Mario Stasi 8:07
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Aurélie Dupuy
Le directeur de la Licra aspire à ce que les auteurs de propos haineux sur les réseaux soient obligatoirement retrouvés via leur adresse IP. Une sorte de fin de l'anonymat.
INTERVIEW

Les réseaux sociaux sont finalement un grand bain asocial. Insultes, menaces de mort, propos haineux, racistes, homophobes ou encore sexistes envahissent les écrans. Pour contrer le phénomène de haine, le directeur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Mario Stasi, lance un signal d'alarme. Pour lui, il faut stopper le flot ininterrompu d'insultes. Quitte à ce que les tweets se fassent à visage découvert et les commentaires et les publications Facebook sans anonymat. Pour expliquer son point de vue, le directeur de la Licra était l'invité du Grand journal du soir sur Europe 1.

les "gilets jaunes", pierre à l'édifice de la libération de la parole. Au cœur de l'actualité, le mouvement des 'gilets jaunes' a charrié son lot d'insultes. "Cela participe de la libération sans retenue, sans empêchement, sans rigueur, sans dignité de la parole. Mon appréciation des 'gilets jaunes' est assez horrifiée sur ces débordements-là et justifie le coup de gueule qui consiste à dire qu'à côté de la liberté d'expression, il faut rappeler que le racisme est un délit."

Responsabiliser les hébergeurs... Selon Mario Stasi, les moyens légaux sont pour l'heure insuffisants pour se prémunir de cette haine sur les réseaux. Raison pour laquelle d'après lui, "le président de la République et le Premier ministre ont décidé de l'émission d'un rapport qui préconise toute une série de mesures qui vise à responsabiliser les hébergeurs". A l'instar du modèle allemand, l'idée serait d'exposer à une lourde amende tout hébergeur qui n'aurait pas supprimé des propos haineux signalés.

... Tout comme les utilisateurs. Le directeur de la Licra va plus loin et préconise la fin de l'anonymat sur les réseaux pour ne pas non plus oublier la responsabilité individuelle à côté de celle des hébergeurs. "Dans un pays de droit et de liberté d'expression, je ne vois pas ce qui justifierait cet anonymat qui permet à chacun de délivrer immondice sur immondice, cette parole libérée. La levée de l'anonymat, c'est faire en sorte que l'hébergeur ait l'obligation de donner l'adresse IP de celui qui s'exprime. Il faut la responsabilité des auteurs et des hébergeurs", insiste-t-il.