«Tarlouze», «boche», «schleu»... le Scrabble interdit plusieurs mots qu'il juge offensants

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Plusieurs mots et insultes jugés offensants ont été retirés des mots jouables au Scrabble en France. © DENIS CHARLET / AFP
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Juliette Moreau Alvarez
En France, les règles du Scrabble ont changé pour devenir moins "offensantes". Plusieurs dizaines de mots ont été bannis par les règles officielles, jugés racistes, homophobes ou encore xénophobes. Une décision de Mattel que certains ne comprennent pas, dénonçant une censure du langage au nom du "wokisme".

Le plus célèbre des jeux de lettres serre la vis. À l'approche de Noël, de nombreux Français retrouveront au pied de leur sapin des jeux de société, et parmi eux l'incontournable Scrabble. Mais depuis cet été, par soucis d'inclusivité, l'entreprise Mattel, propriétaire du jeu, a décidé d'interdire une liste précise de mots jugés offensants. Cette nouvelle règle a provoqué un élan de réactions, notamment depuis que L'Express a repéré qu'elle était désormais inscrite dans le livret de jeu Scrabble.

L'initiative vient des États-Unis et est donc désormais appliquée en France. Dans l'Hexagone, 62 mots présents dans le dictionnaire Larousse sont désormais interdits d'utilisation par les joueurs, notamment en compétition officielle. La nouvelle règle exclut des insultes racistes, xénophobes ou encore sexistes comme "tarlouze", "gogole", "schleu", boche", "poufiasse", "travelo" ou encore "nègre".

"Si on interdit tout ce qui est amoral, il ne se passe plus rien"

Rapidement, cette nouvelle règle a été critiquée, notamment par des académiciens. Sur BFMTV, Jean-Marie Rouart, membre de l'Académie Français, déplore une décision qui "purifie" le langage. Il estime que la langue, "y compris les insultes et les injures font partie de l'invention extraordinaire du peuple français". D'autres dénoncent une manifestation du "wokisme" à travers cette décision, inédite depuis l'arrivée du Scrabble en France il y a 67 ans.

"C'est comme dans le cinéma [et plus généralement dans la fiction], si on interdit tout ce qui est amoral, il ne se passe plus rien", pointe Charlotte d'Ornellas au micro d'Europe 1. Pour la journaliste de Valeurs Actuelles, la démarche est inutile. "Il y a quand même beaucoup de gens qui n'ont pas grand chose à faire de leur journée", conclut-elle en rigolant. "Le débat, ce ne sont pas les mots en question. Bien évidemment on s'entendra tous pour dire que les utiliser dans la vie réelle à l'encontre de quelqu'un c'est une chose, les utiliser sur un plateau" en est une autre.

16.000 joueurs en compétition directement concernés

Concrètement, cette règle est surtout effective en compétition. En France, 16.000 personnes sont ainsi directement concernées. Selon les informations de L'Express, la nouvelle édition de "l'Officiel du jeu du Scrabble", publiée aux éditions Larousse et fondée sur la liste officielle des mots autorisés par la Fédération Internationale de Scrabble Francophone (FISF), devrait censurer plus d’une vingtaine de mots, et ce malgré l'avis opposé du comité rédactionnel.

Certains sont au contraire plus indulgents avec cette décision de Mattel. "Sans céder aux sirènes 'wokistes' et à l'inclusion radicale, ça ne me choque pas que l'on n'utilise pas le terme de 'bamboula' par exemple sur une table de Scrabble", indique David Revault d'Allonnes, chef du service politique au JDD, au micro d'Europe 1. "Après, il faut bien évidemment rester dans la règle de l'art, celle qu'indique le Larousse".

Libre aux joueurs du dimanche d'appliquer cette règle à la lettre dans leurs salons, ou d'être plus souples.