Renaud ne se remet pas du décès de son jumeau : "Mon frère, c’était ma vie"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Cela va faire deux ans et demi que Renaud a perdu son frère jumeau, et il ne parvient toujours pas à surmonter son chagrin. Il ne veut pas en parler avec ses parents et ne se sent pas prêt à consulter un psychothérapeute. Il se livre au micro d’Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1 et raconte le manque de son frère.
TÉMOIGNAGE

Renaud a perdu son frère jumeau il y a deux ans et demi. Il ressent le besoin d’en parler, mais ne veut pas se tourner vers ses parents de peur de leur faire de la peine. Il dit également ne pas se sentir prêt à consulter un psychothérapeute. Il a donc choisi de confier son chagrin à Olivier Delacroix, au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, expliquant qu’il était plus facile pour lui d’évoquer le manque de son frère au téléphone.

"J’ai 29 ans. J’ai perdu mon frère jumeau il y a deux ans et demi. C’est très dur pour moi. J’ai été sous cachets pendant un an. Je ne m’en remettrai pas. Je ne m’en remettrai jamais. Il était diabétique. Il est sorti de ma chambre et il est tombé. Il a eu une crise cardiaque. C’est toujours très dur pour moi. On faisait tout ensemble, le sport, les études… On était techniciens, on avait le même boulot, on avait les mêmes amis. Du jour au lendemain, mon frère s’en va et c’est très compliqué.

Je ne sais pas à qui en parler. Je suis tout seul. Je ne peux pas en parler avec mes parents. Je ne veux pas leur faire plus de mal. J’ai peur de blesser mes parents parce qu’ils ont aussi perdu leur fils. Je n’ai pas envie de leur mettre quelque chose de plus sur le dos. Je garde tout pour moi, mais je vais finir par péter un plomb. Il me faut quelqu’un avec qui je puisse en parler.

" Je ne m’en remettrai jamais "

J’ai perdu mon frère, je n’ai plus rien à faire. Mon frère, c’était ma vie. Je n’ai pas voulu en parler à un psychothérapeute. Au début, il y a deux ans et demi, je ne voulais pas parler de ça. Je ne sais pas pourquoi je voulais tout garder pour moi. C’est la première fois que j’en parle. J’en ai marre de souffrir. J’ai tout perdu. On était vraiment proches, de vrais jumeaux. On n’arrivait pas à se séparer l’un de l’autre. Mon frère est tombé d’un coup et moi j’étais tout seul d’un coup. 

Ça fait deux ans et demi et je ne m’en remettrai jamais. Je n’ai même pas envie de m’en remettre, j’ai perdu mon frère jumeau. Je vois toujours mes amis, mais je vois qu’ils ont changé. Ils ne veulent pas parler de ça. Dès que j’entends le nom de mon frère sortir de la bouche de quelqu’un d’autre, même si c’est pour dire du bien, je pète un plomb. Ça me met en colère. Il n’y a que moi qui peut dire le nom de mon frère. Il n'y a que moi qui peut dire : "C’est mon Dylan, c’est mon frère". Personne ne parle de mon frère.

" Je vais trois fois par jour au cimetière voir mon frère "

Je suis maraicher bio. Dans mon métier, je suis juste avec mon patron, donc je suis seul dans mes pensées tout le temps. Je suis obligé de penser à mon frère. Je vais trois fois par jour au cimetière voir mon frère. Je souffre beaucoup. Je ne suis vraiment pas bien et je ne sais plus quoi faire. J’ai déjà fait un grand pas d’en parler à la radio. J’ai senti que j’avais besoin d’en parler, sinon j’allais péter un plomb.

Ça n’ira jamais mieux. J’ai envie d’être mal, parce que mon frère n’est plus là. Tout le monde me dit : "Ton frère ne voudrait pas que tu sois malheureux". C’est bidon. On s’en fiche de cette question. Mon frère est parti, point. Je n’ai plus mon frère, c’est ça la réponse. Je ne pourrai jamais aller voir un psychothérapeute. Je ne pourrais jamais parler en face à face. Je ne serai jamais prêt. Je sais que je ne serai jamais guéri de mon frère qui est parti.

J’en parle maintenant, parce que c’est au téléphone. Je ne vois personne, donc je peux en parler. Je suis timide. Je fais du handball. Je ne suis pas du tout la même personne au handball, parce que je connais tout le monde. Quand je ne connais pas la personne, il me faut un temps d’adaptation pour lui parler. Mon frère était moins timide que moi. Il parlait beaucoup plus que moi. Il m’entrainait avec lui. Il n’est plus là, donc je dois me débrouiller tout seul et je n’y arrive pas."