Renault : le parquet de Paris demande un procès pour la fausse affaire d'espionnage

Le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de quatre personnes suspectées d'avoir escroqué Renault.
Le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de quatre personnes suspectées d'avoir escroqué Renault. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
En 2011, trois salariés de constructeur automobile avait été accusés de s'être livrés à de l'espionnage industriel avant d'être finalement innocentés.

Le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de quatre personnes soupçonnées à des degrés divers d'être impliquées dans la retentissante fausse affaire d'espionnage qui avait éclaté en 2011 chez Renault sur fond d'escroquerie au renseignement, a-t-on appris vendredi.

Espionnage industriel. A l'époque, trois salariés de Renault avait été accusés à tort de s'être livrés à de l'espionnage industriel avant d'être finalement innocentés. Le parquet demande un procès pour quatre personnes mises en examen dont deux ex-cadres de Renault affectés à la sécurité du groupe. Il appartient désormais au juge d'instruction de décider ou non de renvoyer ces protagonistes devant un tribunal correctionnel. L'enquête judiciaire a révélé que l'affaire avait été montée de toutes pièces sur des "mensonges et fabulations", selon les réquisitions du parquet datées du 21 octobre.

Des flux financiers. L'histoire commence avec une lettre anonyme adressée le 17 août 2010 à Renault dénonçant l'acceptation de pots-de-vins par des salariés occupant des postes-clés. La direction de protection du groupe avait alors confié une enquête à deux membres de son équipe, Marc Tixador, ancien policier, et Dominique Gevrey, ancien militaire. Leurs travaux "mettaient en exergue des flux financiers importants et anormaux sur des comptes ouverts dans des pays étrangers" et transitant par des sociétés-écrans, a relaté une source proche du dossier. 

Une source inexistante. Les informations provenaient d'une mystérieuse source en contact avec Dominique Gevrey, personnage-clé du dossier. Cette source n'a jamais existé, aux yeux du parquet. Le ministère public reproche à Dominique Gevrey d'avoir "trompé" la société Renault pour lui "soutirer" des fonds pour un montant de 318.640 euros en présentant des factures établies par des faux facturiers en règlement de prestations "inexistantes". Le parquet réclame son renvoi pour "escroqueries" et "tentatives d'escroqueries". 

Trois complices. Trois autres personnes se retrouvent également sous la menace d'un procès : un consultant dans la sécurité et ami de Dominique Gevrey, Michel Luc, pour complicité d'escroqueries et de tentatives d'escroqueries, soupçonné d'avoir émis des fausses factures à Renault. Les réquisitions visent également Marc Tixador, soupçonné de complicité et de recel de violations du secret professionnel. Il est reproché à ce dernier d'avoir demandé à un inspecteur des impôts en poste à la police judiciaire, Guy Louvel, de consulter un fichier confidentiel pour identifier les comptes bancaires des auteurs présumés d'espionnage. Le parquet de Paris demande qu'il soit jugé pour violations du secret professionnel.