Gaston, 17 ans, peaufine le dessin qu'il a imaginé pour le Une de ce journal spécial : "J'ai dessiné des lycéens qui ont une piñata. Il y a les têtes des frères Kouachi dessus. Ils frappent dessus avec un crayon et un des deux dit 'Vas-y, nique-les !". À ses côtés, Riss : "Il faut arriver à trouver peut-être un ou deux personnages, mais pas plus, un titre, un slogan. Il faut que ce soit comme un coup de poing". 

"Je pense que ce numéro témoigne bien que la jeunesse a toujours son rôle à jouer"

Le directeur de la publication de Charlie, survivant de l'attentat, prodigue de précieux conseils et se prête avec plaisir à l'exercice : "Dix ans après, c'est réconfortant de voir que le goût pour faire un journal, pour faire un dessin, est toujours présent. Ils ont de l'inspiration, ils ont envie de dire des choses. Il faut oser dessiner, il faut oser dire ce que vous pensez, il ne faut pas avoir peur". 

200 lycéens de 14 établissements ont participé à ce projet. Une fierté pour Marie et Enzo : "On a un certain poids sur les épaules, cela reste le journal pour les 10 ans de l'attentat, c'est important. Il y a dix ans, j'avais six ans, je ne réalisais pas et aujourd'hui, quand même, l'impact que ça peut avoir sur tout ce qui est liberté d'expression", explique Marie. 

"On entend souvent que la jeunesse ne s'exprime pas. Eh bien, je pense que ce numéro témoigne bien que la jeunesse a toujours son rôle à jouer", affirme Enzo. Le journal sera distribué ce mardi à 22.000 exemplaires, dans tous les lycées du Grand Est.