du syndicat FO.

Ce qui ne manque pas d’interroger également le voisinage des Baumettes où le réseau téléphonique est fortement impacté par la puissance des brouilleurs.