Des victimes des prothèses PIP forcées de rembourser : "Pour moi, c'est de la mafia"

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Marguerite Lefebvre, édité par T.M. , modifié à
Conforté par une décision de la cour d'appel, l'ex-certificateur de PIP cherche désormais à récupérer l'argent des indemnisations. Certaines victimes ont ainsi vu leurs comptes en banque bloqués.

Elles étaient des milliers à s'être fait implanter des prothèses mammaires défectueuses. Au cœur du scandale, le laboratoire PIP et son patron, Jean-Claude Mas, avaient été attaqués et condamnés. Mais plusieurs dizaines de femmes avaient également choisi d'attaquer TÜV, l'entreprise qui avait certifié ces prothèses. La société allemande avait alors dû indemniser ces plaignantes… Sauf qu'aujourd'hui, celles-ci doivent rendre l'argent qu'elles ont touché. Et la méthode est radicale.

"C'est le monde à l'envers". Deux ans après la condamnation du géant mondial du contrôle de qualité, la cour d'appel d'Aix-en-Provence est en effet revenue sur la décision du tribunal de commerce. Pour les juges, la société allemande n'y est pour rien dans cette affaire. Isabelle avait touché 2.600 euros en 2013, elle doit maintenant rembourser, de force ou de gré. "Ils m'ont fait une première saisie d'environ 500 euros sur mon compte courant et on m'a bloqué tous mes comptes où il y avait un tout petit peu d'économies : mon livret LEP, mon livret A… On m'a bloqué 11.000 euros !", enrage-t-elle sur Europe 1. "Pour moi ce n'est pas de la justice. Pour moi, c'est de la mafia. C'est le monde à l'envers".

Pour moi ce n'est pas de la justice. Pour moi, c'est de la mafia

Les victimes vivant à l'étranger pas concernées. Ce processus de restitution concerne au total une cinquantaine de femmes en France. Pour les victimes résidant à l'étranger – elles sont 1.600 en Amérique du sud, par exemple – il semblerait que l'entreprise TÜV ait renoncé à demander un remboursement. "C'est bien entendu inique, eu égard aux décisions de justice et par rapport aux autres victimes mondiales. Devoir rembourser aujourd'hui, avec les frais, les intérêts de retard, c'est effectivement une double peine", dénonce Me Lienhard Petitot, l'avocat d'une quarantaine de victimes françaises. Leur seul espoir, c'est désormais le passage devant la Cour de cassation. Prévu cette année, il pourrait à nouveau changer la donne.