Pour le "calvaire" de Yanis, son beau-père condamné à 25 ans de réclusion criminelle

Le beau-père de Yanis a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle
Le beau-père de Yanis a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle © AFP
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Europe 1 avec AFP
Le beau-père de Yanis, mort à cinq ans lors d'une punition en février 2017, a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle, la mère écopant de quatre ans de prison dont deux avec sursis pour ne pas avoir empêché le meurtre.

Pour le "calvaire" infligé à Yanis, mort à cinq ans par une "triste nuit d'hiver" en 2017 lors d'une punition, son beau-père a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle, la mère écopant de quatre ans de prison dont deux avec sursis. Julien Masson, 34 ans, est resté impassible à l'énoncé du verdict le reconnaissant coupable du meurtre de l'enfant ainsi que de violences régulières à son encontre. Sa peine a été assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire avec injonction de soins. 

"C’est une décision que nous respectons évidemment" mais "qui ne correspond pas selon nous aux faits", a réagi un de ses avocats, Me Gabriel Duménil. "Notre client réfléchira à l’opportunité de former un appel", a-t-il ajouté. "Il avait témoigné d’un amour profond pour ce gamin et je pense qu’il y a quelque part une forme d’injustice", a aussi estimé pour sa défense Me Stéphane Daquo. 

Sa mère coupable de "non empêchement du crime"

La mère, Emilie Inglard, 26 ans, reconnue coupable de non empêchement de crime, sera placée pendant trois ans sous un régime de sursis probatoire. Son avocate, Me Fleur Bridoux, l'a dite "soulagée" par le verdict. Pour la nuit du meurtre, du 5 au 6 février, cette femme décrite comme passive et dépendante de son compagnon "a reconnu sa responsabilité" et "elle accepte la peine". Sans mandat de dépôt, elle va pouvoir "essayer de se reconstruire". 

"Je veux m’excuser, (...) Pardon pour tous ceux qui ont connu Yanis", a lancé Julien Masson, en larmes, avant que la Cour se retire. "C'est pas pour la peine" mais j'aimerais "qu'on accepte que j'ai pas voulu le tuer". Jugeant "l'intention d'homicide (...) caractérisée", l'avocat général, Patrick Leleu avait requis 28 ans de réclusion contre lui et cinq ans de prison dont 30 mois avec sursis contre la mère. Julien Masson ne "pouvait pas ignorer que les violences" infligées à l'enfant "auraient des conséquences mortelles", avait souligné le magistrat.

Il avait rappelé les "coups", la marche nocturne, "cette hypothermie grave" infligée à Yanis, immergé habillé dans le canal" proche du cabanon d'Aire-sur-la-Lys où le couple passait le week-end. Julien Masson avait fini par admettre, jeudi sa "responsabilité" dans une mort restant toutefois pour lui "accidentelle". Yanis aurait fait "plusieurs chutes"  et il l'aurait frappé d'un "coup de lampe" de poche. 

Une punition pour "avoir fait pipi au lit"

Selon l'enquête, il a quitté vers 0h30 le cabanon pour emmener l'enfant courir au bord du canal par une température de cinq degrés, pour le punir d'avoir fait "pipi au lit". A l’arrivée des secours, Yanis gisait sur une veste, en hypothermie et trempé, le corps couvert d'une trentaine de contusions, pour certaines anciennes. Selon l'autopsie, il a succombé à un traumatisme crânien consécutif à un impact violent. 

Quelques heures avant le drame, Yanis, avait dit à l'accusé vouloir retourner vivre chez son père biologique, a-t-il rappelé, soulignant que chaque jour, deux enfants "meurent de maltraitance en France". Au moment de délibérer, a conjuré Me Yves Crespin, avocat de l'association l'Enfant Bleu, "vous n'oublierez pas Yanis, l'un de ces enfants fantômes, qui passent sous les radars". Avocate d'Innocence en danger, Me Delphine Reynaud a salué un "verdict totalement juste".