Le SNU prendra la forme d'un stage sur le temps scolaire pour les élèves de seconde volontaires. 1:12
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Chloé Lagadou avec AFP / Crédits photo : ROMAIN LONGIERAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
La secrétaire d'Etat à la Jeunesse Sarah El Haïry a annoncé jeudi que le Service national universel (SNU) sera intégré dès mars 2024 au temps scolaire, avec un stage de 12 jours pour les élèves de classe de seconde volontaires. "Il n'y aura pas d'obligation, un peu comme un voyage scolaire", a ajouté la secrétaire d'État.

Promesse d'Emmanuel Macron, le projet controversé du Service national universel franchira en 2024 une nouvelle étape en étant proposé comme un stage de 12 jours sur le temps scolaire à tous les lycéens volontaires malgré les critiques de la communauté éducative. Après des mois d'attente sur une évolution possible du SNU, cher à Emmanuel Macron, la secrétaire d'Etat à la Jeunesse Sarah El Haïry a annoncé jeudi son intégration, dès mars 2024, au temps scolaire, avec un stage de 12 jours pour les élèves de classe de seconde volontaires.

"Un peu comme un voyage scolaire"

Une annonce qui intervient après plus d'un mois de discussions sur l'évolution du SNU avec les organisations syndicales, pour tenter d'aboutir à un projet concret. "Il n'y aura pas d'obligation, un peu comme un voyage scolaire. Ce séjour ne coûtera rien aux établissements, ni aux parents. Cette nouvelle modalité coexistera avec les séjours de cohésion choisis à titre individuel par les jeunes pendant leurs vacances", a détaillé dans un entretien au FigaroSarah El Haïry, en charge du SNU.

Cette formule "permettra à des élèves de seconde, issus de lycées volontaires, de réaliser le séjour de cohésion de douze jours - première étape du SNU - sur le temps scolaire, dans le cadre d'un projet pédagogique de classe", a poursuivi Sarah El Haïry, indiquant que ces séjours débuteront "vers le mois de mars 2024", "dans un autre département que le leur".

Des élèves qui seront mélangés avec d'autres jeunes

Ces élèves âgés de 15 à 16 ans "passeront leur séjour au même endroit que le reste (des élèves volontaires) de leur classe, mais ils seront mélangés dans les maisonnées avec d'autres jeunes qu'ils ne connaissent pas", souligne-t-elle, sans que l'on sache ce qu'il adviendra des élèves ne souhaitant pas participer à ce déplacement. "Tous les élèves de la classe pourront participer au séjour de cohésion, y compris les élèves" qui ne sont pas nationalité française, précise-t-on au cabinet de Sarah El Haïry. "Dans le SNU, il n'y a aucun pass VIP, pas de coupe-file Disney. Les jeunes portent la même tenue, ils mangent la même chose, ils dorment dans les mêmes dortoirs", a lancé la ministre dans Europe 1 Soir jeudi.

Un appel à projets va être lancé "d'ici quelques jours et les établissements scolaires auront jusqu'à l'automne prochain pour y répondre", a-t-on ajouté. 

Le SNU a été lancé en 2019 de manière ciblée, avec l'objectif de le rendre à terme universel, donc généralisé et obligatoire. Il ne concerne pour l'instant que des jeunes volontaires (32.000 en 2022) et sa généralisation se heurte à de vives résistances. Le chef de l'Etat avait promis lors de ses vœux du 31 décembre de poser "dans les toutes prochaines semaines ou prochains mois les premiers jalons d'un Service national universel".

Les syndicats dénoncent un "passage en force"

Répondant aux critiques des syndicats, qui pointent notamment la perte de deux semaines de cours au profit du SNU, Sarah El Haïry assume proposer "une modalité nouvelle à une classe", dont il serait "dommage de se priver". Sophie Vénétitay, à la tête du Snes-FSU, dénonce "un passage en force". "Depuis des mois, la majorité des acteurs éducatifs expliquent que le SNU n'est pas la solution. Les enfants ont besoin d'école, pas de ce dispositif", a-t-elle ajouté. Cette annonce d'évolution du SNU est, selon elle, "la confirmation que l'école est bien au cœur du projet politique d'Emmanuel Macron".

Dans un récent communiqué, l'ensemble des syndicats de professeurs, de lycéens et la fédération de parents d'élèves FCPE dénoncent "le coût d'un gadget présidentiel déconnecté de la réalité". Un rapport du Sénat, publié début mars, recommandait de "surseoir" à la généralisation du SNU "au regard des incertitudes" du projet, notamment en termes de coûts, "probablement supérieurs à 2 milliards d'euros" par an.

Interrogé sur Europe 1 jeudi soir, la secrétaire d'État met en avant qu'il s'agit avant tout d'"une proposition de volontariat aux enseignants. Des enseignants qui portent le projet d'avoir une classe engagée pourront y prétendre. Il n'y a aucune obligation, ni pour les élèves, ni pour les professeurs (...). J'ai amélioré le projet grâce à l'intervention et la participation des organisations syndicales que je salue très amicalement", tient-elle à ajouter au micro d'Europe 1 Soir.