Pollution d'une fromagerie de Lactalis en Isère : affaire renvoyée en mars

L'Étoile du Vercors, créée en 1942 et rachetée par Lactalis en 2011, dit transformer entre 46.000 et 58.000 litres de lait par jour en moyenne.
L'Étoile du Vercors, créée en 1942 et rachetée par Lactalis en 2011, dit transformer entre 46.000 et 58.000 litres de lait par jour en moyenne. © Capture d'écran Google Street View
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avec AFP
L'Étoile du Vercors, une laiterie qui appartient au groupe déjà épinglé dans le scandale du lait contaminé aux salmonelles, est suspectée de polluer depuis des années la rivière Isère. Le dossier a été renvoyé devant la justice au 11 mars prochain.

Le tribunal correctionnel de Grenoble a rouvert lundi les débats dans le dossier de la fromagerie L'Étoile du Vercors, propriété du groupe Lactalis, et renvoyé le dossier au 11 mars prochain.

Un délai plus long pour se conformer avec la loi. Cette décision fait suite à un jugement du tribunal administratif en date du 28 décembre 2018. Celui-ci annule un arrêté préfectoral de 2016 mettant en demeure la société Étoile du Vercors de se conformer avec la réglementation en matière de traitement de ses effluents dans un délai de six mois. La justice administrative accorde finalement un délai plus long de neuf mois à la société, à compter du jugement de décembre.

La fromagerie suspectée de polluer l'Isère depuis des années. Installée à Saint-Just-de-Claix, en Isère, la fromagerie est poursuivie devant la juridiction pénale, avec son ancien et son actuel dirigeants, pour "jet ou abandon de déchets dans les eaux superficielles" et "exploitation d'une installation nuisible à l'eau ou au milieu aquatique non conforme à une mise en demeure", ainsi que pour la contravention d'"exploitation d'une installation classée sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l'environnement". C'est la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) qui, d'abord, avait saisi la justice en 2017.

L'équivalent des eaux usées d'une ville de 8.000 à 10.000 habitants. L'Étoile du Vercors, créée en 1942 et rachetée par Lactalis en 2011, dit transformer entre 46.000 et 58.000 litres de lait par jour en moyenne, jusqu'à 100.000 litres en période de pointe. Elle emploie 147 salariés, et travaille avec 70 producteurs de lait. Entreprise de fabrication, d'affinage et de commercialisation de fromages (Saint-Marcellin, Saint-Félicien, fromages de chèvre), elle rejette depuis sa création ses eaux usées industrielles non traitées directement dans l'Isère. Cela représente l'équivalent des eaux usées d'une ville de 8.000 à 10.000 habitants au quotidien, mais en "très gras" selon Sylvain Traynard, de la DDT Isère (Direction départementale des territoires), et avec des "produits de désinfection".

En 2000, l'entreprise avait demandé son raccordement à la station d'épuration de la communauté de communes en construction, avant de souhaiter en 2014 construire sa propre station. Ce que lui avait refusé à quatre reprises la commune. Une position "incompréhensible et inadmissible", selon Lactalis.