TÉMOIGNAGE - Dix ans après, un des policiers de la BAC, cible des frères Kouachi après l'attaque de Charlie Hebdo, raconte
Entre le rire toujours et les larmes, l'hebdomadaire Charlie Hebdo s'affiche "increvable" pour les commémorations mardi des attentats jihadistes d'il y a dix ans contre sa rédaction. Dix ans après, un des policiers de la BAC, cible des frères Kouachi après l'attaque de Charlie Hebdo, raconte ce face-à-face terrifiant à Europe 1.
Dix ans après l'attentat, l'hebdomadaire Charlie Hebdo titre son numéro spécial publié ce mardi "Increvable". L'attaque du 7 janvier 2015 a fait douze morts, dont huit membres de la rédaction. Parmi eux, les dessinateurs Cabu, Charb ou encore Wolinski. Des tirs à la kalachnikov par les frères Kouachi qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda.
Après avoir commis leur massacre, Saïd et Chérif Kouachi sortent du bâtiment, au 10 rue Nicolas Appert dans le 11e arrondissement de Paris. Ils tombent alors sur trois policiers de la BAC, appelés par des riverains qui avaient entendu les coups de feu. Parmi ces policiers, Jean-Sébastien Mayol a été le premier à se retrouver nez à nez avec les terroristes. Dix ans plus tard, il raconte ce face-à-face terrifiant à Europe 1.
"Ils avaient l'air euphoriques"
11h20, le 7 janvier 2015, la vie de Jean-Sébastien Mayol et de ses collègues de la BAC basculent soudainement dans l'horreur. "On a entendu une déflagration juste derrière la porte d'entrée. On a vu deux hommes qui nous ont littéralement pris pour cible. Ils avaient l'air euphoriques, ils avaient des armes lourdes. On a essayé de répliquer, mais on avait l'impression de lancer des cailloux par rapport à ce qu'ils lançaient avec leurs armes. On était vraiment dans l'incompréhension totale", raconte-t-il.
Miraculeusement indemne, le policier constate, impuissant, la fuite des terroristes en voiture. Avec ses collègues, il pénètre alors dans les locaux de Charlie Hebdo, théâtre, quelques minutes plus tôt, de la barbarie la plus totale. "C'était une atmosphère très pesante. Ça sentait la poudre. On a découvert la scène d'horreur, plusieurs corps ensanglantés... Ce qui était marquant, c'était le silence de mort qu'il y avait dans ces locaux... Il n'y avait aucun bruit", se remémore-t-il.
"L'équipe de Charlie est devenue une famille"
Une scène d'horreur que le policier peine encore aujourd'hui à oublier. "Le fait d'avoir assisté aux trois procès, ça a permis de tisser des liens avec certaines victimes. L'équipe de Charlie est devenue une famille. C'est une étape qui m'a donné une vision différente de la vie. Être vivant, c'est quelque chose d'exceptionnel, il faut en profiter", conclut-il au micro d'Europe 1.
Toujours membres de la BAC, Jean-Sébastien Mayol a néanmoins quitté la capitale, devenue trop douloureuse pour lui et sa famille.