Les avocats de Willy Bardon ont tenté de démonter le dossier d'accusation. 1:28
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Lionel Gougelot, avec AFP, édité par Guilhem Dedoyard
Le sort de Willy Bardon, accusé du viol et meurtre d'Elodie Kulik en 2002 va être remis dans les mains des jurés et des magistrats. Après plusieurs jours de procès, ses avocats ont plaidé mercredi, cherchant à discréditer le dossier d'accusation. L'accusé a quelques minutes ce jeudi pour convaincre de son innocence avant les délibérations. 

Le procès de Willy Bardon arrive à son terme. L'homme accusé du viol et du meurtre d'Elodie Kulik en 2002 clame son innocence depuis le 14 juin devant la cour d'appel du Nord. Mercredi, ses avocats ont plaidé pendant plus de quatre heures. Ils ont souligné un dossier d'accusation qui n'est qu'un château de sable et des preuves qui n'en sont pas. Les trois avocats de Willy Bardon ont tout fait pour instiller le doute dans l'esprit des jurés.

Faire douter les jurés

D'abord, le doute sur l'enregistrement qui l'incrimine et la fiabilité des témoignages de ceux qui ont dit reconnaître la voix de Willy sur deux secondes de la bande son de l'appel d'Elodie Kulik aux pompiers au moment de son agression. Ensuite, le doute sur les ragots et les rumeurs qui ont brossé le portrait d'un prédateur sexuel potentiel. Le doute, enfin, sur une enquête déloyale, selon eux, qui a fabriqué un coupable idéal alors qu'aucun élément matériel, ADN ou empreintes digitales, ne permettait de le mettre en cause.

Plus tôt, la substitute générale Annelise Cau a affirmé que la salle d'audience résonne encore des gémissements d'effroi d'Elodie. L'accusation a requis mercredi une peine de 30 ans de réclusion criminelle, pour "viol en réunion, enlèvement et séquestration" suivis de la mort d'Elodie Kulik en 2002.

Ne pas céder à la "facilité de l'émotion"

Mais l'un des défenseurs de Bardon, Stéphane Daco, a néanmoins imploré les jurés de ne pas se réfugier derrière ce qu'il appelle la "facilité de l'émotion". "Bien évidemment, il y a de l'émotion. C'est normal et c'est compréhensible. Je l'ai dit, je ne peux imaginer un seul instant la douleur et la vie de Jacky Kulik au quotidien. Par contre, si on s'arrête à ça, si on filtre ce dossier au seul regard de la douleur des parties civiles, on s'égare, on s'éloigne et on risque de se perdre".

Willy Bardon aura encore quelques minutes à la reprise de l'audience, ce matin, pour tenter de convaincre qu'il n'était pas sur les lieux du crime. Son sort sera ensuite entre les mains des neuf jurés et des trois magistrats de la cour de Douai. En première instance, en 2019 devant les assises de la Somme, il avait été condamné à trente ans de réclusion pour les mêmes faits. Dès l'énoncé du verdict, il avait tenté de se suicider en ingurgitant un pesticide.