Adrien Taquet, secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance. 1:33
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Mathilde Durand , modifié à
L'association l'Enfant bleu a créé un personnage sur le jeux-vidéo Fortnite pour permettre aux enfants victimes de violences de discuter en toute confidentialité avec des bénévoles, pendant le confinement. Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de la protection de l’enfance, se projette, sur Europe 1 : "Nous devons réfléchir à comment investir ces plateformes pour que puisse s'y libérer la parole de l'enfant".
INTERVIEW

Pendant le confinement, l'association d'aide aux enfants maltraités l'Enfant bleu a développé, en collaboration avec l'agence Havas, un personnage dans le jeu-vidéo Fortnite. Avec près de 250 millions de joueurs, ce jeu connait le succès dans le monde entier, surtout chez les plus jeunes. Grâce à l'avatar créé par Enfant bleu, les enfants victimes de violences peuvent se confier, en toute discrétion et liberté, à des bénévoles de l'association mobilisés tous les jours. Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de la protection de l’enfance, salue sur Europe 1 une "initiative formidable" et la volonté "d'aller chercher les jeunes là où ils se trouvent."

Une réflexion sur les supports pour libérer la parole

"Pendant cette période de confinement, en particulier, on a essayé de les toucher sur les réseaux sociaux qu'ils utilisent par exemple, avec des opérations de communication sur TikTok ou Snapchat, et en allant sur les jeux-vidéo", explique Adrien Taquet. "Le jeu-vidéo est souvent l'univers de l'enfant dans lequel ne pénètrent pas les parents." Ainsi pour les victimes de violences, confinés avec leurs "agresseurs", la parole pouvait être libérée en toute confidentialité. 

Le personnage de l'association a été "ajouté en ami" près de 1.200 fois, avec 30% d'échange entre enfants et bénévoles. Un réel succès pour l'expérimentation de cette nouvelle interface de signalements, qui pourrait se perfectionner, voire généraliser. "Au-delà de Fortnite et de cette initiative, il y a tout un univers qui s'ouvre à nous sur les jeux vidéos, sur les forums de discussion, également très investis par les jeunes. Nous devons réfléchir à comment investir ces plateformes pour que puisse s'y libérer la parole de l'enfant. Il y a pleins d'endroits, de façon de faire". A la rentrée, "une task force" va être mise en oeuvre avec policiers, gendarmes, associations et les équipes du secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance pour réfléchir à des innovations en ce sens.

60 à 80% d'appels en plus au 119

Durant la période de confinement, les signalements pour des cas de violences familiales ont explosé. Les appels au 119, numéro de l'enfance en danger, ont augmenté entre 60 et 80%, souligne Adrien Taquet. "Il y a eu des suites très immédiates dans les situations les plus urgentes", précise le secrétaire d'Etat.

Adrien Taquet voit dans cette période l'occasion d'une prise de conscience collective. "Avec cette période de confinement nous sommes à un tournant où chacun de nous est en train de se rendre compte qu'il y a un sujet sur l'enfance maltraité dans notre pays. Je dois saluer la citoyenneté de chacun des Français, qui s'est révélée être une vigie pour la sécurité de nos enfants", souligne-t-il. "Oui, il faut que les parents maltraitants aient conscience qu'on ne peut pas se comporter de la sorte. Et il faut qu'il y a ait une prise de conscience collective. Il faut démultiplier les occasions d'en parler, démultiplier les points de contact avec les enfants susceptibles d'être victime de violences."

L'Aide sociale à l'enfance regroupe 350.000 enfants en France, rappelle Adrien Taquet. Environ la moitié de ces enfants sont "placés", "protégés" dans un foyer ou une famille d'accueil. Les autres enfants restent dans leurs familles, et bénéficient d'un accompagnement avec des travailleurs sociaux au sein du domicile.